Annaba - 01- Généralités

La conquête Arabe (7ème siècle)



La conquête Arabe (7ème siècle)
A l'aube du 7ème siècle, la péninsule arabique est un désert parsemé de quelques rares oasis. Elle est seulement parcourue par des tribus d'éleveurs et des caravanes. Sur le plan politique, cette région forme la marge de l'influence des deux puissances du moment : Byzance la chrétienne, et, plus à l'ouest, la Perse sassanide, qui pratique la religion (monothéiste) "mazdéenne" de Zarathoustra. Du point de vue religieux, la proximité du Sinaï de Moïse et de la Jérusalem de Jésus se concrétise par la présence, en Arabie, de chrétiens et de tribus juives. Les éleveurs arabes, quant à eux, pratiquent une sorte de polythéisme à base tribale. L'un de leurs sanctuaires les plus réputés se trouve précisément à la Mecque, une grande citée caravanière. Il y a donc place, dans ce contexte, pour un message monothéiste, qui serait spécifiquement adressé aux populations de culture arabe. C'est alors que, vers 610, quelque part au milieu de l'Arabie, non loin de la Mecque, un marchand du nom de Mohamed, alors âgé de 40 ans, reçut la première série des révélations, par l'intermédiaire de l'archange Jibril (Gabriel), qui le persuadèrent qu'il avait été choisi comme messager de Dieu. Il commença à répondre le message qui lui avait été confié à son entourage, à savoir qu'il n'y de dieu que "Allah". C'est ainsi qu'il invite ses compatriotes arabes à renoncer aux divinités coutumières pour ne plus adorer que le dieu unique et indivisible Allah. En 632, Mohamed meure et laisse en héritage aux arabes une religion commune, l'islam, et leur impose l'unité politique en même temps que l'unité religieuse. Mais bien qu'il ait eu plusieurs épouses, il ne laisse aucun fils survivant susceptible de lui succéder à la tête des croyants. Après sa mort la cohésion de la communauté arabe est donc mal assurée. C'est aux Khalifes (successeurs), que revient la tâche de guider les croyants : l'adhésion à l'islam implique l'appartenance à la communauté des croyants (Oumma) et la reconnaissance de l'autorité du Khalife. Mais de nombreuses tribus d'Arabie refusent de se soumettre, et il faut toute la détermination du Khalife pour endiguer les révoltes et prendre le contrôle de l'Arabie. En moins de dix ans (634-643), ils conquièrent la Syrie sur l'Empire byzantin, la Chaldée et l'Assyrie sur l'Empire perse, l'Egypte, autre province byzantine, et enfin la Perse elle-même. La conquête du Maghreb est conduite à partir de l'Egypte par petite vague à partir de 647. Mais des luttes de succession, obligent pour un temps les Arabes à mettre fin à leurs expéditions. Après l'assassina du 4ème Khalife Ali (656-661), Mouâwiya Ibn Soufiane affirme son autorité et s'empare du khalifat (661-680) et fait de Damas la capitale de la nouvelle dynastie des Banou Omayya (tribu Qoraychite). L'arrivée au pouvoir des omeyyades marque la reprise de la politique d'expansion. Les Arabes débordent alors de la péninsule arabique et se lancent, sabre à la main, à la conquête de "l'île du Maghreb" pour répandre le Coran et soumettre tous les peuples à la foie islamique. C'est au cours de cette seconde expédition que la Numidie orientale connut les premiers raids de l'armée arabe. Vers 666, les troupes de Mouâwiya, peu après leurs razzias à Djerba et Bizerte, déferlent sur Hippone. Protégée par de solides remparts et défendue par les forces byzantines, le siège de la citée fut de courte durée ; les Arabes ne la quittèrent qu'après l'avoir en parti incendié. Tandis que Berbères, Byzantins et Arabes s'entretuaient, Hippone eut à connaître un certain de regain d'activité du fait du débarquement d'une imposante garnison venue de Constantinople, renforçant à nouveau leur autorité sur l'ensemble du pays. La fondation de Kairouan, en 670, par Okba Ibn Nafî, marque définitivement l'installation des Arabes en Ifriqiya (la Tunisie et le Constantinois). Les soldats de l'islam semblent invincibles. Mais les Byzantins puis les Berbères commandés par le chrétien Koceïla, leurs opposèrent une vive résistance, et leur infligèrent de sévères défaites. De 681 à 682, Okba Ibn Nafî, de retour en Ifriqiya, entreprend la conquête de toute l'Afrique du Nord et au passage, il libère Kairouan précédemment occupée par Koceïla. Le prince berbère sera finalement battu et fait prisonnier aux environ de Tlemcen. Okba Ibn Nafî reprend sa chevauché jusqu'au rivage de l'Atlantique, où faute de territoire à conquérir il lance son cheval dans les flots jusqu'au poitrail et termine son expédition en prononçant ses fameuses paroles "Dieu de Mohamed, si je n'étais arrêté par les flots de cette mer, j'irais jusque dans les contrées les plus lointaines porter la gloire de ton nom, combattre pour ta religion et anéantir ceux qui ne croient pas en toi…". Vers 685, alors que Koceïla est parvenu à se libérer, Okba Ibn Nafî et son armée, de retour vers Kairouan, sont décimés par les forces du chef berbère près de Biskra. De nos jours on vénère le tombeau de Sidi Okba dans une oasis proche de cette ville. En 688, la compagne menée par Abdallah Ibn Zobeïr permet aux forces arabes de libérer Kairouan et d'abattre Koceïla. Les berbères chancellent mais ne sont pas encore battus. Quant aux byzantins, ils semblent éprouvés par les escarmouches arabes. Le sort de la Numidie est alors sérieusement compromis. L'heure parut donc favorable pour les indigènes de se débarrasser définitivement de la domination étrangère qui dure depuis plus de 7 siècles ; ils décident alors de prendre leur destin en main en s'opposant à l'occupation byzantine et à ces nouveaux conquérants venus d'Orient. Vers 690, dans les Aurès, la "prêtresse" judéo-berbère, nommée El Kahina par les Arabes (qui dériverait de Cohen qui signifie "prêtre" en hebreu), rassemblent ses troupes et organise l'ultime résistance. L'héroïque berbère vole de victoire en victoire, poursuit sa chevauchée guerrière et repousse les forces musulmanes jusqu'en Tripolitaine. Son souci d'une nouvelle invasion arabe pousse El Kahina vers la politique de la terre brûlée : selon l'historien Ibn Khaldoun (14ème siècle), tout fut dévasté, villages rasés, forêts incendiées pour décourager toutes convoitises ennemies. Vers 701, les forces arabes, renforcées par d'importantes unités commandées par Hassan Ben Naâmane, viennent à bout des troupes berbères aux environ de la ville d'El Jem, l'antique Thysdrus (sud-est de Kairouan). La tête d'El Kahina y sera tranchée et jetée dans un puis désormais appelé "Bir El Kahina" (selon d'autres sources, ce puis serait Bir El Ater au sud de Tebessa). Après la conquête définitive de Carthage depuis déjà 698, Hippone est d'abord réduite à servir de refuge aux Carthaginois puis sera finalement dévastée par les Arabes après avoir mit un terme à la résistance de l'autorité impériale. L'antique citée, agonisante, sera par la suite en partie restaurée et adaptée à un nouveau mode vie oriental. L'ex-Hippone la Royale, est alors rebaptisée par les Arabes "Médinet Seybouse" puis officiellement "Bouna", plus facile à prononcer que Hippone. Vaincues, certaines tribus berbères se convertissent et contribuent à leur tour à l'expansion de l'islam. Faut-il rappeler le contexte de l'époque où tous ces peuples subissaient le joug de l'empire Byzantin. La population indigène était traitée en sujet et n'avait aucune perspective de promotion sociale. Cette nouvelle religion ramenée par les conquérant arabes était perçu comme émancipatrice et libératrice. Ce qui expliquerait l'adhésion de ces peuples à l'Islam, malgré une féroce résistance au début. L'année 702 marque donc la victoire du croissant sur le Maghreb. Il ne fallut aux Arabes pas moins de sept expéditions successives pour consolider leur puissance en Afrique du Nord et soumettre ses habitants. Le nouveau gouverneur de Kairouan, Moussa Ibn Nossayr, nomme un Berbère auressien, Tariq Ibn Ziyed pour gouverner sur Tanger. Derrière, celui-ci, l'islam s'étendra vers l'Espagne et le sud-ouest de la Gaule. Les Baléares, la Sardaigne, la Sicile, la Corse et Malte passeront également sous domination musulmane. A partir du 11ème siècle, une seconde vague d'immigration arabe déferlera sur l'Afrique du Nord. En 1051, l'Emir Ziride (sunnite) du Maghreb central rompt avec son Suzerain Fatimide (shiite) du Caire ; celui-ci, en représailles, lâche sur l'Ifriqiya plusieurs milliers de bédouins et de chameliers nomades indésirables en Egypte, les Béni Hilal et les Béni Soleïm. Ces tribus occupèrent d'abord la Tunisie puis progressèrent vers le Maghreb central où ils devinrent maîtres des plaines. Ce flux migratoire se poursuivra au moins jusqu'au 14ème siècle. Selon Ibn Khaldoun, cette infiltration lente et sûre marqua surtout le début de l'arabisation proprement dite. Du 9ème au 15ème siècle, le Maghreb connaîtra alors la succession des dynasties musulmanes.


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