Algérie

Yahia, en bleu malgré tout



« Je ne me vois pas travailler dans une autre entreprise ! Elle a fait de moi quelqu'un de passionné qui s'attache à son métier, en dépit des aléas du quotidien. » Mohand Ouarab Sellou dit Yahia, 59 ans, travaille depuis 29 ans à l'Etusa. Aujourd'hui, cet ex-chauffeur de la RSTA passe toutes ses journées à la place du 1er Mai en tant que contrôleur, à superviser la station et à orienter les usagers avec un sourire et une sympathie inégalés. Car Yahia ne peut plus conduire. Le 17 décembre 2003, il a été victime d'un tragique accident à bord d'un bus privé qui transportait une trentaine de voyageurs des Deux Moulins vers Bab El Oued. Le drame a fait 17 morts et plusieurs blessés. Yahia, lui, a perdu l'usage de son bras droit. « Je n'ai pas accepté mon statut d'invalide et je me suis battu pour regagner ma place dans l'entreprise. Actuellement, même si je n'occupe plus le poste de chauffeur, je me sens utile car, d'une manière ou d'une autre, je rends service aux voyageurs et à mon entreprise. » Les années difficiles de l'ex-Régie, le contrôleur s'en souvient. Avec les autres salariés, pendant deux ans, ils n'étaient pas sûrs de toucher leurs salaires en fin de mois. Mais cela n'a pas dissuadé Yahia de continuer. « Si nous étionst tous partis, l'entreprise aurait fermé », se souvient-il, ému. Alors bien sûr, tout ne roule pas comme Yahia le voudrait. « Les choses évoluent mais, avant, on mettait à peine 15 minutes pour aller de la place du 1er Mai à Bab El Oued. Aujourd'hui, avec tous les véhicules qui roulent à Alger, les barrages de sécurité et le non-respect du code de la route par certains chauffeurs, le bus fait un trajet d'une heure, ce qui fausse nos plannings et nous contraint à revoir nos ambitions à la baisse' » Entre deux clients qui l'interpellent : « Comment je fais pour aller à la place des Martyrs ' », ou se plaignent : « Hier, le bus s'est arrêté place des Martyrs alors qu'il devait aller à Bab El Oued ! S'il vous plaît, faites quelque chose ! », Yahia garde le sourire. Le service public, c'est dans le sang. La preuve, son fils est aujourd'hui chauffeur de bus'. à l'Etusa !


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