Algérie

Youcef Benabdellah. Economiste



« Les ménages recourent à l?informel pour faire face à la dette » Le crédit à la consommation est en soi positif, mais il faut le réguler? Oui, il faudrait qu?il soit régulé, mais surtout qu?il soit articulé à des perspectives de relance économique et de production. Historiquement, le crédit à la consommation n?a fait son apparition en Europe et aux Etats-Unis qu?avec les phénomènes de surproduction. Nous, on est très loin de cette situation. En Algérie, les crédits à la consommation sont octroyés pour dynamiser et supporter les importations. Ce qu?il reste à faire, c?est un travail sur les importations de biens de consommation pour voir comment les biens de consommation non alimentaires sont distribués et comment cela va évoluer et agir sur la balance des paiements. Je vous donne un chiffre assez éloquent. En 1990, on importait pour 8 à 9 milliards de dollars et jusqu?à 1998-99, on importait pour 12 à 13 milliards, aujourd?hui, on en est à importer entre 24 et 25 MDS de dollars. Quelle est donc la part des biens de consommation non alimentaire ? C?est cette partie de l?importation qui est aidée par le crédit à la consommation. Il va falloir faire très attention à cette évolution et à ses effets sur le plan macroéconomique. Mais la machine est lancée, faut-il l?arrêter ? Le problème n?est pas d?arrêter la machine, mais d?essayer de jouer la carte du marché algérien sur un certain nombre de produits. Je pense particulièrement à celui de la voiture. L?année dernière, la facture réalisée par ce marché de l?automobile était de 2,4 milliards de dollars. C?est tout de même extraordinaire avec un tel chiffre, on peut tout à fait dire à un constructeur étranger, j?ai 2,4 milliards de dollars, allons négocier. Mais si l?on continue avec les mêmes progressions, dans dix ou quinze ans, et même avec un niveau du prix du pétrole équivalent à celui qui est atteint actuellement, on aura des difficultés à rééquilibrer notre commerce extérieur. Alors qu?aujourd?hui, nous avons de larges excédents qu?il sera difficile de maintenir, si on continue sur cette voie. Il y a lieu de voir du côté du commerce extérieur sans toutefois retourner à un contrôle intempestif de type administratif des années 1980, il faudra que le commerce extérieur dégage des effets dynamiques sur l?économie algérienne. On n?en est pas encore là. Tout ce qu?on sait, c?est que nous avons un bon matelas de devises. Avons-nous opéré une ouverture aventureuse du marché ? Je n?irai pas jusqu?à dire une ouverture aventureuse. Aujourd?hui, nous sommes obligés d?observer la liberté qui est consacrée par les réformes. Donc, tout Algérien est libre d?importer dans les règles de la commercialité. Mais les pouvoirs publics doivent se donner des objectifs et employer des instruments incitateurs pour avoir des résultats. Je pense que c?est une chose pas très difficile à faire, du moment que vous avez un marché de l?automobile de plus de deux milliards de dollars. On peut multiplier cela à un certain nombre d?autres domaines. Ce serait dangereux de laisser le crédit à la consommation sans le réguler pour deux raisons, d?abord cela procède à l?appauvrissement des ménages par le surendettement et deuxièmement, cela aura des effets sur la balance des paiements. Il y a un autre point dont il faudrait mesurer l?effet, c?est que les ménages, qui seront mis devant la difficulté de rembourser, auront à se procurer des revenus supplémentaires. Ils se dirigeront donc un peu plus probablement vers l?informel. La mère de famille se dirigera vers la vente de m?hadjeb ou autre et le père va essayer de trouver un travail supplémentaire. Cette situation peut déséquilibrer le foyer, le comportement et le dispatching des revenus.


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