Annaba - ECONOMIE

Mittal Steel Annaba : Les gestionnaires indiens sur le gril...



Mittal Steel Annaba : Les gestionnaires indiens sur le gril...

Sollicité le 11 octobre dernier 2006 par la société Mittal Steel Annaba, le bureau d’études international Price Waterhouse Coopers (PWC) a présenté son diagnostic des activités du complexe sidérurgique d’El Hadjar.

L’impression d’ensemble qui s’en dégage est la nécessité « d’une réorganisation de la société par rapport aux normes et standards internationaux et mise en place d’organigrammes ». PWC formule aussi des remarques cinglantes sur les rôles et les responsabilités, les mauvaises conditions de travail, l’absence de fiabilité du processus de contrôle des présences, le niveau élevé d’improductivité, l’existence d’une pléthore des effectifs, l’insuffisance des fonctions supports. Ainsi le satisfecit affiché maintes fois par les responsables de Mittal Steel Annaba n’est pas mérité. Certes, la hausse constante du niveau de production est réelle depuis le 18 octobre 2001, date de la prise en main des installations de production par les Indiens, mais le constat des experts de PWC dénote que cette production aurait pu être meilleure. « … Des réserves de production à gagner estimées à 500.000 tonnes/an pour peu que les méthodes actuelles de travail en matière de gestion de la production et de la maintenance soient empreintes de rigueur et d’efficacité », soulignent-ils. Cinq recommandations sont émises par ces mêmes experts. Celle en tête de liste porte sur l’impérative nécessité de « réorganiser la société par rapport aux normes et standards internationaux et mise en place d’organigrammes ». Bon nombre d’observateurs ont estimé que cette recommandation pourrait signifier la fin de mission à Annaba de M. Sanjay Kumar, l’actuel directeur général de Mittal Steel Annaba. C’est dire que dans les prochaines semaines, le dossier Mittal Steel Annaba pourrait se transformer en un feuilleton économique et social. Beaucoup plus qu’il ne l’était précédemment avec les tentatives de sabotage des installations, le délestage de l’électricité et les différents vols de produits sidérurgiques. Dans leur analyse/diagnostic sur la gestion globale de la société, les experts de PWC n’ont épargné ni les gestionnaires indiens ni les cadres et travailleurs algériens. Durant cinq semaines, ces experts ont travaillé sur la base d’indicateurs clés appliqués dans le même secteur d’activité un peu partout dans le monde. Après avoir inspecté, investigué, vérifié, interviewé et collationné des chiffres et des lettres, ils ont présenté leur rapport aux managers de la société et aux représentants sociaux. Il s’agit en quelque sorte d’un réquisitoire suivi d’un verdict censé servir de base pour améliorer les performances de Mittal Steel Annaba. Ce rapport est la suite logique réservée à la charge légère lancée il y a juste une année à partir de Gleneagles (Ecosse) par Lakshmi Mittal, le PDG de Mittal Steel Company. S’exprimant devant 300 de ses proches collaborateurs dont l’actuel directeur général et 10 hauts responsables de Mittal Steel Annaba, M. Lakshmi avait souligné : « … Nous devons travailler collectivement pour améliorer notre performance dans tous les domaines clés. » Le diagnostic de PWC rendu public ces derniers jours est, en filigrane, une remise en cause de la gestion du complexe sidérurgique d’El Hadjar durant les cinq dernières années. Cela a suffi pour mettre en alerte maximale les gestionnaires indiens. Ce diagnostic devrait également imposer aux syndicalistes, encore sous le coup de l’euphorie d’une hausse constante de la production, de mettre un bémol à leurs discours triomphants. En fait, les experts de PWC avaient été sollicités pour rechercher les « hic » d’une gestion que l’on affirmait être une réussite en matière de partenariat entre le groupe algérien de sidérurgie Sider et son homologue indien Mittal Steel. L’actuel directeur général indien s’est retrouvé confronter à la réalité du terrain telle que constatée par les experts de PWC. Ces derniers ont relevé la défaillance du processus de contrôle des présences et un niveau élevé d’improductivité des employés regroupés dans un effectif pléthorique. A côté de ces deux constatations, beaucoup d’autres ont été démêlées par les mêmes experts. Ils ont ainsi souligné le flou caractérisant les rôles et les responsabilités, les mauvaises conditions de travail, l’absence de principes fondamentaux de maintenance et l’insuffisance des supports permettant d’atteindre un bon niveau des fonctions opérationnelles. C’est sur la base de ces constatations que la direction générale du groupe Mittal Steel basée à Londres s’apprêterait à tirer à boulets rouges sur ses représentants de Annaba. Les petits détails fournis dans la « lettre d’information » émise par Mittal Steel Annaba n’offrent qu’un mince aperçu des perles dont est truffé le diagnostic PWC. On y découvre aussi comment le personnel, même présent, n’est toujours pas opérationnel, l’inexistence des notions de responsabilité et de discipline, comment les compétences et connaissances des employés sont en dessous de la moyenne, que la notion du management est éludée par les gestionnaires au profit des aspects techniques de managérat, que les tableaux de bord du management ne sont pas standardisés et que les réunions bien que nombreuses sont longues, improductives et ne sont pas suivies d’effets. Pour les observateurs économiques, cette situation est le remake de celle vécue du temps du groupe algérien de sidérurgie Sider. Selon eux, ce remake implique qu’investissements étrangers ne riment forcément pas avec gestion exemplaire. Le diagnostic met également en relief une gestion administrative déréglée par une répartition imprécise des compétences. Au point où, pour préserver l’unité et la cohérence des activités et assurer un bon fonctionnement des installations de production, les analystes de PWC préconisent l’amélioration des systèmes actuels de planification et de gestion de la production, le renforcement de la maintenance préventive et celui qualitatif des prestations des structures supports et de l’utilisation rationnelle des effectifs. Côté syndicat, « il n’y a pas de quoi s’alarmer ». C’est en tout cas ce qu’a estimé M. Aïssa Menadi, le secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA de Sidi Amar et secrétaire général du syndicat de Mittal Steel : « Ce diagnostic doit permettre de situer les problèmes. Je signale que dans les 18 pays où des unités de production Mittal Steel sont implantées, Annaba et la Bosnie sont classées tout à fait au bas du tableau. D’ailleurs, aussitôt connu le diagnostic, les gestionnaires indiens ont entamé l’élaboration de l’organigramme que nous avons à maintes reprises demandé. En ce qui concerne le niveau de la production, notre complexe a réalisé des performances. Il va de soi que pour l’employeur, il faut toujours plus. »




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