Revenons au Maroc et poursuivons l’exposé de ces curieuses confréries issues des Chadelïa, qui semblent être autant d’églises, de chapelles distinctes destinées à abriter les principes de l’école mère.
Dans l’Extrême-Sud, entre le Tafilelt et l’oasis de Figuig, s’élève la zaouïa de Khenatza édifiée sur le tombeau du fameux El-Hadj-Mohammed ben A’bderrahman ben Bouzian fondateur de la confrérie des Zianïa.
La biographie de ce chérif thaumaturge est analogue à celle de tous les saints musulmans du Maghreb. Son existence s’écoule au milieu des prodiges et des visions extatiques, et les miracles nombreux qu’on lui attribue se ressentent, naturellement, du milieu où il a vécut Semblable aux Chorfa qui, au XVIIe siècle, allaient dans les steppes sahariennes fonder des établissements religieux et faire du prosélytismes tout en embellissant, par des plantations, ces lieux arides, Mouley-Bouzian se signale à ses coreligionnaires par son esprit conciliant, ses grandes vertus de piété et de charité. C’était un chérif philanthrope qui ne devait point tarder à acquérir un prestige considérable dans ces pays éloignés de tout gouvernement régulier et où la loi du plus fort remplaçait celle du juste.
Né vers le milieu du XVIIe siècle à l’embouchure de l’Oued-Dra’a, il fut élève de nombreux professeurs en renom et, notamment, du nommé Mobarek ben A’bd-el-Aziz, moqaddem des Nacerïa, qui l’initia aux doctrines des Chadelïa. Ce fut donc un apôtre de l’enseignement d’Abou-Hassan-Chadeli, et la chaîne mystique qu’il laissa à ses disciples est celle de la confrérie mère ; mais au-dessus des pratiques mystiques et de la science spiritualiste, il plaça l’amour du prochain qu’il légua à sa descendance comme le principe fondamental de sa tariqa. Ce principe Se dégage, avec clarté, des recommandations spéciales suivantes, que les dignitaires de la confrérie des Zianïa transmettent, de génération en génération, à leurs adeptes.
Posté Le : 01/01/2009
Posté par : hichem
Ecrit par : OCTAVE DEPONT et XAVIER COPPOLANI, LES CONFRÉRIES MUSULMANES. 1897.
Source : www.algerie-ancienne.com