Les dédommagements concédés par l'Algérie dans le cadre d'un accord
amiable avec l'Américain Anadarko et le Danois Maersk ne signifient pas la remise en cause de la taxe sur
les profits exceptionnels, à la faveur de la révision de la loi sur les
hydrocarbures, a déclaré hier Youcef Yousfi, à la radio Chaîne 3. Les amendements qui seront
introduits ne concernent pas les gisements en production mais les futurs
gisements, dans le cadre d'une politique de relance de l'exploration. «Depuis
quelques années, les cours ont changé puisqu'ils ont augmenté d'une manière
significative et il y a eu l'apparition de nouvelles technologies et de nouvelles
dispositions légales dans de nombreux pays, aussi une législation qui n'évolue
pas risque de ne plus être attractive», a indiqué Youcef
Yousfi.
Pour le ministre, il n'existe
aucun lien entre la révision de la loi et la TPE. Il s'agit d'adapter la fiscalité pétrolière
en fonction de la difficulté et des investissements faits pour le développement
des gisements. La taxe (TPE) ne sera pas annulée.
«Les amendements prévoient même, dans
certains cas, la réaffirmation de l'imposition de la taxe sur les profits
exceptionnels». Sur la TPE,
le ministre a été «collé» en disant qu'il ne connaissait pas les chiffres de ce
qu'elle a rapporté au Trésor public. Dans le bilan 2010 de Sonatrach,
la TPE prélevée
sur les droits des associés et reversée au Trésor public s'était élevée à 1,6
milliard de dollars en 2010.
UNE CONSOMMATION NATIONALE DE 75 MILLIONS TEP DANS 20 ANS
Le ministre a nié que cette révision de la loi soit un effet de pressions
exercées par des partenaires ou d'une volonté de réviser des mesures prises
dans le passé. «Nous ne sommes pas soumis à des pressions» et l'Algérie décide
en toute souveraineté, en réfléchissant à son avenir. Actuellement, l'Algérien
consomme l'équivalent d'une tonne d'équivalent pétrole million (TEP) par an, ce
qui signifie que nous consommons 36 à 37 millions de TEP par an. Sans
hydrocarbures, nous serions obligés d'importer ces quantités qui nous
coûteraient 30 milliards de dollars. Dans 20 ans, la consommation par habitant
va augmenter et pourrait atteindre 1,5 million de TEP par an et sur une
population de 50 millions cela signifie que nous consommerons 75 millions de
TEP, avec une facture annuelle de près de 70 milliards de dollars». Pour lui, il
est difficile d'imaginer l'économie algérienne pouvant importer pour 70
milliards d'énergie par an. Les gisements actuels devant inéluctablement entrer
en déclin, il est donc «vital» de relancer l'exploration, a estimé le ministre.
Pour trois objectifs, la sécurité énergétique à très long terme, sur cinquante
ans, assurer un minimum d'indépendance pour financer le développement et enfin
créer des emplois. Dans le monde, les besoins d'ici à 15 ans, il y aura un
besoin de 40 millions de barils/jour pour compenser le déclin des gisements et
faire face à l'accroissement de la demande. C'est donc maintenant qu'il faut
renouveler les réserves et mettre à jour de nouveaux gisements. Il faut connaître
les zones non connues, le sud-ouest, le nord, l'off-shore. Youcef
Yousfi a nié que la révision de la loi sur les
hydrocarbures soit un signe «d'instabilité juridique».
DES EXPLICATIONS SUR L'ARRANGEMENT AVEC ANADARKO
«Tous les pays adaptent leur législation
en fonction de l'environnement et des intérêts du pays. Nous n'inventons rien, nous
essayons de ne pas être en retard. Si nous ne faisons rien nous allons être
dépassés». Youcef Yousfi a
essayé d'expliquer la teneur de l'accord conclu entre Sonatrach
et Anadarko. Pour lui, il ne s'agit ni de verser de
l'argent, ni de remettre en question le principe de la TPE que les partenaires
acceptent de payer. Il ne s'agit pas non plus de revoir les taux de cette taxe
sur les profits tels qu'ils ont été fixés. «Le recours à l'arbitrage est une
pratique internationale très connue et tous les partenaires, Sonatrach aussi, peuvent y recourir. Dans 90% des cas, l'arbitrage
ne va pas jusqu'au bout. Les partenaires continuent de discuter parallèlement à
la procédure d'arbitrage. Et dans 90% des cas, ils trouvent une solution à
l'amiable». C'est le cas de l'accord Sonatrach Anadarko.
«Sonatrach
et ses partenaires avaient décidé, par le passé, d'assembler un certain nombre
de gisements sur lesquels s'applique la règle de partage. C'est cette
reconfiguration qui a eu lieu de manière à revoir les règles de partage entre Sonatrach et ses partenaires. Il a été convenu d'appliquer
également cette configuration à partir de la date de l'application de la TPE et de prolonger la vie du
contrat de cinq ans qui était une option. Voilà en quoi consiste le compromis. Le
jour où cet accord sera approuvé par le gouvernement et mis en Å“uvre, Sonatrach et ses partenaires calculeront les effets de ce
compromis à partir de 2006 jusqu'à la date d'approbation. Et s'il y a des
corrections à faire, Sonatrach les apportera bien
entendu».
Le ministre a indiqué qu'Anadarko s'est engagé auprès de Sonatrach
que dans le cas où des corrections seront apportées, elle les investira en
Algérie.
LE SCHISTE ET LE NUCLEAIRE, UNE OPTION
S'agissant de l'exploitation de gisements non conventionnels dont le gaz
de schiste, le ministre a estimé que cela est envisageable pour répondre aux
besoins mais que dans tous les cas de figure «qu'aucune goutte de l'albien ne
sera utilisée». Il en est de même pour le nucléaire que l'Algérie ne peut
exclure d'y avoir recours. Il a relevé que si on choisit de faire une centrale
nucléaire, cela se fera dans 10 à 15 ans et il faut former dès maintenant les
gens à cet effet. S'agissant du renouvelable, M.Yousfi
relève que le marché européen reste fermé et sans visibilité. «Nous devons
investir ensemble pour que cette énergie soit un jour, destinée à l'Europe, mais
actuellement le marché européen est fermé et on n'a pas une vision très claire
de ce que veulent les Européens», a déclaré Yousfi en
soulignant cependant que la coopération entre les deux parties ne s'est pas
arrêtée. Pour l'instant, il existe un programme national qui sert à satisfaire
les besoins du marché domestique et si les Européens sont intéressés par
l'importation d'Algérie d'électricité issue des énergies renouvelables, «ils
sont les bienvenus».
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Posté Le : 20/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com