Algérie

Zakaria Moumni, champion du monde marocain de kick-boxing



Yasmine, ma petite nièce de 14 ans, entrouvre les portes du tumulte de la vie, elle est à un âge où beaucoup de questions se bousculent dans sa tête. Je ne m'attendais pas qu'elle m'entraîne sur un terrain réservé à nous autres les adultes. Elle ne comprend pas que nous ne pouvons pas nous aimer tous, dans une grande fraternité où l'on ne juge pas les gens par leur appartenance religieuse, la couleur de leur peau, pourquoi les juifs, peut-on discuter des dogmes du Coran ' Je lui rétorquai que l'enfer est pavé de bonnes intentions et que, parfois, c'est l'être humain, dans l'insondable côté noir de sa nature, qui creuse lui-même le tombeau de l'humanité. Et qu'il est difficile de préserver son innocence avec ce risque permanent de tomber de haut. Surtout à un âge où l'on se croit tout permis.À 19 ans, Zakaria Moumni est sacré champion du mode de kick-boxing. Il est heureux du titre et fier de brandir haut le drapeau de son pays, le Maroc. Il croit, en retour, à la reconnaissance de ses droits. Il dénonce la corruption de la fédération et recourt au Makhzen qui reste sourd à ses doléances. Dans sa fougue de jeunesse, il les réclamera haut et fort jusqu'à déranger la quiétude des gardiens du temple. Mal lui en prit, il passera sous les fourches caudines des sbires du palais royal qui lui feront regretter de toucher à la « sacralité du roi».
Deux personnages joueront un rôle central dans l'anéantissement de ses rêves, lui le champion du mode adulé dans son pays. Il y a le secrétaire particulier de M6, qui est aussi son homme de confiance pour le suivi et la gestion de ses biens incommensurables. Et, surtout, Zakaria Moumni aura affaire aux services du sinistre patron de la DST, en la personne de Abdelatif Hammouchi que démasquera l'affaire du logiciel espion Pegasus. Zaki est cueilli à l'aéroport de Rabat, un lundi 27 septembre 2010. C'est le début d'un long calvaire qui débutera à Temara, siège de la DGSE, qui sert de centre de tortures secret situé à... 2,5 km du palais royal. Dès lors, le boxeur va être soumis aux pires sévices dont seuls les agents du Hammouchi ont le secret : l'horreur absolue dans l'anonymat le plus total. Traîné d'une « prison » à une autre, il découvre l'horreur carcérale de la monarchie « démocratique » et des libertés de M6 à laquelle il croyait au départ. C'est la fin des illusions sur le régime. Il en est ainsi du leader du Hirak du Rif, Nasser Zefzafi, torturé puis condamné à 20 ans de prison.
Abraham Serfati, sous Hassan II, passera, lui, 17 ans de prison à Ouarzazate, d'autres opposants à Tazmamert, qualifié d'« Alcatraz » marocain. Ce sont les plus connus détenus parmi les dizaines d'autres dont beaucoup mourront dans les geôles royales. Pour avoir revendiqué des droits sociaux, une vie décente. Les militants sahraouis, de Gdeim Izik, pour l'indépendance de leur pays, vont malheureusement, à leur tour, subir la bestialité des tortionnaires de la DGSE. Mais une puissante campagne mondiale en faveur de la libération du champion parvient à l'extirper de prison. Sur le front de la lutte, la Fidh, l'Asdom et l'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture). En outre, le collectif d'avocats mobilisés n'a, en aucun moment, baissé la pression. Dans la prison de Kénitra, le militant Naâma Asfari, et ses compagnons, dans un simulacre de procès, a été condamnée à 20 ans et à la prison à perpétuité.
À l'heure où le Makhzen redouble d'arrogance, enhardi par son alliance avec l'Etat sioniste, il n'est pas bon de vivre sous le ciel menaçant de sa majesté.
Brahim Taouchichet


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