YA BAHDJATI ! : Djenane El Khyate la résidence des deux princesses, Khdaoudj et Lalla Fatma

Kane Ya makane, il fut et il en sera de l'histoire d'el Djazair. Ainsi , en est-il du récit sur Djenane El Khyate ou Djenane Hassen Khodja qui n'est que la résidence de Khdaoudj El aamia., la princesse aux yeux bleus éteints à la lumière. Héritière de l'imposante demeure  en même temps que celle de  sa sœur, la princesse Fatma, legs de leur  père Hassen Pacha, ancien khaznadji devenu Dey, Khadoudj qui dit-on devint aveugle pour s'être trop admirée dans son miroir, avait dans un geste d'offrande à  Dieu cédé la campagne autour de sa propriété aux habous  ou bureau musulman de bienfaisance.Salles spacieuses aux murs plaqués de faïence rare et unique, portes ogivales en bois noble sculpté par les meilleurs des artisans, divans à  l'ottomane recouverts de soie, plafonds rehaussés de broderie de plâtre, fine dentelure ou rosaces et fleurs entrelacées . Les chambres parfumées à  l'ambre et parfums uniques étaient  meublées de mobilier  luxueux   digne des deux princesses.  Il faut compter avec les jardins intérieurs foisonnant de plantes  venues de cieux étrangers et  le susurrement des fontaines qui offraient  aux deux sœurs, filles de Hassen Pacha, des lieux  de vie dignes du rang qu'elles occupaient. Triste destin que celui de la villa du tailleur située à  quelques battements d'ailes de Ayoune Z'reuk, la fontaine bleue comme l'étaient les prunelles de Khdaoudj. Prodigue, Khdaoudj légua une aile de sa propriété à  sa nièce la princesse N'fissa et l'autre aile à  Lalla Anissa bent Abdallah, d'origine géorgienne et ancienne esclave de Khdaoudj et Lalla Fatma. Le sort s'acharnera sur Djenane El Khyate qui sera mis sous séquestre par l'armée coloniale et cédé au Général Yusuf. Ce dernier au destin non moins exceptionnel, puisqu'il a été enlevé par les corsaires tunisiens, lui l'enfant chrétien de l'île d'Elbe. Devenu musulman par l'éducation reçue depuis son âge, Yusuf ou Youssouf, doublement renégat proposera son appui au Corps expéditionnaire de Sidi Ferruch.  Avant de refermer les pages du livre de la mémoire, le conteur pria au repos de l'âme de Khdaoudj, Fatma, N'fissa et Anissa … Il  chaussa ses babouches en cuir et se repris à  retrouver  le chemin  du passé.