Algérie

Zone industrielle d'Es Senia (Oran) : Un site en déperdition



Le virage libéral opéré après 1988 a entraîné d'abord la déstructuration du tissu industriel public puis l'abandon de la gestion des zones. Les entreprises privées devenues majoritaires avec l'implantation de nouvelles entités déplorent aujourd'hui la dégradation inquiétante des espaces communs (éclairage, voirie, assainissement) et des services (transport, téléphone, sécurité).
Le constat est le même depuis plus de 10 ans et les solutions préconisées n'ont pas eu les effets escomptés faute de suite dans les idées et les expérimentations se poursuivent. «Un diagnostic a été établi, les problèmes sont réels et c'est pour cela que les pouvoirs publics ont décidé de réhabiliter les zones industrielles», atteste un chef de service à  la direction de la PME et de l'industrie, nouvelle administration tutelle (après la direction des mines) citant un programme national en cours. Seulement, voilà, pour la wilaya d'Oran, c'est la zone industrielle de Hassi Ameur, située à  l'Est, qui a été choisie. L'étude relative à  ce projet a été faite et il ne reste plus qu'à sélectionner l'entreprise qui se chargera des travaux pour un budget dégagé et estimé à  400 millions de dinars. La zone d'Es Senia, subdivisée en trois sous-espaces, en fonction de son extension dans le temps, est pourtant l'une des premières à  avoir été créée à  l'échelle du pays avec Oued Semar à  Alger.  Sa partie la plus ancienne nécessite actuellement un traitement spécifique, car elle est entièrement intégrée dans le tissu urbain du groupement d'Oran. Pour le reste, les problèmes de viabilisation altèrent l'attractivité du site et handicapent sérieusement les entreprises déjà existantes. «Nous sommes contraints de faire avec les moyens de bord», déplore la gérante d'une entreprise spécialisée dans l'industrie caoutchoutière. «Il n'y a pas si longtemps, nous sommes restés six mois sans téléphone», ajoute-t-elle pour mieux illustrer l'ampleur de «la catastrophe». Les anciennes zones délaissées, les nouvelles ne voient pas le jour Souvent évoqué comme excuse, le vol des câbles téléphoniques, une réalité à  Oran, ne peut pas expliquer à  lui seul les perturbations parfois excessives du réseau de communication qui perturbe notamment le travail des sociétés d'impression, contraintes de recourir à  des solutions intermédiaires (sans fil) pas toujours efficaces pour contourner le problème. La zone est pourtant dotée d'une société de gestion (SGI) mais celle-ci n'a pas réussi à  rentrer dans les bonnes grâces des opérateurs qui ont fini par perdre espoir. «Au début nous y avons cru et nous nous acquittions régulièrement de nos taxes, mais, comme nous n'avons rien vu venir, nous avons décidé de cesser les payements», déclare-t-on à  ce sujet.  La société en question a réalisé quelques travaux, mais, dans l'ensemble, elle n'a pas réussi à  convaincre les concernés. Auparavant, au tout début des années 2000, résultat d'une réflexion et d'un débat de fond initié localement, une expérience pilote a été tentée. Elle consistait à  créer une société par actions pour faire en sorte que ce soit les opérateurs eux-mêmes qui prennent en charge la gestion de la zone. C'est ainsi que la SOGES a vu le jour grâce aux premiers actionnaires (la quotepart était fixée à  50 000 DA). En accord avec le wali de l'époque, des locaux ont été attribués et un terrain a été cédé pour aménager, dit-on, une infirmerie, une cantine, etc. Cette société n'a pas eu le temps de faire ses preuves et a été dissoute avec le retour de l'Etat et, dans le sillage des ex-SGP (Société de gestion des participations) en charge du foncier industriel, l'installation de ces SGI (société de gestion immobilière). Aujourd'hui, avec l'Aniref (agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière) sous tutelle du ministère de l'Industrie, de la PME et de la promotion des investissements, les pouvoirs publics semblent plutôt se concentrer sur le projet ambitieux de création de 36 nouvelles zones industrielles, dont (pour Oran) celle prévue à  Bethioua (500 ha). Les changements de politiques et de tutelles ne favorisent pas, du moins dans un avenir proche, une prise en charge effective et durable des anciennes zones comme celle d'Es Senia. Quand bien même, en attendant son tour, celle-ci sera réhabilitée, le problème de sa gestion ne sera pas pour autant résolu.           


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