Algérie

"Yennayer est une pratique de la ‘'Jahiliya''"



img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P180201-09.jpg" alt=""Yennayer est une pratique de la ‘'Jahiliya''"" /Dans cet entretien, Abdallah Djaballah, président du Front de la justice et du développement (FJD), parle de plusieurs thèmes qui font l'actualité politique et autres sujets en rapport. Ce qui est sûr, Djaballah montre dans beaucoup de situations que ce qu'il développe comme approche est parfois le contraire de ce qu'il veut dire. Mais l'attitude phare, c'est que cet islamiste rigoriste qualifie Yennayer de pratique relevant de la «Jahiliya».
L'Expression: Pouvez-vous nous donner une lecture politique de la scène nationale dans sa globalité'
Abdallah Djaballah: Par rapport à cette question, je préfère répondre en partant de ma propre conception de la définition de la politique, et sur cette base j'essaye d'aborder la réalité politique qui caractérise la scène nationale du pays. Pour moi, c'est traiter les questions qui sont en mesure de résoudre les problèmes des gens.
Si on transpose cette démarche politique que je viens d'énoncer dans la réalité propre au pays, on pourrait facilement constater que cette démarche est en parfaite contradiction avec le système politique en place qui fait de l'injustice sa pratique politique. Pour résumer la situation et essayer d'être clair, je dirais que l'élite politique représentant le système en place n'a pas une vision politique reflétant une approche digne d'un Etat.
Voulez-vous dire par là que le système politique algérien navigue à vue'
Tout le monde s'accorde à dire que le système en place est dépourvu d'une approche propre à un Etat avec des orientations et des lignes bien énoncées, surtout par rapport au modèle politique tel qu'il est exigé.
Le système en place n'est pas du tout convaincu du principe de la construction du régime démocratique et pluraliste. C'est pour cette raison que ce système n'a pas créé les conditions minimums pour la réalisation de ce régime démocratique et pluraliste et de sa réussite. Dans ce sens, un lecteur avisé de la Constitution régissant l'Etat, trouvera une espèce de dysfonctionnement manifeste en la matière. Ce n'est pas parce que ces représentants du système n'ont pas de conseillers qui puissent les orienter et leur proposer des démarches judicieuses, mais le problème est en eux, ils rejettent les conseils et les propositions qui émanent en dehors de leur sphère. C'est simple, ils veulent se maintenir au pouvoir pour longtemps.
Et surtout maintenir d'autres forces politiques qui sont ralliées à leur cause. Ce système est constitué d'une alliance qui ressemble à une entité tentaculaire où l'on trouve ce que l'on appelle la bureaucratie militaire et sécuritaire, la caste des technocrates et les hommes d'affaires.
Dans cette alliance tentaculaire il se trouve que la bureaucratie militaire et sécuritaire fait partie du monde des affaires, des technocrates de ce système et leurs enfants et leurs proches. C'est une alliance d'intérêts intrinsèques. Pour ainsi dire, ils ont fait main basse sur le pays pour sa spoliation, pour corrompre le peuple et non pas pour son progrès. Tout ça pour plaire à leurs maîtres d'outre-mer.
On comprend pourquoi la corruption est devenue légion et que les institutions de l'Etat font face à une véritable décomposition.
Quels sont votre démarche et projet pour sortir le pays de la crise en général'
Nous avons proposé des centaines de propositions pour réformer le système. Nos propositions pourraient se transformer en un grand livre, et nous continuons à faire des proposions.
Pouvez-vous nous parler de propositions de façon concrète'
Nous, nous nous comportons autrement et de manière différente par rapport aux hommes politiques de l'Occident. Les Occidentaux ne rentrent pas dans les détails du programme.
Je veux dire que l'homme politique en Occident certes, il critique le pouvoir en place, il exprime son point de vue, mais il ne propose pas de programme. Quand vous lui demandez l'alternative, il vous dit non, il faut dialoguer d'abord et si je constate qu'il y a un sérieux. A partir de là nous pouvons parler des questions partielles du programme.
Le vôtre comment se présente-t-il'
C'est vrai, mais nous, nous avons présenté plusieurs fois notre projet pour une sortie de crise. Parce que ce qui nous anime dans tout ça, c'est la religion.
Nous avons présenté des propositions en ce qui concerne la réforme, du système du pouvoir et de son administration pour que cette réforme redonne la légalité et la légitimité au pouvoir.
Considérez-vous que le pouvoir en place n'est pas légitime'
Je confirme et je le dis haut et fort, ce pouvoir n'est pas légitime. La légitimité est le prolongement des élections libres qui respectent le choix du peuple et de sa volonté. Quant à la légalité, c'est quand le pouvoir respecte ses promesses au peuple par rapport aux réalisations et quand il applique la justice et l'équité envers le peuple dans tous les domaines.
Donc, quand un pouvoir ne respecte pas ses promesses à l'égard du peuple, il perd systématiquement même cette légalité qui est intimement liée à la légitimité aussi.
Pourquoi alors avez-vous participé à toutes les joutes électorales en donnant le quitus à ce régime que vous qualifiez d'illégitime'
La raison est simple, nous faisons face à des contraintes énormes. Mais nous pouvons dire que les partis ne sont pas tous les mêmes en ce qui concerne leurs positions. Il y a des partis qui ont prêté allégeance au pouvoir, qui visent à réaliser beaucoup d'intérêts et de privilèges par tous les moyens. Pour ce faire, ils ont opté pour le chemin le plus court, celui de prêter allégeance au pouvoir. Il y a aussi des partis de l'opposition, mais qui ne sont pas aussi sur le même champ d'opposition par rapport à d'autres partis.
En ce qui nous concerne, en notre qualité de parti d'opposition, nous nous sommes retrouvés dans une position où les contraintes côtoient les exigences d'une situation politique nouvelle. Le système a fait recours à des amendements touchant la loi électorale où il vous oblige d'accepter les nouvelles règles de jeu, autrement vous serez condamné de quitter la scène politique officielle. Si vous boycottez plusieurs fois les élections, vous serez systématiquement dissous en tant que parti, sans oublier la contrainte qui a trait au seuil des 4% aussi.
Il y a aussi l'autre volet en rapport avec les exigences, qui s'impose, à savoir la préservation de notre assiette et notre potentiel électoral, la préservation de nos militants et nos cadres du parti. La majorité des gens est animée par les préoccupations de la vie séculière, rares sont ceux qui sont animés par des principes...
De quels principes s'agit-il'
Je veux dire que par rapport à ces contraintes et à ces exigences, nous avons affaire à des humains et non pas à des anges. Cela veut dire que les militants de partis sont animés par leurs intérêts matériels; c'est pour cette raison qu'ils viennent aux partis pour se porter candidats. Ils peuvent supporter la chose une fois, deux fois, mais la troisième fois, s'ils voient que cela ne peut pas se produire, ils quittent le parti pour aller voir ailleurs les possibilités de se porter comme candidats.
Et le lobby politique qui existe au sein de ce système connaît très bien cette réalité, il profite de cette situation en l'instrumentalisant pour pourrir la scène politique nationale.
Peut-on connaître votre analyse par rapport à la crise économique et financière du pays et aussi au front social qui connaît la montée des contestations et des mouvements de grève ces derniers temps'
A dire vrai, le peuple a perdu espoir en le dialogue avec le pouvoir. Pour l'unique et simple raison que le pouvoir ne respecte pas ceux qui appellent au dialogue. C'est une pratique qui s'applique aux partenaires politiques comme pour les partenaires sociaux aussi. Le désespoir est presque généralisé chez ces couches et catégories, ce qui fait qu'il n'y a que les contestations et les mouvements de grève comme seul recours pour qu'elles puissent arracher leurs droits légitimes. Elles ont entièrement raison dans ce sens, parce que le système politique en place a fermé toutes les portes du dialogue. Le système ne veut pas dialoguer, et même s'il accepte de dialoguer, il ne respecte pas ses engagements.
Depuis l'indépendance à nos jours, le système politique en place n'a pas institué une politique des salaires. Il est temps de revoir tout ça, y compris pour les médecins qui sont considérés comme catégorie la plus lésée en matière de rémunération et de salaire afin qu'ils soient rétablis dans leurs droits.
Vous avez abordé la question de tamazight d'une façon qui donne l'image de quelqu'un qui rejette d'emblée cette langue jusqu'à dire qu'il faut la rattacher à la langue arabe en matière d'écriture. Vous avez aussi dénoncé Yennayer comme fête nationale. Pourquoi ce rejet hermétique d'une identité propre à ce peuple'
Nous maintenons notre position par rapport à tamazight, et nous donnons des explications dans ce sens. Ce qui nous intéresse par rapport à ce volet, c'est de préserver et de sauvegarder l'unité de la nation algérienne. Les Arabes et les Amazighs ont vécu ensemble pendant des siècles. Ils ont une histoire commune et nous voulons qu'ils aient un destin commun. Or, cela ne peut se faire que si les liens approfondis entre les deux, c'est-à-dire les Arabes et les Amazighs, dans une perspective de coopération entre eux. Une manière de permettre à l'Algérie de vivre sa paix et sa quiétude. Ce qui pourrait réaliser cette paix et cette quiétude c'est bien de donner plus de valeur et d'importance à la langue arabe. Ce n'est pas la langue française qui pourrait unir les Algériens. Deuxièmement, son écriture en lettres alphabétiques arabes renforce cette unité. Je n'ai jamais été contre l'enseignement de la langue amazighe. Je parle en connaissance de cause; je sais parfaitement qui est derrière cette question de tamazight depuis 1840, comme je connais tout le long parcours de cette dernière et les visées qui se cachent derrière et je sais bien comment cette question a rebondi à nouveau durant les années quarante du siècle écoulé. C'est pour cette raison je dis que je rejette le fait que cette langue soit écrite en lettres latines plutôt qu'elle ne soit écrite en lettres arabes.
Ceux qui se cachent derrière la revendication de tamazight veulent servir les intérêts de la langue française et les lobbies qui périclitent autour.
Pourquoi on ne laisse pas les académiciens faire leur travail, celui de réhabiliter le tifinagh'
Je n'encourage pas la réhabilitation de lettres alphabétiques qui font partie des cimetières de l'Histoire; par contre, la langue arabe dispose de lettres vivantes. Je vous fais savoir qu'une institution scientifique universelle qui siège à Londres, spécialisée dans l'étude de l'histoire des langues, avait conclu que les 1000 langues dont dispose le monde sont toutes dérivées de la langue arabe.
Est-ce que c'est fondé'
Moi, en ce qui me concerne, je ne sais pas. Vous pouvez entrer en contact avec cette institution britannique pour en savoir plus. Je vous dis une autre chose aussi, que toutes les langues vont disparaître, sauf la langue arabe, laquelle va survivre.
Qu'est-ce qui vous fait dire ça'
C'est comme ça, elle a été fondée de telle sorte qu'elle ne disparaisse pas...
Et Yennayer'!
Je le dis clairement, Yennayer est une pratique païenne de la «Jahiliya», l'islam est venu pour combattre cette «Jahiliya». Et moi je ne crois qu'à deux fêtes, la fête de l'Aïd El Fitr et celle de l'Aïd El Adha.


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