Batna - Boumia

Mois du patrimoine, Imedghacen: Un des plus importants monuments berbères d'Afrique du Nord en péril



Mois du patrimoine, Imedghacen: Un des plus importants monuments berbères d'Afrique du Nord en péril




Sur le bas-côté d’un chemin communal reliant la localité de Boumia à la route Batna-Constantine se dresse, tant bien que mal dans une zone déserte, un des plus vieux monuments funéraires berbères d'Afrique du Nord, l'Imedghacen, dédié au roi Madghis, considéré comme un des plus importants ancêtres des tribus berbères.

Bâti au IVe siècle avant J.-C., le monument en pierre de taille se compose d'une base cylindrique d'un diamètre de près de 59 m, décorée de 60 colonnes doriques surmontées d'une corniche et d'un tronc de cône constitué de gradins qui lui donne un aspect de coupole.

Le mausolée comprend aussi trois fausses portes sculptées dans la roche ainsi qu'une chambre funéraire vide de toute trace d'ossements humains ou d'objets funéraires, probablement emportés par des pilleurs sur des générations successives.

Dans sa description du monument, l'historien égyptien Al Bakri (Xe siècle) rapporte pourtant la présence de beaux bas-reliefs qui décoraient le mausolée, représentant des animaux, aujourd'hui disparus. Une plateforme au sommet suggère la présence au sommet d'une sculpture décorative.

Aujourd'hui, tout ce à quoi renvoi ce monument, source de fierté s'il en est, s'effrite au vu de l'état de dégradation avancée de la sépulture, provisoirement soutenue par un ensemble d'étaiements en bois, eux-mêmes attaqués par les eaux de pluie dans cette région qui connaît de fortes précipitations.

Les intempéries conjuguées aux pillages ont fini par causer à la sépulture deux ouvertures béantes visibles sur les gradins qui forment le dôme. L'affaissement des pierres accentue l'infiltration des eaux pluviales à l'intérieur du tombeau — la tôle et la bâche qui couvrent le sommet s'avérant de piètres «solutions» contre les eaux de pluie —, alors que la corniche soutenue par les 60 colonnes s'effrite peu à peu, provoquant l'effondrement de pans entiers du mausolée.

Selon le directeur de la culture de la wilaya, contacté par l'APS, les travaux de restauration du mausolée d’Imedghacen devaient commencer au début de 2012. Sur place, rien n'indique cependant que des travaux soient en cours, a-t-on constaté.

Désert, le site est protégé par une modeste clôture et seul un panneau métallique d'information signale son existence.

Il existerait, selon des spécialistes, une dizaine d'autres tombeaux berbères enfouis sous terre dans un périmètre de 500 mètres, autour du mausolée royal, classé en 2012 par le World Monument Fund (Fond mondial des monuments) parmi les 100 sites dans le monde les plus en danger.

Entre restauration bâclée et efforts désespérés

Une opération de restauration entreprise, en 2006, par la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) de la wilaya de Batna à l'aide d'engins de démolition avait causé de graves préjudices au mausolée dont la structure a été ébranlée et le dôme endommagé.

L'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC) s'est saisi du dossier en 2012, avant d'élaborer une étude préalable à une opération de restauration du mausolée, parallèlement à une étude de protection du site, selon son directeur Abdelwahab Zekagh.

Devant le manque d'expertise algérienne, le directeur de l'Office préconise une «opération mixte», nécessaire, selon lui, pour en finir avec les opérations de restauration approximatives et non maîtrisées.

L'association «Les Amis de l'Imedghacen», qui se dit satisfaite de voir le site placé sous tutelle du ministère de la Culture, presse maintenant l'OGEBC d'engager concrètement les travaux de restauration.

De son côté, elle multiplie depuis de nombreuses années les activités culturelles à caractère pédagogique dans une tentative désespérée de sauver du péril le monument funéraire de l'auguste aïeul des Berbères d'Afrique du Nord.


Nadir HAMMOU (APS)




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