Algérie

Zaouia de Sidi Mansour



Zaouia de Sidi Mansour
La zaouïa Sidi Mansour Ajennad de la commune de Timizart (daïra de Ouaguenoun), à 30 km au nord de Tizi Ouzou, est en passe de prendre la dimension de mère des zaouïas de la wilaya, voire de l'Algérie, tant le sérieux et l'enseignement du Coran en son sein à des générations de tolba (étudiants) est érigé en exemple.Sidi Mansour, nom que porte cette zaouïa, est un «savant» venu, il y a quatre siècles environ (vers 1618), de l'est de la Kabylie, indiquent les membres de l'association religieuse de la zaouïa, se basant notamment sur une brochure de l'écrivain et professeur Si Amar Boulifa, intitulée Le Djurdjura à travers l'histoire - Depuis l'Antiquité jusqu'à 1830 - Organisation et indépendance des Zouaoua.Dans cette région et au fil du temps, Sidi Mansour est de plus en plus apprécié, faisant l'objet de respect et de vénération de la part de tous, pour notamment l'enseignement et l'éducation qu'il prodiguait aux enfants de toute la contrée, très peu peuplée en ce XVIIe ? XVIIIe siècle. C'est ainsi que cette zaouïa voit le jour et à laquelle les habitants et autres bienfaiteurs des dizaines de villages et hameaux de la région apportaient, grâce à leur organisation ancestrale, aide et assistance, non seulement au cheikh, à ses tolba et à son bétail, mais assurent aussi tout l'entretien nécessaire à l'établissement (timâmmart) édifié en son honneur.Dans le même élan, ils y dégageaint des terres à "Azaghar" (vastes plaines de terres fertiles en bas de Timizart), qu'ils travaillent en réalisant des récoltes à chaque saison, en plus de l'apport régulier de cotisations pécuniaires diverses, des "achour" (ce 1/10e de récoltes et de bénéfices réalisés annuellement par les commerçants et autres agriculteurs). Puis, la gestion de la zaouïa de Sidi Mansour s'est poursuivie «de la même manière que celle assurée par nos grands parents», a indiqué un membre de la zaouia.Autonomie et toléranceGrâce à une telle gestion, la zaouïa est dotée par les bienfaiteurs et donateurs des Ath Jennad, notamment avec des "achour", d'un vaste patrimoine foncier, exploité de tout temps au profit exclusif de l'établissement. «La zaouïa Sidi Mansour Ajennad, qui fonctionne dans une quasi totale autonomie, reçoit certes, une subvention de l'Etat de 30 à 40 millions de centimes par an, mais que ferait un tel montant lorsque l'on sait que chaque taleb revient, pour l'établissement, à plus de 14 millions de centimes par mois '», se sont interrogés les animateurs de la zaouïa. Pour l'année en cours, une cinquantaine de tolba issus de différentes wilayas du pays, suivent leur formation coranique dans cette zaouia.La formation religieuse et l'apprentissage du Saint Coran sont des plus «appropriés», signale-t-on, et la prise en charge est totale pour chacun d'eux. La rigueur dans l'observation et le respect de la réglementation et de la discipline de l'établissement restent de mise en permanence. Avec une riche bibliothèque et une vaste salle d'informatique, les tolba ont de loisibles moments pour acquérir à leur guise des enseignements techniques. «Jadis, le taleb est reçu dans cette zaouïa pour apprendre, uniquement le Coran et comment diriger la prière, puis il s'en va, mais aujourd'hui, nous avons diversifié nos actions.Comme ce sont souvent des élèves ayant échoué dans leur scolarité au niveau primaire, des cas issus de familles pauvres, des victimes du terrorisme, qui rejoignent notre établissement, on les inscrit alors à des cours par correspondance afin de leur permettre ensuite de passer le BEM ou le baccalauréat, tout en les prenant en charge totalement, y compris dans le cas de nécessité en soins médicaux», nous dira Yacine Bouache, secrétaire général de l'association religieuse et animateur de la zaouïa. Cheikh Yacine, citera des cas de tolba qui ont eu, depuis 2007, leur examen du bac avant d'obtenir des licences pour certains ou de préparer, pour d'autres, leur doctorat.La zaouïa compte aussi un élève qui, grâce à son talent, prendra part prochainement à un concours international de la lecture du Coran à la zaouïa de Sidi Aïssa (Bouira). A propos de tentatives d'infiltration par le phénomène salafiste, les animateurs de l'établissement nous apprennent qu'il y en a eu plusieurs, «mais à chaque fois, grâce à la vigilance des membres de notre association et aussi des élèves, le moindre suspect portant cette idéologie y est évacué illico presto.L'exclusion se fait par une sage invitation à quitter les lieux sur le champ. Ils se font remarquer par leur comportement lors de la prière, ou autres évènements dans des villages, comme les décès. Ces individus font leur propagande à travers des prospectus, des ouvrages, des CD et DVD ou autres documents, ou essaient de les glisser ou les déposer discrètement à la bibliothèque afin de semer leurs germes anti-islam traditionnel. Mais, cela a toujours échoué, grâce à une permanente vigilance de tous», explique le jeune cheikh.Les "lumières" de Sidi MansourLa zaouïa de Sidi Mansour encadre et assure, par l'intermédiaire de ses tolba qualifiés de "lumières", la conduite de prières collectives du vendredi dans de nombreuses mosquées, aussi bien des villages de la région non dotées en imams par l'Etat qu'en d'autres en dehors de la wilaya de Tizi Ouzou.En 2014, la zaouïa a récompensé pas moins de 47 élèves pour leur talent, tandis que cette année, elle a gratifié 85 lauréats. «Ceci démontre, si besoin est, une évolution et une amélioration allant toujours de l'avant pour ce qui est de la formation prodiguée par cet établissement. Et Dieu merci, cela fonctionne comme une montre suisse», dit encore notre interlocuteur. Un collectif des membres de l'association religieuse veille sur la protection et la préservation de l'islam traditionnel, constructif, rationnel et tolérant de la zaouïa, tel qu'il y est pratiqué depuis la nuit des temps dans cette région.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)