Algérie

Zawahiri invite l’ex-GSPC à tuer les ressortissants français et espagnols



L’appel au meurtre d’Al-Qaïda Une année après avoir appelé le GSPC, à l’occasion de son allégeance à Al-Qaïda, à devenir «une épine dans la gorge de la France», Aymane Zawahiri a réitéré, avant-hier, dans un enregistrement vidéo, cet appel en l’élargissant à l’Espagne. Cette fois, il ne s’agit ni plus ni moins que de «rétablir l’Andalousie», une «mission» qui, selon lui, «incombe à la Nation islamique en général» mais «plus particulièrement à celle du Maghreb». Pour y parvenir, il s’agit d’abord, à ses yeux, de «débarrasser» cette région «des enfants de la France et de l’Espagne, qui sont revenus après le sacrifice du sang de vos pères et de vos grands-pères, versé pour les expulser». La «loyauté» envers ce sacrifice commande, selon le numéro 2 d’Al-Qaïda, à soutenir, aujourd’hui, «les moudjahidine contre les croisés et leurs enfants». La référence à l’Andalousie relève de la pure rhétorique d’autant que l’Espagne, déjà attaquée, hier, pour sa présence en Irak, continue, aujourd’hui, d’être ciblée pour avoir compté, à une certaine époque, des régions de son territoire dominées par une longue présence musulmane. L’arrière-pensée du message est de braquer les terroristes originaires de l’Algérie et du Maroc contre les deux pays européens les plus proches par la géographie et l’histoire avant de généraliser cette guerre contre l’étranger de manière générale. Les «moudjahidine» dont il est question dans la vidéo, même si leur organisation n’est pas expressément désignée comme ce fut le cas de l’appel du 11 septembre de l’an dernier où le GSPC avait été nommément cité, sont ceux de cette même organisation, officiellement devenue la branche maghrébine d’Al-Qaïda depuis janvier dernier. Il faut dire que, contrairement aux appréhensions qui ont plané à la suite de cet appel, faisant craindre de sérieux risques d’attaques du GSPC en France, il n’y a rien eu (heureusement) jusqu’à l’heure actuelle. Et c’est sans doute que, s’étant rendu compte qu’il a placé la barre trop haut en surévaluant les possibilités du GSPC en pensant qu’il pouvait se déployer aisément en France, que cette fois Zawahiri attend de lui qu’il s’attaque à la France non pas sur son territoire mais à travers ses «enfants» dans les pays mêmes du Maghreb. Cette nouvelle orientation, telle qu’elle a été formulée, est à lire, cependant, au deuxième degré. Car telle qu’elle a été énoncée, elle véhicule un double sens. Sa première signification reste celle, toute explicite, de s’attaquer aux ressortissants des deux pays européens dans les pays du Maghreb et les Français surtout du fait de leur nombre plus important que les Espagnols. La date même de la diffusion de la vidéo de Zahawiri (le 20 septembre) a coïncidé, jour pour jour, avec le premier assassinat des premiers ressortissants français par le terrorisme en Algérie. C’est en effet un 20 septembre 1993 qu’ont été assassiné par le GIA deux géomètres français dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès, Emmanuel Didion et Francis Barthelet. Le mois d’octobre de cette même année 1993, ce sont des agents consulaires français qui ont été enlevés et libérés avec un ultimatum adressé à tous les étrangers de confession non musulmane du quitter l’Algérie dans un délai d’un mois. A son expiration, la reprise des attentats a commencé par l’assassinat dans la wilaya de Médéa, le 2 décembre 1993, d’un ressortissant… espagnol. S’agit-il de pur hasard qu’il y ait autant de coïncidences? Ce qui est certain, c’est que c’est le scénario de l’histoire du GIA avec les étrangers qui est en train de se dessiner donnant ainsi une deuxième signification à l’appel de Zawahiri. Comme pour le GIA avec son braquage contre la France qui n’a été qu’un prétexte pour s’attaquer d’une part aux étrangers de manière générale y compris ceux de confession musulmane et, d’autre part, à différentes catégories de la population algérienne, considérées comme des «enfants de la France». Car par «fils de la France», autant dans la formulation de Zawahiri que dans celle du GIA et même celle du FIS et autre AIS, il n’est pas désigné nécessairement les citoyens français mais aussi et surtout les dirigeants algériens accusés d’être alliés et à la solde de la France et de manière générale tous les Algériens modernistes qui sont qualifiés d’«occidentalisés». Ainsi l’appel de Zawahiri de s’attaquer à la France et ses «enfants» pour explicite qu’il puisse paraître, est en fait un appel au meurtre contre les étrangers de manière générale et aux civils algériens qui, jusque-là, n’étaient pas une cible prioritaire de l’ex-GSPC.


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