Algérie

"Yetnahaw gaâ" : mode d'emploi



Une autre initiative voit le jour. Après les vingt personnalités, c'est au tour du think tank algérien Nabni, dont la pertinence des propositions est reconnue, d'appeler à un grand débat autour d'une plateforme de changements fondamentaux qu'il vient d'élaborer et qu'il convient, à ses yeux, d'opérer pour donner un contenu et un prolongement pratique au célèbre slogan "Yetnahaw gaâ". "Depuis le 22 février 2019, le peuple revendique pacifiquement le départ du ?système'. Les slogans se succèdent, mais ?Yetnahaw gaâ' reste l'appel le plus constant du Mouvement. Cette revendication est paradoxalement absente, à notre connaissance, des propositions de transition rendues publiques à ce jour. Et quand elle est évoquée, seules les figures de l'ancien pouvoir sont citées (el-îssaba, bande, ndlr), alors que le changement qu'attendent les citoyens est bien plus profond", explique Nabni dans un communiqué. "En réponse à cette revendication populaire, Nabni propose aujourd'hui au débat public une plateforme de changements qui ne se limite pas au départ des figures de l'ancien pouvoir, mais qui appelle surtout à la déconstruction du système, avec notamment la mise en place de contre-pouvoirs pour l'empêcher de se régénérer", souligne ce think tank. Articulée autour de cinquante changements et "contre-pouvoirs" pour "démanteler le système", la plateforme propose notamment la garantie des libertés individuelles et collectives, les libertés de la presse, d'association, de réunion et d'activité politique pour les partis et le mouvement associatif. Soumettre le pouvoir de la nomination de l'Exécutif au contrôle et à l'approbation du Parlement ou d'autres contre-pouvoirs élus ou représentatifs des citoyens, bannir l'opacité, évaluer les politiques publiques et garantir une justice indépendante sont autant d'autres propositions contenues dans la plateforme appelée à être enrichie par les citoyens. "Il s'agit d'élargir le champ du ?gaâ' pour y inclure les racines du régime autoritaire et corrompu, c'est-à-dire les mécanismes de prédation, de clientélisme, d'opacité et de répression des libertés qui le fondent", explique Nabni. C'est pourquoi, suggère-t-il, la prochaine élection ne peut répondre à l'aspiration profonde de la population qui réclame un changement radical du système. "Ni une élection présidentielle, aussi libre et ouverte soit-elle, ni une nouvelle Constitution, aussi démocratique soit-elle, ne suffiront, seules, à ébranler les fondements du système. Seul le démantèlement de ses éléments constitutifs nous préservera d'un retour à l'avant-22 février", soutient-il encore. Tout en insistant sur la nécessité de "préserver le caractère pacifique" de la contestation populaire et de ne pas "ébranler la stabilité de l'Etat", il sera "déterminant pour la réussite de cette révolution citoyenne que la mobilisation se poursuive jusqu'à ce que soit atteint cet objectif de départ du système", souligne le texte. "Pas seulement celui des responsables du régime actuel, mais surtout le démantèlement des cinquante fondements-clés du système patrimonial et prédateur? jusqu'à ce que yetnahaw gaâ", précise-t-il. Histoire de vulgariser cette plateforme, Nabni annonce qu'il entamera prochainement une série de publications hebdomadaires pour détailler ses propositions, non sans appeler les citoyens à apporter leur concours, "afin qu'émerge une vision consensuelle sur les objectifs de la transition démocratique que les citoyens appellent pacifiquement de leurs v?ux", conclut le communiqué.
Karim K.


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