Algérie

Yennayer en Algérie : Carnaval, mets traditionnels et mythes ressuscités



Yennayer en Algérie : Carnaval, mets traditionnels et mythes ressuscités
Photo : Slimene S.A. Le nouvel an berbère n'est pas célébré de la même façon en Algérie. Dans chaque région, il est fêté selon des croyances et des conceptions symboliques qui remontent à plus de 2000 ans. A Tlemcen, Yennayer devient un personnage sous les traits d’une lionne qui mourra pour symboliser l’année écoulée et ressuscitera pour symboliser la nouvelle année. «Le mythe de Yennayer est conté à travers un carnaval Ayred (lion). Avant, il était célébré dans toute l’Afrique du Nord. Aujourd’hui, il n’est honoré qu’à Tlemcen, dans le village de Béni Snouss. A cette occasion, tous les villageois se déguisent et se prêtent tous au jeu de Yennayer, fait de rire et d’émotion», explique Abdelaziz Mahboub, universitaire de Tlemcen, lors d’une conférence sur la dimension nationale de la tradition de Yennayer, organisée par le haut commissariat à l’amazighité (HCA) à Ghardaïa. «A l’issue du carnaval, poursuit-il, le cheikh du village ou le «Mokadem» récite la «sourate de la Fatiha» pour que la «Baraka» couvre le village à l’occasion de la nouvelle année». «Il est vrai qu’au fil des siècles, Yennayer a perdu quelque peu de sa croyance, tout en gardant toutefois, sa nature festive. Mais ce carnaval n’est pas du folklore. C’est une rencontre avec nos ancêtres et un rendez-vous avec les sens cachés», estime  cet universitaire. A Ghardaïa, le nouvel an berbère ou  «Yennar», comme l’appellent les mozabites, porte une dimension religieuse plus qu’autre chose. «Yennar qui est célébré chez nous le 7 et le 8 janvier, est une occasion de  nous rapprocher de Dieu, en récitant le coran et en lui adressant des prières. C’est aussi une occasion d’organiser la nouvelle saison agraire. Depuis quelques temps, nous avons généralisé la célébration de cet événement partout à Ghardaïa, en allant vers les populations qui vivent en dehors des murs de nos cités», explique Abdelwahab Fekhar, universitaire à Ghardaïa. Dans le même sillage, Hacene Helouane, universitaire à Tizi-Ouzou, assure que le HCA a fait sortir cette fête du cadre familial pour la transporter sur la scène publique. «En dehors de son cadre familial, Yennayer nous permet de nous redécouvrir et d’aller à la rencontre de l’autre, comme c’est le cas aujourd’hui à Ghardaïa», dit-il en faisant savoir que, pour les habitants de la Kabylie, Yennayer, c’est le retour des invisibles et des morts. «En fait, c’est la rencontre entre ceux qui sont partis et ceux qui vont venir. Ce ne sont, certes, que des mythes, mais ils portent tout un symbole et reflètent l’imaginaire collectif», explique-t-il. A Tipasa, Yennayer est porté essentiellement par les femmes, révèle Abdellah Bendaoud, universitaire à Tipasa. La veille du nouvel an berbère, raconte-t-il, les femmes se rendent en forêt pour chercher les herbes avec lesquelles elles prépareront les différents plats pour la fête de Yennayer.Le soir, les habitants se réunissent autour du feu et veillent jusqu’au matin en jouant au jeu de la devinette. Le lendemain, les femmes égorgent des volailles qu’elles préparent avec du «Berkoukes». «Aux environs de Cherchell, Yennayer est célébré dans la rue, accompagné de tout un programme festif», conclut-il.


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