Annaba - Autres sites et lieux historiques et touristiques


Annaba- Edough


1L’Edough est un petit massif littoral situé à l’ouest d’Annaba (Bône), qui culmine au Kef Saba à 1 008 m. Il fait saillie sur le littoral entre deux caps bien dessinés, le Cap de Garde à l’est, qui ferme la baie d’Annaba, et le Cap de Fer qui, à l’ouest du massif, délimite le golfe de Skikda (ex Philippeville)*.

2Comme tous les massifs côtiers de l’Algérie orientale, l’Edough est constitué d’un soubassement primaire cristallin en partie recouvert par les sédiments gréseux et parfois argileux du Numidien. Ces sédiments portent de belles forêts de chênes-lièges qui ont fait l’objet, depuis un siècle et demi, d’une intense exploitation dont les produits étaient exportés par les ports d’Annaba et de Tekouch (ex Herbillon). Les autres essences sont le chêne zéen et de rares châtaigniers dont on ne peut affirmer le caractère autochtone.

3Le littoral se prête mal à la vie maritime. Malgré un tracé tourmenté, les abris y sont rares et, en dehors des deux ports extérieurs d’Annaba et de Skikda, on ne peut citer que le petit port de Tekouch (ex Herbillon) qui vit de la pêche et plus aléatoirement des exportations de lièges et granites destinés au pavage des grandes villes d’Algérie. Ces granites de l’Edough étaient exploités dès l’Antiquité.

4Situé à proximité d’une ville importante, Hippo regius, future Bône, l’Edough fit l’objet, durant l’Antiquité, de citations diverses susceptibles de nous faire connaître son nom ancien. Historiens et archéologues ont proposé deux identifications : la première fut celle du Mons Pappua, ainsi nommé par Procope (Guerre des Vandales, II, 4, 26-28) qui nous décrit la dernière retraite du roi vandale Gélimer après qu’il eut été vaincu par Bélisaire. Ch. Courtois, favorable à cette identification, estimait que le nom de Pappua s’appliquait à la partie ouest du massif, celle qui se trouvait en Numidie puisque la frontière entre les deux provinces d’Africa (Zeugitane) et de Numidie traversait du nord au sud le massif. Or, précisément, Procope situe le mont Pappua en Numidie, ce qui avait été présenté comme un argument contre son identification avec l’Edough.

5Un autre nom, donné antérieurement trois fois par saint Augustin, s’applique peut-être aussi à l’Edough ; il s’agit du Mons Giddaba que certains auteurs avaient d’abord proposé d’identifier au Chettaba*, petit massif calcaire situé au sud-ouest de Constantine. La proximité du mont Giddaba et d’Hippone apparaît clairement dans les sermons et les épîtres de saint Augustin. Il dit, en parlant de cette montagne, Giddaba noster, et la mésaventure qu’il rapporte des malheureuses femmes giddabenses, vendeuses de bois attirées en ville où elles furent séquestrées avant d’être vendues comme esclaves, prouve que ce massif boisé était tout proche d’Hippone. On retiendra donc l’hypothèse de Ch. Courtois : le mont Pappua s’identifierait à la partie ouest de l’Edough, au voisinage de l’antique Tacatua (Tekouch : Herbillon) et on peut admettre que le Giddaba en est la partie est, la plus proche d’Hippone.

6Le massif de l’Edough est, comme la Petite Kabylie et la Péninsule de Collo, peuplé de Kabyles arabisés de longue date quant à la langue mais menant une vie sédentaire. Ces montagnards pratiquent un élevage de bovins qui paissent dans les clairières ouvertes dans les forêts de chênes. Les chèvres et les moutons apportaient des compléments (lait, chair et poil) à une agriculture pauvre (orge et sorgho dominant). L’habitat traditionnel était rudimentaire. Ces montagnards sédentaires ne construisaient pas de maisons en pierre comme les Kabyles, mais conservèrent longtemps le gourbi fait d’une carcasse de branchages de lentisque et d’autres arbustes colmatés d’un mortier d’argile et de bouse de vache. La couverture est en diss (spart, ligée). Ces conditions de vie traditionnelles, aujourd’hui en grande partie abandonnées, ne sont pas sans rappeler celles des Maures du Mont Pappua telles que les décrit Procope (II, 6, 10-23). Il en donne un tableau exagérément pessimiste correspondant au topos réservé aux Barbares africains.

7L’exploitation du liège, produit de faible valeur, n’a pas suffi à améliorer la situation économique de l’Edough. Les carrières de granite et d’ophite de la région orientale ne participent guère au développement du massif dont l’économie reposait sur une forte émigration saisonnière lorsque les vignobles des plaines de Skikda et surtout d’Annaba étaient florissants ; aujourd’hui cette émigration tend à devenir définitive dans la banlieue de la grande cité de l’Est algérien. Le massif de l’Edough a une autre vocation qui n’a guère été exploitée depuis l’indépendance de l’Algérie : son altitude, ses belles forêts (du moins ce qu’il en reste), le relief hardi des Kef Seba et sa côte sauvage sont autant d’éléments en faveur du développement du tourisme doublé d’une petite villégiature à partir d’Annaba. Celle-ci avait favorisé la petite bourgade de Bugeaud (aujourd’hui Seraïdi) qui est la seule agglomération de l’intérieur du massif, ailleurs dominent l’habitat dispersé et des hameaux.



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