Algérie

Zabana, Ben Abdelmalek Ramdane et le sermon devant Dieu ........PAR BENYAHIA AEK



Zabana, Ben Abdelmalek Ramdane et le sermon devant Dieu ........PAR BENYAHIA AEK



Zabana, Ben Abdelmalek Ramdane et le sermon devant Dieu
Le livre de Boualem Nedjadi, retrace de façon magistrale, l’itinéraire de ce héro dont l’histoire est plus qu’extraordinaire et souligne la preuve irréfutable que le colonialisme ne pouvait être combattu que par des moyens révolutionnaires. Il aborde les événements et met en relief des personnes qui ont joué un rôle décisif dans la lutte de libération nationale, tel que Zabana.


Ayant été alors désigné responsable de la Zone 5 (Oranie), Larbi Ben M’Hidi commence par choisir quatre adjoints, à savoir Boussouf, Ramadan Ben Abdemalek, Hadj Benalla, Mohamed Fertas. Ces deux premiers adjoints occupaient des postes de chef de daïra en Oranie après la découverte de l’Organisation spéciale (OS) dans l’Est du pays, en 1950, Larbi Ben M’Hidi et ses deux camarades se sont repliés dans l’Ouest algérien ou ils n’étaient pas connus par la police locale. Il faut signaler que Ben M’Hidi occupait auparavant la fonction de chef d’état-major zonal à Biskra. Il est tout de suite recherché par la PJ et les RG français. Il est condamné par contumace à dix ans de prison. Après sa présence comme chef de daïra du parti à Sidi Bel Abbès, il rejoindra plus tard Oran ou il retrouvera une véritable élite du mouvement national tel qu’Abdelhafid Boussouf, Ramadan Ben Abdelmalek, Hadj Benalla, Mohamed Fartas, Lhouari Souiah, Athmane Bouhdjar et Ahmed Zabana.

Zabana, Ben Abdelmalek Ramdane, deux hommes un destin
Selon Boualem Nedjadi, le samedi 15 août 1954, Zabana charge Abdelkader Brahmi d’accueillir l’homme dont parle le message. Abdelkeder, tout anxieux et curieux, se rend à la gare de Sant- Lucien ; c’était le soir ; il franchit la porte de la gare et s’engage sur quai. Il s’assoit sur un banc et attend patiemment. Il voit le chef de gare en tenue impeccable, un drapeau rouge à la main, sortir de son bureau. Une voix grave annonce l’arrivée du train en provenance d’Oran et se dirigeant vers Oujda. Brahmi se lève et arpente le quai ; le train s’arrête ; ses portières s’ouvrent. Quelques voyageurs descendent rapidement, les mains chargées de bagage. Seul u homme, à l’allure d’un gentleman, s’avance, un journal dans sa main gauche. Brahmi pousse un soupir de soulagement. Son homme est là. Rapidement, il échange avec lui les mots de passe. Il s’est avéré que c’est Ramadan Ben Abdelmalek, membre du groupe des 22 ; il n’était pas inconnu de Brahmi ; ils se connaissaient très bien et Ben Abdelmalek avait grande confiance en lui et l’appréciait beaucoup. Ils se dirigent ensemble vers l’ « endroit hanté ». Ce jour – là sans tarder, Zabana convoquera ses éléments impatients de connaître le motif du rassemblement. Cette réunion, rapidement improvisée, se tient à 21 heures, prés de la ferme Alibert, à l’endroit ou se trouve actuellement le cimetière des chouhada, anciennement surnommé « la place hantée ». Pour ce qui est de la présence de Ramadan Ben Abdelmalek, les témoins qui étaient présents à cette réunion ont déclaré : « Une discussion franche, sincère et animée a eu entre les militants sur la situation regrettable dans laquelle se trouve le parti et sur lequel tout le peuple algérien fondait des espoirs. La discussion a porté également sur les décisions qui devaient être prises, à savoir : l’unité du peuple dans l’action pour l’indépendance. C’est tout un programme qui résume celui du CRUA. Sur ce tous les militants présents sont passés, un à un devant les frères Zabana et Ramadan Ben Abdelmalek pour prêter sermon en posant leurs mains sur le livre sacré et jurer fidélité à l’Algérie. De nouvelles consignes seront donnés pour la préparation du jour J.

Zabana désigné pour la préparation des commandos à la veille du 1er novembre
Un poste de commandement de la région ouest de l’Algérie, sera installé à Oran ; très mobile ; il était composé de Larbi Ben M’Hidi, Abdelahafid Boussouf, Ramadan Ben Abdelmalek, Hadj Benalla, Ahmed Zabana et Mohamed Fartas. Les témoins précisent que ces contacts se faisaient dans une gargote appartenant au militant Bouhou (de son vrai nom Arezki Bouhou), située Rue philippe à Oran prés de Châteauneuf, PC de la police français, et réputé lieu de tortures de militants et résistants algériens. Mais ils avaient aussi lieu dans un arbi de passage pour certains cadres ou militants recherchés, situé dans un baraquement à Montoro occupé par le militant Abdelkader Seghier, ancien baroudeur de la gueere d’Indochine en compagnie de son ami Larbi Daho Bachir, ou de Fizi deviendra le refuge de Larbi Ben M’Hidi, Boussouf Benabdelmalek et Hadj Benalla, et un véritable PC de commandement de la Zone 5 (Oranie). En outre, un important système de communication et de transmission de messages avait été mis au point par ces responsables entre eux. Pour accélérer les préparatifs du déclenchement, Zabana avait donné délégation à Abdelkder Zoubir et Mustapha Fizi pour contacter certains éléments de l’OS qui venaient d’être libérés. Cette prise de contact avait pour but leur incorporation dans les groupes de Novembre ; c’étaient des éléments sûrs sue lesquels on pouvait compter. Zabana est alors obligés de quitter son travail pour se consacrer pleinement à la préparation des groupes de commandos du 1er Novembre étant donné qu’il a été désigné par le commandement de la région Ouest comme chef d’état – major de celle – ci. En effet, la préparation politico – militaire de l’importante section de Saint – Lucien a été confiée par le commandement à Ramadan Ben Abdelmelek et à Hmida Zabana. Ramadan Ben Abdelmelek, affirme un témoin était vu plus d’une dizaine de fois en compagnie de Ahmed Zabana ; pour l’anecdote, Ramadan Ben Abdelmelek était appelé Si Mustapha en compagnie de Ahmed Zabana et si Abdellah au Dahra ; on disait aussi qu’il changeait très souvent de costumes. Parmi les lieux ou l’instruction politique et paramilitaire se déroulait, et notre témoin cite le cimetière Sidi Saleh dans la commune de Saint – Lucien. Prés du cimetière de Sidi Saleh, il y avait la maison du garde barrière français dont il ne reste aujourd’hui que les traces des fondations. L’un des témoins rapporte selon l’écrivain : « Nous étions en compagnie de Abdelkader Zoubir et de Fizi ; Viva Zapata racontait l’histoire d’un héros mexicain ». Cela n’était nullement innocent de la part de Zabana qui considérait qu’un tel film, par son contenu, pouvait contribuer à la formation, et à l’éveil politique de son groupe. L’orientation idéologique est alors claire dans son esprit. C’est Brahmi qui s’occupait de l’hébergement d’un quelconque cadre de l’OS, dans des endroits tenus secrets et que les membres du groupe ne connaissaient pas. ce qui est certain c’est que Ben Abdelmalek logeait chez Medjadi Brahmi, le père de Abdelkder. Notre témoin donne beaucoup de détails sur Ben Abdelmalek. Il disait que Ramadan voyageait souvent en train, moyen de locomotion rapide et discret vu le nombre de voyageurs empruntant ce mode de transport. Il ajoutait à propos de Ramadan qu’il arrivait souvent à Saint – Lucien par le train d’Oran – Oujda et qu’il l’empruntait pour le retour ne dépassant pas un séjour de 48 heures. Il se faisait accompagner par Brahmi qui lui seul savait quand il devait l’attendre et dans quelles circonstance. Abdelmalek lui donnait certaines consignes particulières : « Si je ne viens pas tel jour, tu m’attendras tel autre et à tel endroit. » il était très précis et minutieux dans ses directives.

Préparation et activité intense pour la lutte
Après la prestation de sermon, Ahmed Zabana se met à l’œuvre ; il s’agit de faire vite et d’accélérer les préparatifs pour le jour J. Nous savons maintenant qu’il s’est écoulé très peu de temps entre la décision et le déclenchement. C’est ainsi qu’il passe à l’action et procède avec ses éléments à des opérations de reconnaissance de tous les alentours de son secteur de commandement et la visite des lieux ou étaient censées se dérouler des actions de combat ; les détails du terrain et des sites (collines, valons, oueds, fermes, caves, voie ferrée, routes, ponts…) ont retenu l’attention de Zabana qui se révèle ainsi un hommes de terrain. Approvisionnement en couvertures, sacs à dos, treillis militaires, pataugas, jumelles, torches, boussoles, boîtes à pharmacie, nécessaire de coiffures ont été achetés par les militants de leur propre argent, de même qu’ils ont pu acquérir 1100 balles auprès d’u certain Djillali Mokhtari qui les a récupérées auprès des Américains lors de leur arrivée dans la région en 1942 (camp de la Marre d’eau). Début septembre, une véritable course contre la montre commence pour être prêt le jour J. Boussouf et Ramdane procèdent à un essai du premier échantillon de la poudre fabriquée artisanalement par les militants qui s’avère concluant. Cela s’est passé dans le domicile de Saleh Fizi. Abdelkader Zoubir m’a rapporté que c’est Saleh qui s’est procuré de la cheddite (explosif à base de chlorate et d’un dérivé nitré du toluène) ainsi que de la poudre salpêtre (à base de salpêtre, de soufre et de charbon de bois) auprès de Hadj Omar Briksi, commerçant. Après l’arrestation des membres du groupe de Zabana, les services de police ont procédé à l’interpellation de Briksi Fouattah le fils. Libéré, il s’empresse de rejoindre l’ALN saire de police dans l’Algérie indépendante. Zabana remet un pistolet de calibre 9 mm avec 200 balles à Saleh Fizi afin que les militants s’entraînent à son maniement : démontage et remontage et instruction sur le tir. Hadj Benalla ordonne un déplacement de 60 kg de poudre noire déposée chez Bouhou, dans le domicile de Saleh Fizi. Cette poudre sera récupérée ensuite par Zabana (nous pensons que c’est avec cette poudre que Zabana a fabriqué ses bombes). Benalla présente aux différents chefs de groupe un certain Bentahar Abdelrahmene, ancien militaire pour des cours théoriques et pratiques.

Benyahia Aek
Dimanche 15 Janvier 2012



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