L’incendie qui s’est déclaré dimanche 28 janvier à 4h55 à l’unité Fertial, ex-complexe engrais phosphatés du groupe Asmidal Annaba, fait l’objet de nombreuses interprétations. Elles émanent de gens, entre techniciens, experts et universitaires, apparemment bien au fait des activités de ce complexe de production d’engrais phosphatés.
Initialement propriété du groupe Asmidal, le complexe de Annaba et celui d’Arzew passaient, le 4 août 2005, entre les mains du groupe espagnol industriel privé aux activités diverses, Villar Mir. Celui-ci prenait possession de 66% des actions de l’entreprise publique économique algérienne Asmidal. Il en était un des principaux partenaires depuis 1996 dans la production et la commercialisation des engrais. Ces aspects ont été pris en considération dans les propos des uns et des autres. Selon les explications fournies par le responsable du département de sécurité sur les causes probables de l’incendie, « il s’agirait d’une défaillance mécanique au niveau de l’engrenage d’accouplement ». C’est à partir de cette explication qu’ont été bâties les supputations sur un éventuel sabotage des installations. « Une catastrophe a été évitée de justesse. Le terme catastrophe est peut-être peu de choses comparé aux conséquences sur les vies humaines quand on sait qu’il y avait de l’hydrogène sur le lieu même de l’incendie », ont affirmé plusieurs éléments de la Protection civile. Leur intervention rapide et celle de la brigade de sécurité interne du complexe ont permis d’éviter le pire. En fermant la conduite d’amenée de l’hydrogène vers le compresseur central, cette brigade a énormément réduit les risques. Elle avait préalablement tenté de lutter contre le feu à l’aide d’extincteurs. C’est justement sur cette « catastrophe » évitée que l’on discute pour affirmer qu’il s’agit d’une tentative de sabotage d’une installation stratégique qu’est l’unité de production d’ammoniac. José Maria Estruch, directeur général de Fertial, avait beaucoup insisté sur cette installation lors de l’interview qu’il avait accordée au supplément El Watan Economie du 10 octobre 2006. N’avait-il pas affirmé : « Effectivement, tout est prévu pour la rénovation totale ou partielle des équipements de production. Pour ce faire, une enveloppe financière de 168 millions de dollars sera engagée. Nous envisageons également la réalisation d’une nouvelle unité de production d’ammoniac de 1 100 000 t/j pour un montant de 460 millions de dollars. Ceci ne nous empêche pas de veiller à maintenir les autres capacités de production en bon état de marche en veillant au strict respect des normes d’utilisation. » Ces deux opérations envisagées n’ont certainement pas été du goût de ceux, ici en Algérie et des deux côtés de nos frontières, qu’intéressent le marché algérien des engrais en constante croissance ces dernières années. Le directeur général de Fertial a abordé d’une manière très subtile cette question lorsque dans la même interview, il avait déclaré : « … Je tiens à dire encore une fois que nous sommes satisfaits du déroulement des opérations malgré les difficultés rencontrées au niveau de l’Agence nationale pour le développement des investissements. La réhabilitation de l’unité ammoniaque est de ce fait bloquée. » Ce qui donne un peu plus de consistance aux interprétations et aux supputations, y compris celles des travailleurs au bord de la crise de nerfs au moment de leur prise de poste ce dimanche. La déflagration du compresseur central d’hydrogène et celle de la conduite d’évacuation des gaz de l’unité ammoniac ont été entendues dans les cités avoisinantes de Sidi Salem, Seybouse et même dans la commune d’El Bouni. Pour circonscrire l’incendie, qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques, il a fallu 47 éléments, 2 médecins lieutenants et 4 officiers dont le chef d’unité de la Protection civile. Ils étaient appuyés de 16 engins mobiles de lutte contre le feu et de secours. Ces mêmes éléments sont arrivés à sauver d’une mort certaine un agent de la sécurité intérieure de Fertial évacué dans un état comateux au service des grands brûlés de l’hôpital Ibn Sina. Au titre des dégâts matériels : la destruction totale de l’atelier, du compresseur et de la turbine d’accouplement. Ce qui devrait entraîner un arrêt de plusieurs jours de cette installation de production de 900 000 t/j avec une importante perte financière qui s’élèverait à plusieurs millions de dollars. L’enquête aussitôt déclenchée par la gendarmerie du groupement de Annaba devrait mettre au jour les causes réelles à l’origine de ce grave sinistre.
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Posté Le : 30/01/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : A. Djabali
Source : www.elwatan.com