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Zone euro : La BCE laisse ses taux inchangés, devrait tenter de rassurer



Zone euro : La BCE laisse ses taux inchangés, devrait tenter de rassurer
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé, avant-hier, son principal taux directeur inchangé à 0,50%, soit le plus bas niveau de son histoire auquel il a été porté en mai, alors que la crise politique au Portugal a conduit à un regain de tension sur les marchés financiers.Cette décision était attendue par les analystes, qui ne tablent pas non plus sur de nouvelles mesures exceptionnelles anti-crise de l'institution monétaire de Francfort ce mois-ci.
"Une nouvelle fois, aucune action n'est attendue (de la BCE) mais étant donné que ressurgissent des inquiétudes sur les dettes souveraines, notamment du Portugal, la conférence de presse (suivant la décision) devrait être agitée", estimait Lee McDarby, analyste de Spreadex. La crise politique portugaise a fait grimper les taux d'emprunt de ce pays des derniers jours, et chuter les places boursières européennes mercredi. Jeudi, les dirigeants portugais menaient des tractations pour sauver le gouvernement, alors que l'Europe et les marchés financiers redoutent des élections anticipées. Celles-ci pourraient signifier un renoncement par Lisbonne, sous aide internationale, à l'austérité destinée à rétablir ses comptes mais qui est très largement contestée par sa population.
"La BCE ne va, selon toute vraisemblance, pas répondre aux tensions nées de la crise politique au Portugal", en tout cas tant que cela ne débouche pas sur une contagion à d'autres pays, estiment toutefois les économistes de Crédit Agricole CIB.
En revanche, Mario Draghi va tenter de "rassurer les banques et les marchés sur le fait qu'il y a un consensus (unanime') à la BCE en faveur d'une politique monétaire accommodante", estime aussi Christian Schulz, économiste de Berenberg.
La semaine dernière, M. Draghi et plusieurs autres responsables de la BCE avaient déjà multiplié les déclarations pour laisser entendre que la BCE n'était pas la Réserve fédérale américaine qui, elle, envisage un retrait progressif de ses mesures de soutien si la situation économique continue de s'améliorer aux Etats-Unis.
La fin d'une politique monétaire accommodante "est encore lointaine", avait ainsi affirmé Mario Draghi tandis que Benoît Coeuré, membre du directoire de l'institution monétaire de Francfort, avait affirmé qu'"un renversement de tendance (concernant la politique monétaire) ne serait pas justifié au regard des conditions économiques actuelles".
"Une sortie des politiques accommodantes est inévitable à un certain moment dans l'avenir. Mais les banques centrales vont prendre garde de ne pas étouffer les signes d'une reprise économique des deux côtés de l'Atlantique trop tôt", souligne Christian Schulz.
Et si les récents développements économiques aux Etats-Unis peuvent justifier la position de la Fed, "la zone euro a encore vraiment clairement besoin d'un soutien de la politique monétaire", estime Jennifer McKeown, de Capital Economics.
Les indicateurs économiques et de confiance se sont certes améliorés récemment - comme en atteste entre autres l'indice d'activité PMI publié mercredi qui laisse entrevoir un retour à la croissance fin 2013 - mais le sursaut reste "fragile", estime Carsten Brzeski, tandis que le chômage ne cesse de franchir des records dans la région.

Maintenir les taux bas, selon Draghi
Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, a déclaré que sa politique monétaire resterait accommodante "aussi longtemps que nécessaire", s'engageant à maintenir ses taux à leur niveau bas actuel, voire à les baisser encore.
"Notre politique monétaire restera accommodante aussi longtemps que nécessaire", a déclaré l'Italien dans son discours introductif.
En outre, "le conseil des gouverneurs escompte que les taux directeurs de la BCE restent à leur niveau actuel ou plus bas pour une période prolongée", a-t-il ajouté, se refusant toutefois à donner plus de détails concernant cette "période prolongée".
Souhaitant apparemment enfoncer le clou, il a ajouté que "la sortie (de la période actuelle où les taux principaux sont à un niveau historiquement bas) est très loin". D'un côté, les récents indicateurs de confiance ont montré des signes d'amélioration, a souligné M. Draghi. Mais l'économie réelle reste "faible" et la dynamique monétaire "modeste", a-t-il poursuivi pour justifier le maintien de cette politique.
"Au cours de la période à venir, nous allons étudier toutes les informations concernant les développements économiques et monétaires et évaluer tout effet sur la perspective de stabilité des prix", a-t-il déclaré.
L'institution monétaire européenne a décidé jeudi de laisser son principal taux directeur inchangé à 0,50%, soit le plus bas niveau de son histoire auquel il a été porté en mai. Cette décision était attendue par les analystes, qui prévoyaient que M. Draghi tente de rassurer les marchés en paroles davantage qu'en actes ce mois-ci. Opération qui semblait réussie, les Bourses européennes prenant plus de 2% après ces propos.
Le Portugal est entre des "mains sûres", affirme Draghi
Le Portugal est entre des "mains sûres", a déclaré M. Draghi, interrogé sur la crise politique que traverse le pays qui a provoqué un regain de tensions sur les marchés financiers.
Ce pays "a obtenu des résultats très remarquables, voire exceptionnels, on doit lui en faire crédit, et en particulier à son ministre des Finances Vitor Gaspar qui vient de démissionner", a-t-il dit. Quant à la nouvelle ministre des Finances, Maria Luis Albuquerque, il s'est dit "rassuré": "le Portugal est entre des mains sûres".
Sur fond de contestation de la politique d'austérité, le Portugal, sous plan d'aide internationale depuis 2010, est rentré dans une vive crise politique avec la démission d'abord de M. Gaspar, suivie de celle du ministre des Affaires étrangères Paulo Portas, pour l'heure refusée par le Premier ministre Pedro Passos Coelho.
Jeudi, les tractations politiques se poursuivaient pour sauver le gouvernement, après avoir depuis le début de la semaine soufflé un vent d'inquiétude sur les marchés financiers et provoqué une hausse des taux d'emprunt du pays. M. Draghi n'a pas répondu à une question sur une éventualité que le Portugal bénéficie du programme de rachat de dettes d'Etat (OMT) de la BCE, dévoilé en septembre 2012 pour lutter contre la crise mais encore jamais utilisé. "Les conditions de l'OMT sont connues", s'est-il contenté de dire.

Reprise de la croissance très progressive d'ici fin 2013
La zone euro devrait être sortie de la récession au printemps, mais la reprise de la croissance ne sera que très progressive d'ici la fin de l'année, selon des prévisions publiées par des instituts français, allemand et italien.
Après un début d'année encore marqué par une contraction de l'économie, alors que l'Insee français, l'Ifo allemand et l'Istat italien tablaient il y a trois mois sur une stagnation, ces instituts de conjoncture confirment leur prévision d'une croissance de 0,1% au deuxième trimestre et de 0,2% au troisième. Dans leur première estimation pour le dernier trimestre de 2013, ils pronostiquent une reprise qui commencerait à prendre un certain élan, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) de 0,3% par rapport au trimestre précédent.
"L'amélioration progressive des exportations et le léger rétablissement de la demande intérieure au second semestre permettraient une reprise de l'activité", estiment-ils dans un communiqué. "Cependant, la consolidation budgétaire et la poursuite du désendettement du secteur bancaire dans plusieurs pays de la zone euro continueraient de peser sur la croissance", ajoutent ces instituts dans leur "Eurozone Economic Outlook" publié chaque trimestre. Selon ces prévisions, le marché du travail restera en outre "fortement dégradé" d'ici la fin de l'année.


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