Algérie

Zaoui : «J'étais vendeur de qalb ellouz, c'est Mokdadi qui m'a réinjecté dans le foot»


"J'aime toutes les émissions de caméra cachée, surtout celles où il y a du suspense. Mon acteur préféré est Kamel Bouakkaz."Comment Samir Zaoui passe-t-il le Ramadhan '
Celui qui ne travaille pas devrait le passer à dormir, à jeûner et à faire des prières. Quant à ceux qui sont footballeurs, le programme des entraînements est intensif et nous sommes obligés de manger léger et de nous contenter de regarder certains plats sans pouvoir en profiter. Donc, nous ne ressentons pas totalement la saveur du Ramadhan. Certains jours, je me sens bien, mais il y a d'autres jours où la fatigue est pressante.
Calme ou nerveux '
Très calme.
Actif ou paresseux '
Très actif. Je suis toujours très matinal.
Vous arrive-t-il de vous accrocher avec des gens '
Non, je n'aime pas ça. D'ailleurs, pour éviter pareilles situations, j'évite de me rendre aux marchés et autres endroits où il y a beaucoup de monde.
Avez-vous agressé quelqu'un sur un terrain '
Non. Ni j'ai agressé quelqu'un ni j'ai été agressé, mais je me suis accroché plusieurs fois avec des joeuurs adverses.
A quel âge avez-vous commencé à jeûner '
A l'âge de 5 ans, une année avant d'aller à l'école. C'était un mois de mai et ma famille m'avait réunii toutes les conditions pour que je jeûne sans trop de contraintes. C'était une vraie fierté pour elle.
Avez-vous un jour sciemment mangé durant le Ramadhan '
Oui. J'avais 14 ans ou 15 ans. Je portais le couffin des courses qu'avaient fait mon père et j'ai été tenté par les fruits qu'il y avait, notamment les nèfles. J'en ai dévoré plusieurs une fois arrivé à la maison. Que Dieu me ârdonne ! J'étais jeune.
Et une fois adulte '
Jamais je n'ai raté le Ramadhan, même lorsque j'étais en sélection nationale. Une fois à l'occasion d'un déplacement au Gabon en 2006 en plein carême, le sélectionneur Meziane Ighil nous avait dit, la veille du match au soir, que celui qui voulait jeûner pouvait le faire et celui voulait manger pouvait le faire également. Il y en a qui avaient mangé et je faisais partie de ceux qui avaient jeûné. J'avais vraiment risqué ma vie car il faisait 40° à l'ombre et je sentais mon corps totalement asséché. J'avais failli mourir.
Slimane Raho avait-il jeûné ce jour-là '
Oui, lui avait jeûné, mais beaucoup ne l'avaient pas fait et je les avais même pris en photo avec des bouteilles d'eau à la bouche. J'avais voulu la jouer redjla et j'ai failli en mourir.
Quel est le meilleur Ramadhan que vous avez passé dans votre carrière de footballeur '
Il y en a deux. Celui de 2004 où nous étions à l'hôtel Mazafran à préparer la CAN-2004 et celui de 2009 où nous étions en éliminatoires pour le Mondial-2010. Je n'oublierai jamais ces moments-là.
Votre programme télé préféré '
J'aime toutes les émissions de caméra cachée, surtout celles où il y a du suspense. Mon acteur préféré est Kamel Bouakkaz.
Accomplissez-vous la prière à la mosquée ou bien à la maison '
Si je n'ai aucun engagement, à la mosquée, bien sûr ! Seulement, je ne peux pas accomplir celles de tarawih à cause des entraînements le soir.
Une anecdote particulière à raconter '
Oui. Elle concerne le qalb ellouz, l'un de mes mets préférés car j'ai une histoire qui y est lié. Lorsque j'étais un footballeur débutant, j'étais grossiste en qalb ellouz. Je venais de m'engager à l'ES Berrouaghia. Je m'étais illustré sous la conduite de l'entraîneur Belkacem Mokdadi, mais le président du club ne voulait pas me payer. Alors, plutôt que de jouer gratuitement, je suis retourné à Aïn Boussif et j'ai repris le commerce du qalb ellouz. Ça me faisait une belle rentrée d'argent. Un jour, alors que j'étais dans la boutique occupé à découper des morceaux, un client est entré et, dans que je lève la tête, je lui ai demandé combien il voulait. En entendant sa voix, je l'ai reconnu et j'ai levé la tête : c'était Mokdadi.
Qu'est-il venu faire '
Il était venu me ramener au club après que le président a consenti à me payer. Je me rappelle qu'il m'avait dit textuellement : «Le jou où j'écrirai un livre, je parlerai de Zaoui qui avait un grand potentiel, mais qui a été obligé, par les dirigeants, à vendre du qalb ellouz.» Je suis retourné donc au football et ma carrière a connu un tournant à l'occasion d'un match entre l'ESB et l'ASO Chlef où j'ai été remarqué. J'aurais pu être un grand grossiste en qalb ellouz, mais je ne regrette pas d'avoir eu une carrière de footballeur grâce à Mokdadi.
Est-ce vous qui faites le marché '
Non. Je laisse cette mission à ma famille. Moi, je suis l'homme des dernières minutes et du temps additionnel : les dernières courses ainsi que le qalb ellouz, le cherbet et autres sucreries.
Etes-vous rancunier '
Non, je pardonne de bon c'ur même à ceux avec qui j'ai des différends, mais la relation avec eux ne reprend jamais son cours normal.
A quand une Omra '
J'avais projeté d'en accomplir une l'année dernière, mais j'avais été blessé. J'ai décidé d'une faire une une fois que j'arrêterai ma carrière de footballeur, peut-être l'année prochaine.
Vous arrêterez le foot '
Non. Je continuerai à servir l'ASO en qualité de manager. J'ai beaucoup d'idées à concrétiser.
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Je n'ai fait que mon devoir et n'importe qui aurait fait la même chose. Nous, Algériens, avons bon c'ur et, dans les moments difficiles, nous sommes très solidaires.
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