Algérie

«Yasser Arafat, un homme, un combat», par Chérif Abdedaïm



Le «Yasser Arafat», de Chérif Abdedaïm, répond à bien des questions que j'aurai aimé poser à l'homme que j'ai approché à plusieurs reprises à Baghdad du temps de Saddam Hussein. Certes, il existe beaucoup d'ouvrages sur «Abou Ammar», mais j'avoue n'en avoir lu aucun. Partisan de la lutte armée pour décoloniser la Palestine, je respectais et admirais le combattant, mais n'approuvais pas vraiment sa stratégie pour y parvenir.Cela dit, la libération de la Palestine est d'abord l'affaire des Palestiniens. Il était président de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et tout ce qu'il décidait avait une portée historique. On ne pouvait que soutenir le symbole qu'il représentait quand il était assiégé par l'armée de Hafez al-Assad à Beyrouth, ou par l'armée israélienne à Ramallah même si l'on n'avait pas approuvé les accords d'Oslo.
D'abord un feddaï
Chérif Abdedaïm n'apporte pas seulement des informations inédites sur sa naissance et sa jeunesse dans l'entourage de Hadj Amin al-Husseini, mufti de Jérusalem, le présente d'emblée comme un feddaï en puissance avec sa participation à l'organisation militaire Al Jihad Al Moukaddas Al Moussallah (La lutte sainte et armée), dirigée par le légendaire Abdelkader Al-Husseini, puis à une unité combattante dans le Néguev. Démoralisé un temps après la défaite des armées arabes et la signature d'un armistice avec les Israéliens, il a poursuivi ses études au Caire où il a rencontré des étudiants ayant les même convictions que lui, avec qui il formera plus tard le Fatah. Titulaire d'un diplôme d'ingénieur civil, il n'en participait pas moins à des opérations antibritanniques organisées par les Frères musulmans, puis se rapprocha des Officiers libres qui porteront au pouvoir le colonel Nasser.
Chérif Abdedaïm nous fait vivre presque dans le détail l'histoire de la création du Fatah et des premières organisations palestiniennes. Toutes plaçaient comme priorité la libération de la Palestine «de la Méditerranée au Jourdain». La Guerre de libération algérienne était pour elles un exemple à suivre. On en est loin aujourd'hui, depuis qu'elles ont déposé les armes. L'auteur nous rappelle les démêlés des nationalistes palestiniens avec les régimes arabes qui cherchaient à les instrumentaliser et qui les percevaient comme des empêcheurs de tourner en rond, ce qu'ils faisaient ? eux ? admirablement bien? En février 1969, ce fut la consécration pour le Fatah : Yasser Arafat étant élu président du Comité exécutif du Conseil national palestinien, c'est-à-dire de l'OLP.
De Septembre noir aux accords d'Oslo
J'ai résumé jusqu'ici les premiers chapitres de l'ouvrage, mais pour la suite des évènements : il faut lire «Yasser Arafat, un homme, un combat», bien documenté et passionnant, notamment les passages consacrés à Septembre noir, au massacre de Sabra et Chatila, au déclenchement de la première Intifada, à la relation d'Arafat avec Cheikh Yassin ? fondateur du Hamas -, à l'assassinat de ses compagnons à Tunis par le Mossad? etc. etc., jusqu'à son terrible accident dans le désert libyen et, enfin, aux accords d'Oslo qui auraient dû déboucher sur la création d'un Etat palestinien? sur une partie de la Palestine. Yasser Arafat était conscient du double jeu israélien. Les accords d'Oslo ne signifiaient pour les sionistes que la création d'«un bantoustan palestinien en faisant miroiter à Arafat et à la direction de l'OLP les prérogatives et les privilèges du pouvoir». Et c'est ce qui est advenu, avec en prime, l'implantation de nouvelles colonies et l'empoisonnement «présumé» de Yasser Arafat. L'auteur y consacre un chapitre qui ne laisse aucun doute sur son assassinat.
L'annexion de la Cisjordanie est programmée
Aujourd'hui, en Israël, après la proclamation de Jérusalem capitale d'Israël par Donald Trump, il est question d'annexion de la Cisjordanie. Et après, quoi ' Progresser vers l'Euphrate : qui sait ' Israël ? comme en son temps les royaumes croisés d'Orient - joue la montre. Mais rien n'est jamais définitif. Yasser Arafat en a fait partiellement la preuve. Qui achèvera la mission que s'étaient donnés «Abou Ammar» et ses compagnons ' Avec son «Yasser Arafat», Cherif Abdedaïm nous fait finalement aimer un homme qui restera comme l'a écrit Nelson Mandela «un symbole d'héroïsme pour tous les peuples du monde qui luttent pour la justice et la liberté»? même si, comme moi, on n'a pas approuvé les accords d'Oslo ! A signaler, enfin, que cet ouvrage de 266 pages, publié aux Editions Dar El Wassit, sera présenté et dédicacé par l'auteur au prochain Salon International du Livre d'Alger.


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