Algérie

Younès Grar (*) à InfoSoir



Younès Grar (*) à InfoSoir
InfoSoir?: Il y a plus de trois mois que l'on parle de la 3G et que l'on vante ses avantages à travers des campagnes de publicité. Mais en réalité rien n'a changé en termes de qualité de connexion. Votre commentaire?'Younès Grar?: Il faut savoir, d'abord, qu'il est presque impossible d'établir une connexion à Internet, lorsque le signal (réseau) de l'opérateur est faible ou indisponible. Cela doit être expliqué au client, sinon l'opérateur vend un service inexploitable. Et là se pose un sérieux problème qui est à la limite de l'arnaque. L'autre élément à prendre en compte est lié au fait que lorsque la connexion est disponible (signal acceptable), le débit et la qualité de la connexion dépendent de l'éloignement du terminal de la station de base (antenne BTS). Les gens ne sont, malheureusement, pas informés de ces données indispensables pour qu'ils sachent exactement la qualité du service attendu pour le prix appliqué. Le contrat qui lie le client à l'opérateur doit inclure des clauses sur le débit minimum assuré, le service après-vente l'assistance au client, le remboursement en cas de défaillance de l'opérateur, etc. Malheureusement, peu de gens lisent le contrat et les opérateurs profitent de cette situation pour «arnaquer» et «vendre du vent» au client. Le client doit disposer d'un dispositif pour faire aboutir ses plaintes. L'Association des consommateurs doit aussi jouer le rôle de cette interface pour alerter l'ARPT qui doit sévir et sanctionner les opérateurs défaillants.Du côté juridique, les trois opérateurs sont-ils en flagrant délit de tricherie ' Et du côté moral, sont-ils en train d'arnaquer leurs clients 'Oui, ces opérateurs profitent de la méconnaissance du règlement par les citoyens et de leur besoin pour ce genre de services. Les gens se rabattent sur la 3G parce que l'ADSL n'est pas disponible où même la ligne fixe est impossible à obtenir. Donc à défaut de l'ADSL, les citoyens préfèrent se contenter de la 3G malgré sa cherté et sa qualité afin d'assouvir leur soif pour surfer sur le Net et exploiter les réseaux sociaux. Pour avoir une idée sur cet engouement, je donne l'exemple d'un opérateur qui a épuisé son stock de clés USB de 100 000 unités en 2 semaines lors du lancement de la 3G?! Evidemment, il faut que les organes étatiques jouent leur rôle pour protéger le client afin d'éviter qu'il ne devienne une victime facile entre les griffes des opérateurs qui se lancent dans une guerre publicitaire et commerciale pour accaparer le plus d'abonnés. Il faut veiller aussi à ce que les opérateurs ne se mettent pas d'accord et complotent pour se partager le gâteau au détriment de l'abonné. Une telle situation a été vécue en France, par exemple, et leur autorité de régulation est intervenue énergiquement pour sanctionner financièrement et lourdement les opérateurs. Il faut qu'il y ait une concurrence saine pour que les tarifs chutent et la qualité des services s'améliore.Les réseaux de téléphonie mobile des opérateurs engagés dans la 3G ne couvrent pas convenablement tout le territoire national. Peut-on parler, alors, d'une possibilité d'installer Internet via la téléphonie mobile dans ces conditions ' N'a-t-on pas mis la charrue avant les b?ufs 'La 3G est une solution complémentaire aux connexions fixes (ADSL, FTTH, etc.). Mais dans le cas de l'Algérie, vu la défaillance flagrante de l'opérateur unique à assurer des lignes téléphoniques, des connexions ADSL fiables, des offres FTTH, etc., la 3G risque de devenir la solution principale. L'engouement des Algériens pour la 3G va pousser aussi Algérie Télécom à assurer des offres ADSL de bonne qualité et à des prix accessibles et surtout relancer le fameux projet FTTH pour proposer des connexions de 100 Mbps comme ça se fait dans beaucoup de pays. Le point le plus important est qu'il faut passer maintenant au stade de l'enrichissement du contenu par des services électroniques qui touchent aux différents domaines d'activité : e-administration, e-commerce, e-éducation, e-santé, e-tourisme, etc. Il est clair que la démarche a été prise dans la précipitation, mais il faut penser à y remédier en tranchant sur des solutions pérennes et porteuses d'une meilleure qualité de connexion.L'Algérie est très en retard par rapport à des pays ayant beaucoup moins de moyens. Peut-on, selon vous, rattraper ce retard et aller de l'avant ' Et quelles sont les conditions à réunir à cet effet 'Il faut aller droit au but et rapidement vers l'essentiel dans la réalisation des actions de ce programme e-Algérie. On ne peut gérer un secteur qui avance à une vitesse de 200 km/h avec une administration qui traîne à 2 km/h. Il n'y a pas mieux que les jeunes compétences pour pouvoir suivre ces rapides évolutions et prendre en charge la réalisation de ce projet. Le secteur des TIC se portera mieux si on met à sa tête une jeune compétence de 30 à 35 ans. Voici quelques-unes des conditions qui doivent être réunies pour réussir cette révolution numérique et rattraper le retard qui nous sépare des pays développés et même des pays arabes et africains. Il faut relever ce défi.




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