Chaque année et depuis des lustres, les Algériens célèbrent Yennayer, le Nouvel An amazigh. Il est traditionnellement
célébré la veille du 12 janvier. Cet événement est fêté et vécu par la quasi-majorité
des Algériens dans la joie, la convivialité et la solidarité.
L'avènement du Nouvel An berbère donne lieu à une ambiance particulière, empreinte
de ferveur, de joie et de communion, à laquelle toutes les familles se
préparent plusieurs jours à l'avance pour célébrer, avec faste, cet événement
très attendu de l'année. La célébration de la fête de Yennayer,
bien enracinée, est restée la même dans le fond, avec peut-être quelques
particularités d'une région à une autre, vue la géographie, le climat, la
composante humaine, et quelquefois aussi dans l'appellation (nayer, yennayer ou encore amenzou n'yennayer).
A Oran, Yennayer est fêté depuis l'Antiquité. Les
familles font lors de cette journée une véritable fiesta. Pour la circonstance,
depuis une semaine, les populations de la wilaya, à l'instar des autres wilayas
du pays, se préparent à accueillir le Nouvel An berbère. Au niveau des marchés
populaires de la ville d'Oran, M'dina J'dida et le marché de la rue des Aurès (la Bastille), les ménagères
ont pris d'assaut les magasins pour faire leurs emplettes. Hier, en effet, le
marché de M'dina J'dida
grouillait de monde, toutes pesant et soupesant toutes sortes de denrées, surtout
celles susceptibles d'agrémenter au mieux cette festivité. Les cérémonies de la
fête d'«Ennayer» consistent surtout à préparer et
consommer un repas copieux, à base de blé, de semoule et de viande. Les
familles oranaises garnissent leurs tables à l'occasion de cette célébration
d'une floraison de friandises, ainsi que d'amuse-gueules de toutes les couleurs,
avec des mets inhabituels, tels les galettes aux Å“ufs, les crêpes et les
beignets de toutes sortes, et une collation composée principalement de fruits
secs, tels les noix, noisettes, figues sèches, marrons, amandes, cacahuètes, dattes,
oranges, pommes, pistaches...
CHAUD ENNAYER, CHAUD !
Pour ce qui est de cette année, tout un chacun essaye, autant que faire
se peut, de ne pas déroger à la tradition, et cela malgré les prix qui se font,
année après année, de moins en moins abordables. La majorité des familles
s'approvisionnent en petites quantités (250 grammes de chaque
produit). Au niveau des marchés de la ville, les étals sont chargés de
confiseries et de fruits secs. Ainsi noix, noisettes, figues sèches, arachides,
bonbons… sont proposés aux habitués de ces marchés. Pour cette année, il y a
des noix provenant de Californie, dont le prix varie entre 800 et 900 dinars le
kilo. Idem pour les pistaches dont le prix s'élève à 160 DA les 200 grammes. Les
cacahuètes sont plus abordables, proposées à 350 DA le kilo. Les dattes sèches,
elles, sont à 250 DA le kilo. Quant aux figues sèches, provenant de Béjaïa, elles arrivent à 450 DA le kilo. Les noisettes sont
à 200 DA les 250 gr. Les marrons dits de premier choix se vendent au prix de 400
DA le kilo ; et enfin la célèbre «halwat el-Turc», très prisée lors de cette fête, son prix atteint
les 150 dinars les 200
grammes. Les dragées aux cacahuètes sont proposées à 120
dinars les 250 grammes
et à 150 dinars les dragées aux amandes. Enfin, les dattes Deglet
Nour sont à 350 DA, voire 400 DA.
Certaines personnes, faisant fi de la cherté, ont décidé de dépenser
«gros» pour célébrer cette fête comme il se doit. Mais les autres, dont le
revenu est plus mince, ont trouvé la parade : aller chez les marchands qui ont
confectionné des paniers dans lesquels on peut trouver de tout : pistaches, noix
de cajou, amandes, cacahuètes, figues sèches… et cela à des prix allant de 600
à 800 DA, ce qui est largement plus abordable.
D'autres optent pour «el-mkhalet» (le mélange).
Ainsi, pour cette année, il s'affiche à 400 et 500 DA le kilo. Cependant, pour
cette année encore, les commerçants de ce marché sont catégoriques en indiquant
que leurs ventes ont diminué… à cause de la cherté des produits. «Juste pour el-fal et pour faire plaisir, je prendrai un kilo de
mélange, quelques fruits et du chocolat», dira un ménagère rencontrée au marché
de M'dina J'dida.
La fête de Yennayer n'est pas une simple
cérémonie ou encore un simple point de vue, notamment chez les Algériens. C'est
une journée qui se caractérise par une sainte atmosphère réunissant toute la
famille autour d'un dîner qui se compose de plats et de recettes
traditionnelles. A chacune des régions du pays son art et sa manière
d'accueillir Yennayer. Les ingrédients sont multiples
et variés. Généralement, la coutume veut que la célébration du Nouvel An
berbère ait lieu, non pas au commencement de la nouvelle année amazighe, mais
précisément la veille. Ceci dit, cela n'empêche pas de nombreuses familles de
célébrer cette fête au soir de la nouvelle année amazighe, autrement dit le 12
janvier.
Lors du dîner, du «rougag» - ou trid - au poulet ou bien du couscous à la viande pour ceux
capables de se le permettre. Dans la préparation des autres mets qui
accompagnent ces plats, les femmes servent aux enfants, le matin du 12 janvier,
du «cherchem» (bouillie de blé, de fèves et de pois
chiche) servi en abondance aux présents. La tradition exige que l'on ne vide
pas les plats, ce qui signifie que l'on ne doit pas avoir faim. L'occasion est
saisie pour réunir la grande famille autour de ce plat. Les absents ne seront
pas les oubliés du repas : des cuillères disposées par la mère symbolisent leur
présence et une proportion symbolique leur sera laissée dans le plat collectif,
censé rassembler toutes les forces de la famille. La fête garde de sa saveur
pendant les quelques jours qui suivent l'événement. Les aliments servis vont
symboliser la richesse, la fertilité ou l'abondance.
Le jour du 12 janvier, on prépare des beignets, des crêpes et de la mona décorée avec des Å“ufs durs, comme le veut la tradition,
et d'autres plats et gâteaux. Seront également au rendez-vous les fruits tels
que figues sèches, amandes, noisettes, dattes, friandises, etc. «N'étant pas
amazighs mais ayant toujours célébré cette fête dans ma famille, donc chez moi
nous le fêtons la veille du 12 janvier, où ma mère prépare des beignets, la mona avec l'oeuf au centre pour chaque enfant ; elle
cousait auparavant des sacs en tissu en prévision de la soirée pour les
friandises. Le soir venu, mon père mélangeait dans une «midouna»
tous les fruits secs ensemble (amandes, noix, figues sèches....) et faisait le
partage. «Chacun mettait sa part dans son sac et mangeait ce qu'il pouvait ; il
gardait le reste dans le sac bien noué sous son oreiller», dira Mounia.
L'HISTOIRE DE YENNAYER
Beaucoup d'Algériens célèbrent Yennayer sans en
connaître le sens. En effet, selon un historien, les amazighs ont choisi comme
premier jour de l'année la date de 950 avant J.-C., l'année durant laquelle le
roi Chechnaq, descendant des amazighs, est monté sur
le trône de la 22e dynastie en Egypte, après avoir combattu les Pharaons. Sa
famille est restée sur le trône durant deux siècles. Le roi aurait choisi le
jour de son ascension au trône comme premier jour de l'an.
«Mais il faut savoir que la présence des amazighs en Egypte est
antérieure à l'époque du roi Chechnaq. Dans la
palette de Narmer, roi de la première dynastie
égyptienne, les amazighs sont cités et évoqués comme parmi les habitants de la
vallée du Nil. L'Histoire a démontré que les relations, souvent conflictuelles,
entre les amazighs et les pharaons remontent à près de 3.000 ans avant J.-C. Cependant,
le calendrier amazigh est avant tout agraire, qui obéit aux cycles de la nature
: il tient probablement sa référence du calendrier julien, également agraire.
«Les Romains avaient un calendrier qui se compose de seulement 10 mois. Jules
César a ajouté, plus tard, deux autres mois pour l'année, constituée de 350
jours, d'où l'appellation de calendrier julien. Mais au 16e siècle, le chef de
l'église Grégoire III a constaté que le calendrier julien accusait un retard de
dix jours. Il a donc décidé de rajouter les 10 jours manquants et le calendrier
julien a été rebaptisé «calendrier grégorien».
Le calendrier amazigh va de pair avec le calendrier julien, tous deux
agraires et étroitement liés à la nature, à l'environnement et au climat.
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Posté Le : 08/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : J Boukraâ
Source : www.lequotidien-oran.com