Algérie

Yamanda Akroune. Auteure : «Numériser ce patrimoine oral pour apporter la sagesse intemporelle à la nouvelle génération»


Yamanda Akroune, 24 ans, vient de publier à compter d'auteur une anthologie sur la sagesse populaire algérienne. Cette jeune auteure a gentiment accepté de répondre à notre jeu de question autour de son ouvrage qui gagne à se faire connaître.Propos recueillis par
Nacima Chabani
Comment vous est venue l'idée de la publication de cette anthologie sur la sagesse populaire algérienne '
Cela a commencé d'une enfance bercée de proverbes auprès de ma grand-mère Zohra. J'ai grandi autour de cela. C'est avec les mots de ces proverbes que je me suis forgée une personnalité. Au fil du temps, j'ai commencé à les amasser dans un petit carnet tous les proverbes de ma grand-mère venait me contait. Mon concept, c'est Mané Used to say. Mané, c'est comme cela que j'appelle ma grand-mère et Used to say a pour signification «disait». C'est ce qu'elle a toujours eu l'habitude de dire ces paroles-là. J'ai commencé à écrire sur un petit carnet quand j'étais adolescente. J'ai commencé à prendre conscience de l'importance de ces proverbes en 2006, année où j'ai terminé ma scolarité au collège. J'ai collecté un ensemble de proverbes mais je n'ai sélectionné seulement 365 proverbes.
Ces proverbes sont-ils la résultante d'une transmission générationnelle via l'oralité '
Effectivement, il s'agit de proverbes qui sont passés de génération en génération. Ma grand-mère a eu, elle aussi, ses proverbes de sa propre grand-mère et de sa mère. C'est par le biais de l'oralité que tous ces proverbes ont été transmis. Il est important de souligner que l'ouvrage « Mané Used to say», j'ai opté pour un grand caractère pour la version en arabe et en plus petit la version en lettres latines. Par contre, il n'y a ni traduction ni explication. Dans un premier temps, j'ai opté pour un livre soft.
Combien de temps avez-vous mis pour sélectionner cette série de proverbes '
Pour conceptualiser le tout, j'ai lancé le projet sur les réseaux sociaux avant la vente du livre en janvier 2020. J'ai construit une communauté pendant une année jusqu'en janvier 2021 qui avoisine, aujourd'hui, les 100 000 abonnés.
Et pour célébrer cette première année sur les réseaux sociaux et tout le succès qu'ont ont eu ces sagesses, j'ai décide de les regrouper et d'en rajouter deux nouvelles sur le livre. J'avais publié donc une centaine au courant de l'année, et par la suite, j'ai en rajouté 265 dans le livre. Ce sont des exclusivités.
Pour la sélection, l'idée du livre a commencé quelques mois après le lancement sur les réseaux sociaux vu l'intérêt et vu le retour des jeunes surtout. Je voulais aussi reconnecter cette jeunesse avec la lecture, la littérature et avec l'esprit du livre. Les réseaux sociaux, c'est bien mais cela reste virtuel. C'est vers mars 2020 que j'ai commencé à faire une petite sélection et à trier un peu pour avoir ces 365 proverbes sélectionnés.
Chaque sagesse populaire algérienne est rehaussée d'un visuel?
Il y a de petites icônes, juste pour rappeler le contexte. Par exemple, quand cela parle d'un cheval, je mets un icône cheval, etc. Comme il y a 365 proverbes, pour ne pas faire un livre monotone, j'ai alterné avec des photos de l'Algérie que j'ai prises moi- même.
Comme, je suis passionnée de photographie, chaque proverbe est alterné avec une photo. A titre d'exemple, on retrouve, par exemple, un visuel du sanctuaire des martyrs à Riadh El Feth, la Grande-Poste, Alger-Centre, la Ville des Ponts suspendus ou encore des portraits. Je propose, uniquement, des visuels de l'Algérie. J'ai fait des photos un peu partout. J'ai fait plusieurs wilayas ces derniers temps, dont entre autres Ghardaïa et Djanet
A qui s'adresse cette anthologie de sagesse populaire '
C'est un livre qui s'adresse à toute la population algérienne, notamment les jeunes afin qu'ils ne l'oublient pas leur patrimoine ancestral. Je voulais cet aspect tangible de la chose. Si ces proverbes ne passent pas de bouche à oreille, ils ne passeront jamais. Autant mettre cela sur un livre pour que cela soit matériel pour préserver cette précieuse mémoire.
Pourquoi avoir emprunté la voie de l'auto-édition '
Personnellement, j'aime avoir le contrôle sur tous les aspects de mon projet. Il fallait que je commence de la base jusqu'à la fin. Je ne voulais aucun intermédiaire entre moi et mon livre. Ni encore entre moi et mes lecteurs. Cela a été un choix difficile à prendre, mais pour cela, il fallait le coup au final, car j'ai eu exactement ce que je voulais. Personne n'a pu interférer.
Comment voyez-vous la promotion de votre ouvrage, sachant que vous ne voulez pas être identifier à l'image '
Comme j'étais bien implanté sur les réseaux sociaux, j'avais déjà ma communauté qui était assoiffée et en attente de quelque chose de ma part. En toute modestie, je ne vous cacherai pas que les premiers exemplaires ont été écoulés rapidement. Là, je suis en train de m'implanter, tout doucement, dans les librairies d'Alger. Au niveau de la communication, je gère sur les réseaux sociaux. J'ai été démarchée aussi par la presse, la radio et la télévision. J'accepte timidement quelques interviews mais je préfère rester anonyme tout de même. Personne n'a d'image réelle sur ma personne. Tout est concentré autour de mon logo. Je donne mon nom, mon prénom et mon âge mais sans plus. Pour le moment, il n'y aura pas de présentation physique de mon livre. Je préfère garder ce côté mystérieux.
Mais pourquoi tout ce mystère autour de votre image '
J'ai mis du temps pour construire cette image de marque. Je n'ai pas envie qu'on a associé mon visage. Cela pourrait casser un peu le mythe si je puis dire. Je sais pertinemment que tôt ou tard, je serai appeler à me dévoiler.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour éditer votre ouvrage '
Disons qu'il n'y a pas eu de difficultés mais il y a plutôt eu des fronts à affronter et à dépasser. Il fallait être sur les tous les fronts en même temps. C'était cela un peu la difficulté. Cela reste, tout de même une expérience. Toutes les chutes représentent une expérience pour moi, mais le plus dur était d'être sur tous les fronts. Il fallait gérer entre autres le côté administratif, informatique, l'imprimerie, la communication. Sans prétention aucune, j'étais la cheville ouvrière de ce beau projet artistique. Il fallait être partout. Il faut dire aussi qu'il faut toujours être partout actuellement. C'est aussi toujours moi qui m'occupe du forum, des dédicaces, sauf la livraison. J'ai fait appel à une société de distribution qui s'occupe de la distribution à travers le territoire national.
Après la publication de cet ouvrage, avez-vous d'autres projets d'écriture '
J'ai de petites idées, mais je n'ai rien de concret pour le moment. Peut-être qu'il y aura un deuxième livre, axé sur la cuisine avec des recettes de ma grand-mère.
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