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Projection de La Famille de Merzak Allouache au festival d’Annaba du film méditerranéen Une comédie très peu hilarante



Publié le 29.04.2024 dans le Quotidien l’Expression

Malgré les bonnes intentions du réalisateur et le choix audacieux de sa thématique, le film n’a pas réussi à se hisser aux règles du genre en passant hélas, à côté…

Après avoir été déprogrammé pour des «raisons techniques» lors de la dernière édition du festival d'Alger du film engagé provoquant l'ire de son réalisateur, et le poussant même à son départ précipité en rentrant en France, alors qu'il était président du jury, le long métrage fiction El Aâya (La famille), de Merzak Allouache, a enfin été projeté en Algérie, soit, samedi dernier, dans le cadre d'une séance spéciale au festival d'Annaba du film méditerranéen, l'occasion pour ce festival de rendre hommage au plus prolifique cinéaste algérien, qui, vraisemblablement, a comme devise: « Ne perdons pas de temps, faisons des films!». Merzak Allouache qui parait revenir à de meilleurs sentiments était présent avec une bonne partie de l'équipe de son film, soit technique, avec le directeur photo Hamoudi Lagoune, et artistique dont les comédiens Hamida Aït el-Hadj, Abderrahmane Ikariouane, Nacer-eddine Djoudi, Nardjes Asli, Khaled Benaïssa et Mohamed Bendaoud... L'histoire se situe à Alger en 2019. Alors que le Hirak bat son plein et que l'espoir d'un changement politique profond souffle sur l'Algérie, Merouane, ancien ministre corrompu, et Khadidja, son exubérante épouse, n'ont qu'une idée en tête?: revendre leurs nombreux biens mal acquis et quitter le pays avec leur fille Sarah, avant que la justice ne les rattrape, car ils sont dans le collimateur et figurent sur la liste des gens interdits de sortie du territoire. C'est ainsi qu'ils décident de quitter le pays clandestinement. Cette tension nerveuse au sein de la famille, provoque des situations bien cocasses, les poussant à régler leurs comptes entre eux et se bagarrer.
Le film qui se veut être une comédie passe à côté du film du genre, malgré ses bonnes intentions.
L'audace thématique est là, mais le film est de facto bâclé. Le réalisateur l'a admis presque à demi-mot, puisqu'il a été tourné en quinze jours, dans la précipitation à cause de l'avènement de la crise sanitaire du Covid-19.
Hamida Aït El-Hadj qui tente de sauver les meubles de ce long métrage s'en tire à bon compte, mais la mise en scène, laisse à désirer et n'arrive pas à atteindre au final, le niveau d'humour escompté pour franchir le seuil de ce genre de cinéma dont on arrive bien à deviner les contours auxquels le réalisateur aspirait atteindre, en vain.
Les plans dans le désert sont beaux, certaines scènes sont drôles mais sans plus. Le réalisateur l'a senti dans la salle en voyant le public ne pas trop réagir ou interagir, autrement, rire mais très peu! Notons que le scénario de ce long métrage inspiré de faits réels est signé par Merzak Allouache et sa fille Bahia.
Le film de Merzak Allouache, a pour rappel, été sélectionné notamment par le Festival du film francophone d'Angoulême, en 2021. Depuis, Merzak Allouache aura eu le temps de tourner encore deux autres longs métrages. Lors du débat qui a suivi le film, le réalisateur d'Omar Gatlato dira « faire des films sociaux sur l'Algérie. Pendant le Hirak, j'observais, je voyais beaucoup de gens filmer, avec des téléphones et des caméras etc. C'était une période particulière, je me disais qu'il y allait avoir beaucoup de films qui allaient être réalisés. J'ai entendu des informations qui devenaient très importantes sur des fuites de gens, de ministres etc et des arrestations, j'ai donc écrit très vite mon scénario. C'est de la fiction, ce n'est pas un documentaire. Il y a effectivement des hasards et des coïncidences..» Et de souligner: « J'essaye d'être avec des personnages fictifs. j'ai eu la chance d'avoir Hamida Ait El hadj, une actrice exceptionnelle. je pensais que son personnage allait faire rire? mais non..» Cette dernière indiquera: « Il fallait travailler très vite. Il y avait le Covid. Merzak Allouache travaille toujours dans des règles bien précises. Trois semaines c'est trois semaines! On ne joue pas avec ça. Ce qui fait que c'est très fatiguant de travailler sous cette pression. J'ai eu une chance terrible car j'étais aidée par le coatch, Merzak Allouache m'a laissé un peu improviser. Mais ce qui est sûr, un film ce n'est pas un personnage mais tout les partenaires qui te donnent aussi». De son côté, Khaled Benaïssa, enthousiaste, a voulu d'abord remercier Merzak Allouache pour sa méthode de travail. «C'est un cinéma d'urgence. Il travaille certes, rapidement par ce que nous sommes dans une dynamique de faire des films d'urgence qui racontent une actualité. Ce que j'aime beaucoup dans le travail de Merzak Allouache, c'est qu'il ne laisse pas le temps du recul. Il fonce directement presque sans réfléchir! Il se passe quelque chose de très important. C'est pour cela que je considère que c'est le plus jeune réalisateur algérien, car il a l'énergie, la rapidité, le réflexe d'un grand auteur. Ce n'est pas un hasard s''il a filmé l'Algérie durant toutes les périodes de 1980, 1990, avec un regard particulier sur le terrorisme et post- terrorisme. Il peut faire des films à un millions d'euros comme il peut faire un film avec un million de dinars. Rien ne l'arrête
pour faire des films. Ca, c'est la leçon de Merzak Allouache. Personnellement, j'aime travailler avec Merzak Alloauche car il te montre combien est important le cinéma et le fait de faire des films en racontant l'Algérie et ça, on ne peut pas le lui enlever».

O. HIND



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