Tlemcen - Yaghomracen Ibn Zyan

Yaghmorasen, Fondateur de la dynastie amazighe des 'Abd al Wâd.



Yaghmorasen, Fondateur de la dynastie amazighe des 'Abd al Wâd.

Yaghmorasen Ibn Ziyan régna entre 1231-6 et 1283 sur tout l'ouest algérien et fit de la ville de Tlemcen une grande capitale, rivale de Fès et de Tunis.
Certains auteurs ont tenté de lui donner une origine arabe mais c'était un Amazigh qui, au début de son règne, ne parlait que le Tamazighte. Lui-même ne croyait pas aux généalogies qu'on voulait lui forger et il répondit un jour, à des courtisans qui tentaient de le faire descendre du Prophète: " Si ce que vous affirmez est vrai, c'est une chose qui nous sera avantageuse devant Dieu et l'autre monde, quant à l'empire d'ici-bas, c'est uniquement à nos épées que nous le devons !". (Rapporté par Ibn Khaldûn).

En 1235-36, Yaghmorasen prit le commandement de son clan, succédant à son frère Abû 'Izza Zegdan Ibn Ziyan. Il s' était imposé, ainsi que le soulignent ses biographes, non pas par la force mais par son courage, son habilité politique et surtout sa piété et son sens de la justice. Il fut aimé et respecté de ses sujets qui l'appelaient dadda, mot amazigh signifiant selon les dialectes, " père ", " frère aîné " ou " grand chef ".

Yaghmorasen fut un grand guerrier. Il combattit les derniers Almohades ainsi que les tribus amazighes et arabes qui contestaient son autorité. Mais ses plus grands adversaires furent les Mérénides, des Amazighes zénata comme les 'Abd al Wad, qui régnaient à la même époque sur le Maroc. Il dut les combattre tout au long de son règne et consentir de grands sacrifices pou leur Reprendre les territoires qu ils lui avaient arrachés. Pour affirmer son indépendance dés Almohades. Yaghmorassen fit supprimer leur cérémonial et leurs titres dans son royaume, mais il concerva le diplome dont ils l'avaient investi. En revanche, il refusa de reconnaître l'autorité de leurs successeurs, les Mérénides. Il s'opposa aussi aux H'afcides de Tunis mais ne remit pas en cause la dignité califale qui leur échue et, pour vivre en paix avec eux, il maria son fils à une de leurs princesses.

Si Yaghmorassen fut un guerrier valeureux, il fut aussi -et c'est son plus grand titre de gloire -un grand mécène. Cet homme illettré qui vécut longtemps sous la tente, fit honneur aux savants du Maghreb et accueillit avec générosité les Iles de lettres et les artistes qui avaient fui l'Andalousie. Il accorda à ces derniers sa protection et en fit ses amis personnels. En retour, ils l'aidèrent à embellir sa capitale et à lui donner une splendeur qui n'avait d'égale que celle de Cordoue que les Musulmans venaient de perdre.

Sa résidence, le meshwar, littéralement, "lieu où on tient conseil", était selon les témoins de l'époque, une véritable oeuvre d'art, chargé de pièces d'eau, de portiques et de plafonds polychromes.

Yaghmorasen fut aussi un grand bâtisseur. Le minaret de la grande mosquée actuelle, dans l'emplacement de l'ancienne Tagrart, fut édifié sous son ordre. Lorsque les architectes lui proposèrent, à la fin de l'ouvrage, de faire graver une dédicace à son nom, il s'y opposa en disant: "Yessen Rabbi'" en Tamazighte : "Dieu le sait". Cette anecdote donne la mesure de la piété mais aussi de la modestie de ce grand roi qui mourut en 1283, à l'âge de soixante-seize ans et après un règne de quarante quatre ans. Sa réputation avait dépassé les frontières du Maghreb. L'auteur espagnol de la Chronique d'Alphonse XI écrit à son propos : "Comorasen était un homme très courageux car on dit que dans ce temps, il n 'y avait pas de chevalier maure qui put le vaincre dans le combat d'homme à homme."




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