Algérie

Zones d'ombre sur l'accession de l'Algérie à l'OMC



La question est devenue récurrente: l'Algérie a-t-elle vraiment envie d'aller vers une accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou ne fait-elle que semblant de négocier une adhésion qui devient de plus en plus ardue ? C'est un peu le gros des discussions qui ont eu pour cadre la grande salle de l'Assemblée populaire nationale (APN) hier avec une intervention très suivie du directeur général adjoint de l'organisation, M. Alejandro Jara. ‘'L'Algérie ne devrait pas rester en marge du système multilatéral mondial, mais plutôt assumer son rôle à la table des négociations de l'OMC'', a-t-il lancé à un parterre de hauts

responsables, de ministres et de députés. «L'Algérie devrait redoubler d'efforts et mener dès que possible à leur terme les pourparlers pour son accession à l'OMC», a estimé M. Jara lors d'une journée parlementaire organisée sur le processus de cette accession.

Le responsable de cette organisation multilatérale a souligné que de son avis ‘'une telle démarche profitera à l'ensemble des membres de l'OMC mais surtout à l'Algérie». Mais, il a prévenu que ‘'tout retard additionnel dans l'accession exposerait l'Algérie, vu l'accroissement du nombre des membres de l'OMC, à des négociations plus complexes». En fait, plus l'Algérie retarde son accession, plus ses négociations seront difficiles, avec le nombre croissant d'admissions au sein de l'organisation, a-t-il ainsi prévenu. Le processus d'adhésion à l'OMC est en lui-même complexe: pour qu'un nouveau membre soit accepté, il faut qu'il entame dans une première phase des discussions avec l'OMC sur son système commercial, douanier, ses tarifs, ses services, ses produits, etc. et dans une seconde phase avec les membres de l'organisation séparément sous forme de questions posées par chaque pays membre. Ce qui donne une idée de ce processus d'adhésion assez complexe, très lent et qui nécessite des rencontres très fréquentes entre experts des deux parties.

C'est en 1987, en pleines négociations sur le cycle de l'Uruguay Round que l'Algérie avait présenté sa demande d'accession. A cette époque, Européens et Américains s'étripaient sur le volet agricole, et la bataille mettait aux prises le groupe de cairns (principaux producteurs de céréales, dont les Etats-Unis, le Canada et l'Argentine) et les Européens, qui défendaient leur politique agricole commune (PAC) sur le front de la fin des subventions agricoles. L'accord a été conclu en 1993, une année avant la fin de la date butoir de ce cycle, et en 1994 à Marrakech est née l'OMC, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 1995. Mais, depuis, l'Algérie traîne les pieds. C'était en fait M. Mourad Medelci, actuel chef de la diplomatie algérienne, qui avait assisté en tant que ministre du Commerce à la fin de l'Uruguay Round à Marrakech, l'Algérie ayant alors un statut de membre observateur. A Partir de 1998, l'Algérie entre dans le cycle des discussions pour son accession à l'OMC, et les véritables négociations multilatérales et bilatérales reprenaient dès 2002. Depuis, elle a répondu à plus de 1.600 questions et participé à 10 rounds de négociations dont le dernier remonte à janvier 2008.

Pour autant, et éludant la question de la longueur de ces discussions dans le cas de l'Algérie, le directeur adjoint de l'OMC a admis que le temps nécessaire à cette accession différait d'un pays à un autre. «Chaque accession est unique. L'accession de la République de Kirghizie a duré moins de 3 ans tandis que celle de la Chine a pris plus de 15 ans», dira-t-il. Mais, depuis le début du processus de négociations, ‘'des progrès ont été enregistrés depuis 2005", a-t-il dit, rappelant que «5 accords bilatéraux ont été signés à ce jour alors que l'Algérie poursuit ses négociations avec une douzaine d'autres pays». Quant aux périodes de transition demandées par l'Algérie pour la mise en Å“uvre de certaines conditions de l'OMC, dont l'ouverture du marché des produits agricoles et de services, après la date d'accession, il a souligné qu'il «sera difficile d'obtenir de tels délais de grâce». Mais, selon M. Benbada, ministre du Commerce, l'OMC applique une ‘'politique du deux poids, deux mesures'' dans ses négociations avec l'Algérie, en lui imposant des conditions qu'elle n'a pas préconisées pour d'autres pays. Bref, le chemin de l'accession de l'Algérie à cette institution de Bretton Woods est encore long. Et, si l'on écoute encore les experts et négociateurs algériens, il en sera encore plus, car ‘'l'Algérie n'a rien à mettre sur le marché international, et risque de devenir un dépôt des invendus des autres''. L'OMC compte actuellement 153 membres qui représentent 90% du commerce international.




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