Yémen : Le pays de Saba au bord du gouffre

La paix semble à tout jamais quitter le Yémen. Après une amnistie accordée aux rebelles au mois de mai par le président Salah et un cessez-le-feu entré en vigueur en février, le pays est une nouvelle fois plongé dans un cycle de violence. Entre Al-Qaïda, les rebelles houthis au  Nord et les séparatistes au Sud, le gouvernement yéménite se trouve dans une situation plus que pénible. Ainsi, jusqu'à 200 soldats auraient été capturés par les houthis, lundi, au terme de violents combats avec la tribu des Ben Aziz, soutenue par l'armée. «Deux cents militaires ont été faits prisonniers par les houthis», selon les propos d'un militaire recueillis par l'AFP.  En prenant le contrôle d'une position militaire, les houthis ont conquis Al-Zaala, un emplacement stratégique situé à  Al-Amichiya, dans la province d'Amrane (nord du Yémen). Les négociations de trêve en cours depuis le 18 juillet se sont effondrées, dimanche, en raison d'un différend portant sur le contrôle de la position d'Al-Zaala. Pour les houthis, de l'avis de leur porte-parole, Mohammad Abdessalam, la chute d'Al-Zaala «est de nature à  consolider la paix et la stabilité dans la région», ajoutant qu'ils ne veulent la paix qu'après le départ des seigneurs de la guerre d'Al-Zaala. Quant au bilan, il s'élève à  plus de 68 victimes. Sur un autre front, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) a frappé de nouveau dans le sud du pays. Lundi, après avoir tué six soldats de l'armée yéménite, lors d'une attaque contre un site pétrolier dans la province de Chabwah (sud-est du Yémen),—exploité par le groupe énergétique autrichien OMV—, elle a éliminé quatre autres dans une embuscade dans la province de Lahj. En quatre jours une série d'attaques a été menée contre des militaires  par l'Aqpa dans cette province. Zayed al-Doughari, l'un des plus importants dirigeants d'Aqpa dans la province de Chabwa figure parmi les trois membres du réseau tués. La province de Chabwa est un fief d'Aqpa et le bastion de la tribu des Al-Awalaq, à  laquelle appartient l'imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi. Ce dernier est recherché depuis des mois par Washington et Sanaa. Le Yémen a intensifié sa lutte contre Al-Qaïda depuis fin 2009 après la revendication du groupe de l'attentat manqué du Nigérian qui avait tenté de faire exploser en vol le 25 décembre un avion de ligne américain. Cependant, les mesures sécuritaires prises par le régime yéménite et l'aide de l'Occident n'ont pas empêché Al-Qaïda de poursuivre ses attaques dans la région.