ZONES D'OMBRE ET ZONES NOIRES

On observe une tendance mondiale de plus en plus affirmée malheureusement prise à revers par les Algériens. Une démonstration dénotant par faits et preuves que le pays est en retard sur l'évolution du monde et les voies que prennent les hommes. Ici et là, dans des contrées les plus lointaines comme les plus proches, des populations nombreuses s'appliquent à donner un sens nouveau à la vie et sont en passe d'en finir avec les contraintes de ce que l'on supposait être le bonheur et les douceurs de l'urbanité.Elles fuient l'étouffement des villes et l'énorme densité des cités pour nouer avec le grand air pur des campagnes et redonnent une définition nouvelle et heureuse à la marche du temps.
Il ne s'agit pas du tout de vieux retraités en mal de calme et d'oxygène, mais bien d'un nombre pléthorique de jeunes réfléchis, avec un savoir-faire, décidés à changer de vie pour s'adapter à l'implacabilité et à la multiplicité des détours qu'imposent les travers existentiels de l'humanité.
Plus terre à terre et dans la précipitation irréfléchie, la société algérienne s'engouffre sans aucune retenue dans l'énorme piège des méfaits de l'urbanité saoulée par les mirages de la modernité.
Il y a bien sûr des explications historiques objectives au phénomène de l'exode rural qui a infléchi une ruée vers les villes s'identifiant comme une revanche sur le colonialisme. Mais le phénomène de l'urbanisation incontrôlée n'est pas une particularité algérienne. Les flux et les exodes ont depuis la nuit des temps été un ADN des hommes.
C'est dans le reflux avec une intelligence conséquente que résident cependant leur dextérité et leur capacité de s'adapter aux exigences du temps.
Intégrant la locution dans le vocabulaire officiel, on parle aujourd'hui avec insistance de zones d'ombre. La définition ombragée que l'on lui donne, même si elle est empreinte de sincérité et d'objectivité, est susceptible de voiler le potentiel fabuleux que recèlent plus des trois quarts du territoire du pays délaissés.
A trop se méprendre sur l'intitulé et la consistance des zones d'ombre en magnifiant le béton, on participe à transformer en zones noires les grandes agglomérations.