Yacine Krim. Directeur général de l'Etusa : «A terme, il y aura un ticket à usage multiple»

-L'Entreprise publique de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) a été restructurée de sorte à devenir une entreprise économique qui génère des richesses. Le bilan 2011 symbolise-t-il cette nouvelle stratégie '
Avant de parler du bilan 2011, je voudrais d'abord rappeler que l'Etusa a été créée en 2003 par décret exécutif qui a consacré le changement de son statut. Nous poursuivons actuellement le programme de mise en place d'entreprises de transport urbain dans chaque wilaya. L'Etusa a été choisie par le ministère des Transports pour l'assister dans ce projet. Nous nous chargeons de former les équipes et nous avons signé un contrat avec la SNVI à cet effet.Nous sommes parvenus, aujourd'hui, à couvrir 42 wilayas sur les 48 par l'implantation d'entreprises de transport urbain.
Depuis 2008, nous avons tracé un programme de développement à moyen et à long termes après que l'entreprise eut connu plusieurs opérations de restructuration. De nouveaux moyens de développement ont été mis à la disposition de l'Etusa depuis 2008. A cette date, nous avions 350 autobus, 300 en 2009 suite à la mise à l'arrêt de certains véhicules pour les besoins de renouvellement de la flotte pour arriver ensuite, en 2010, à 650 autobus après nous être investis à nouveau dans le transport des étudiants. Les effectifs sont passés de 2500 en 2008 à 2700 en 2012. Cette hausse s'explique en partie par la mise en service de quatre téléphériques et des premières lignes du tramway ainsi que le développement d'un réseau dédié au transport des étudiants et un second au transport du personnel.
-Il y a manifestement une évolution en matière d'exploitation et de déploiement. Qu'en est-il aujourd'hui de la santé financière de l'Etusa '
Cette évolution est le fruit d'abord de la prise en charge par l'Etat de certaines difficultés dont souffrait l'entreprise, à savoir l'assainissement de la trésorerie qui était affectée par l'endettement. Nous avons pu avoir un rééchelonnement sur 15 années des dettes d'investissement et d'exploitation qui étaient d'environ 600 milliards de centimes. Nous avons eu récemment un accord pour l'acquisition de 300 autres autobus auprès de la SNVI. Cet accompagnement par l'Etat nous a facilité la tâche pour le développement de l'entreprise. Nous avons consenti des efforts supplémentaires au niveau de l'exploitation, en accord avec le partenaire social, à même de rééquilibrer le redéploiement des effectifs. Ces derniers ont été réaffectés à la maintenance dès que les besoins au niveau de l'exploitation se sont quelque peu estompés.
Nous avons fait récemment un sondage d'opinion sur la qualité de service et nous sommes parvenus à un taux de satisfaction de 70%.
En ce qui concerne la santé financière de l'entreprise, vous savez que le transport urbain à travers le monde est subventionné par l'Etat. Vous savez aussi que dans la loi de finances 2009 il a été décidé de constituer un fonds d'aide au transport collectif. Nous avons été autorisés à bénéficier de ce fonds pour l'exploitation et le soutien à la tarification. Nous sommes en attente des décisions inhérentes qui devraient sortir sous peu.
-Vous venez de parler d'un plan de développement à moyen et à long termes. Qu'est-ce qui a été fait jusqu'ici et quels sont vos projet inscrits dans ce plan de développement '
Dans le plan de développement en question, nous avons prévu d'entamer les discussions avec la SNVI incessamment ; l'acquisition se fera en fonction de la production. Mais nous envisageons d'acquérir 300 bus dans un délai de 18 mois à deux années. Nous avons un premier programme d'acquisition de 1020 bus pour les entreprises de transport de wilayas. Nous envisageons aussi de développer la formation dans le cadre de nos perspectives à court terme et nous sommes parvenus déjà à assurer plus de 2011 actions de formation jusqu'à l'année dernière. Nous avons pu développer aussi la billetterie électronique et cette informatisation nous a permis de récolter toutes les informations journalières et mensuelles dans un back-office. S'ajoute à cela la salle de géolocalisation équipée d'un logiciel informatique qui est déjà opérationnelle. Nous envisageons à moyen terme de développer un peu plus le volet «ressources humaines» en lançant des formations diplômantes. Nous privilégions aussi les cadres de discussion dans nos relations avec notre personnel lorsqu'il s'agit de définir ou redéfinir les règles, les droits et les devoirs de chacun.
Aujourd'hui, les salaires au niveau de l'Etusa sont supérieurs à 22 000 DA, toutes primes confondues incluses. La wilaya d'Alger vient de nous attribuer des terrains à la périphérie des autoroutes pour permettre à la logistique de l'entreprise de se déployer davantage au niveau des localités de Baba Hassen, El Harrach et Rouiba. Nous avons aussi un autre projet avec le ministère de l'Energie et des Mines qui consiste à acquérir 100 autobus fonctionnant au gaz naturel comprimé (GNC). Des discussions ont été entamées et je pense que le bus sera fabriqué par la SNVI, mais nous n'en sommes qu'au stade des discussions.
-Le transport des étudiants et des personnels et le tramway sont-ils rentables pour l'Etusa '
Effectivement, ce sont des activités rentables. Je dirais même une bouffée d'oxygène pour l'entreprise. Idem pour ce qui est de l'activité de l'exploitation du tramway d'Alger. Nous avons un contrat qui nous lie à l'Entreprise du métro d'Alger qui nous donne le statut d'exploitant. L'Etusa seul ne peut pas décider d'aller vers un ticket unique pour ses réseaux tramway et métro. Nous travaillons, néanmoins, avec l'Entreprise du métro d'Alger et le ministère des Transports à cet effet. Je pense qu'à terme, nous aboutirons à un ticket à usage multiple sur les différents réseaux. Il est clair qu'il y a là un intérêt économique pour tous. Pour revenir au transport du personnel, je dois préciser que nous avons en tout 50 minibus, microbus et autobus dédiés au transport du personnel. Nous transportons actuellement les travailleurs d'Air Algérie, de Mobilis, de la BDL, de la SNTR récemment ainsi que le personnel de la wilaya d'Alger.