Yves Bonnet, ancien patron de la DST, au Temps d'Algérie

Ancien patron de la Direction de surveillance du territoire (DST, contre-espionnage français), Yves Bonnet, membre de la commission parlementaire française de réforme des services de renseignements, et auteur de plusieurs ouvrages, évoque les raids aériens menés par la Russie contre l'organisation terroriste Daech en Syrie.Le Temps d'Algérie : La Russie a entamé des frappes contre Daech en Syrie. Quels résultats attendez-vous de cette entrée en lice de Moscou ' Yves Bonnet : Les frappes russes contre Daech répondent à la nécessité pour Moscou de sécuriser, voire renforcer, sa présence en Méditerranée orientale. C'est donc un objectif stratégique auquel Poutine ne renoncera pas. D'autre part, le président russe veut faire passer un message très simple : les alliés de Moscou doivent savoir que le «grand frère» est de retour et qu'il ne lâche jamais ses amis. Pour ces deux raisons, Poutine sait qu'il ne doit pas perdre. A la différence des Occidentaux, il ne reculera pas. Et l'opinion russe est derrière lui.Les Etats-Unis auraient-ils donné leur accord à ces frappes pendant le sommet Poutine-Obama 'Les USA ont probablement pris acte, sans plus. Ni eux, ni la Russie ne veulent parler d'un accord.Certains médias se demandent si la troisième guerre mondiale a commencé en Syrie, commentant les frappes russes contre Daech. Qu'en pensez-vous 'Il ne faut pas exagérer. La troisième guerre mondiale sera nucléaire ou ne sera pas. Ce que nous espérons tous, c'est qu'il n'y ait plus de guerre.Y a-t-il risque d'affrontements entre forces américaines et russes en Syrie'Il est exclu que les forces russes et américaines s'affrontent. Pour plusieurs raisons. D'abord, parce que les Occidentaux n'iront pas au sol. Même pas les Français qui n'en ont plus les moyens en hommes ni en matériel. Ensuite, et dans tous les cas, des zones d'intervention seraient définies si les Américains ou autres dépêchaient sur place un corps expéditionnaire. Enfin, même des bavures seraient aussitôt détectées et banalisées. Regardez ce qui s'est passé en Bosnie et au Kosovo.Des pays comme l'Allemagne, l'Angleterre et les USA acceptent que Bachar El Assad fasse partie de la solution du conflit. Pourquoi le président Hollande persiste-t-il à exiger le départ du président syrien'Je crains que M. Hollande ne se laisse griser par la gloire militaire, comme son prédécesseur. Ses propos n'engagent que lui.A quelle issue vous attendez-vous pour le conflit syrien 'Je pense que l'intervention russe va permettre à Assad de restaurer un commencement d'autorité en Syrie et que les monarchies arabes vont, de leur côté, avoir du «grain à moudre».