Annaba

Djamel Hamouda : un géant du théâtre algérien dans l’oubli Publié le 21.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie



Annaba, ville accueillante et coquette, est aussi l’une des plus grandes cités des arts et de la culture. Elle a vu naître et grandir en son sein de grandes figures artistiques et culturelles et de nombreux talents. Parmi eux, Djamel Hamouda, figure emblématique du théâtre algérien qui a marqué par son empreinte indélébile l’histoire du TR Annaba. C’est qu’il a donné à foison plus de 40 ans de sa vie au service du 4e art.
Cet immense Monsieur du théâtre est aujourd’hui alité, souffrant silencieusement et luttant seul contre une maladie qui le handicape et l’éloigne de son «oxygène» : le proscénium et le souffle bienfaiteur et salutaire du public. Confronté à une épreuve difficile, ce metteur en scène de renom, qui a marqué de son empreinte le paysage théâtral national, se trouve dans «une situation de santé critique», nous a confié son ami et compagnon, le réalisateur Aziz Choulah.
La vie artistique de Djamel Hamouda, faut-il le rappeler, est, et de l’avis des connaisseurs, généreuse, dense, riche et de grande et belle facture au théâtre comme au cinéma et à la télévision.
Il a joué dans quelque 16 pièces et 38 productions TV cinéma, entre feuilletons et films comme comédien et acteur. Djamel Hamouda est l’auteur de 22 pièces de théâtre. Sa première pièce El Firane écrite et présentée au TR Annaba en 1981 annonçait déjà la naissance d’un géant du théâtre algérien. Et 40 ans durant, cet immense et talentueux artiste fera vibrer les planches de toutes les scènes d’Algérie par ses belles et généreuses œuvres telles que Kahoua ouela Tey, Djanoub, Djamila, Ma Yebka fel oued ghir hdjarou ou l’inimitable et l’indétrônable Khabat kraou avec Hakim Dekkar, un one man show qui a franchi la barre des 800 représentations. D’autres travaux encore comme Mebni lil medjhoul et Hayat mouadjala, pièce au cours de laquelle le talentueux Tawfik Mimiche a tiré sa révérence, feront date.
Est-il nécessaire de nous rappeler ses pièces qui ont ému et captivé des générations entières. Djamel Hamouda, c’est avant tout un artiste passionné et généreux, un auteur-conteur hors pair qui, à travers ses œuvres, a sondé les tréfonds de l’humain pour mieux en exalter l’âme. Ses textes ont fait rire et réfléchir des générations entières de passionnés de théâtre. Ses mises en scène, souvent audacieuses et novatrices, ont contribué considérablement à enrichir le répertoire théâtral algérien.

Un appel à la solidarité nationale
Aujourd’hui, nous lançons un appel à la solidarité nationale. Ce grand, généreux et talentueux homme de théâtre a besoin de nous. Atteint d’une maladie grave, il nécessite des soins spécialisés qui ne sont visiblement pas disponibles à Annaba. Un appel urgent est lancé pour qu’il puisse bénéficier d’une prise en charge médicale dans une clinique mieux équipée à Alger ou alors à l’étranger.
Parce qu’au-delà de l’aspect médical, c’est toute une carrière et un héritage artistique qui sont en jeu. C’est aussi et surtout notre devoir de reconnaissance à l’égard de nos artistes et hommes de culture qui ne doit pas faire défaut quand ces derniers sont dans la difficulté, quelle qu’en soit l’origine. Il est temps de rendre hommage à Djamel Hamouda, de lui témoigner toute notre reconnaissance pour son immense contribution à la culture algérienne. «La mémoire, dit-on, est la permanence du savoir», subséquemment, les artistes sont les gardiens de notre mémoire collective. Ils sont ceux qui donnent un sens à notre histoire, qui nous aident à nous supporter, à nous réconcilier avec la vie. En soutenant Djamel Hamouda dans cette épreuve si éprouvante pour sa famille et pour ses proches, nous honorons non seulement un homme, mais aussi l’art, la culture et les valeurs qui nous sont chères.
Les autorités algériennes sont exhortées à venir en aide à Djamel Hamouda en mettant en place les mécanismes nécessaires pour lui permettre de bénéficier des soins dont il a besoin. Cet acte de solidarité serait un signe fort de la reconnaissance de l’État envers ses artistes, ses hommes et ses femmes de culture.
Lounis Yaou





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