Algérie

Y a-t-il un juste prix pour la baguette de pain ? Entre l?officiel et les «recettes» des boulangers



«Il n?y aura pas de hausse du prix du pain». La récente déclaration du ministre de l?Agriculture ne semble rassurer ni les professionnels ni les consommateurs, qui assistent impuissants, ces dernières semaines, à une dégringolade soutenue de leur pouvoir d?achat.Sur le terrain, ces assurances ne reflètent pas la réalité des prix pratiqués et par certaines minoteries et par les boulangers. Le prix du quintal de farine a augmenté sensiblement «pour atteindre dans certaines régions les 2.200 dinars, voire 2.400 dinars, comme c?est le cas dans la wilaya de Tiaret», confie M. Medjoub Benabdesselam, président du comité national des boulangers pâtissiers. Les «assurances» des pouvoirs publics quant au maintien du prix du pain cachent mal les inquiétudes des professionnels. «Le prix du quintal de farine ne cesse de prendre l?ascenseur malgré le soutien de l?Etat. La spéculation est pratiquée par certaines minoteries qui bénéficient des subventions publiques», précise notre interlocuteur.Il ajoute que la spéculation n?est pas l?unique cause de la hausse, il y a aussi la forte demande sur la farine de qualité qui est très prisée par les professionnels. Les boulangers sont également montrés du doigt puisque nombre d?entre eux ne respectent pas toujours les prix fixés. La baguette de pain normal à 7,5 dinars a déserté depuis des années les étals des boulangeries, qui proposent du pain «amélioré» à 8,5 dinars et souvent à 10 dinars la baguette. Des boulangeries se sont converties dans la vente de ces baguettes qui n?ont, bien sûr, d?amélioré que le nom, profitant dans certains cas de l?absence des services chargés du contrôle des prix et de la qualité. «Vous pouvez faire le tour des boulangeries et je vous défie de trouver une seule baguette de pain normal à 7,5 dinars», lance ce père de famille. Et d?enchaîner: «On nous vend du pain normal à 8,5 dinars, mais souvent à 10 dinars la baguette, puisque certains boulangers ne rendent pas le reste sous prétexte qu?ils n?ont pas de monnaie».La situation est due, selon un boulanger, à l?absence de textes réglementaires pour fixer le prix du pain dit spécial ou «amélioré». Du coup, chaque boulanger peut produire du pain «amélioré» et imposer son prix sans être inquiété par les services concernés. Mais d?autres boulangers, par contre, expliquent que ce sont les consommateurs qui les contraignent à produire uniquement du pain amélioré au lieu de celui dit normal. Les consommateurs sont devenus très exigeants quant à la qualité du pain, surtout durant le mois de Ramadhan, où certains parcourent des kilomètres pour se rendre au niveau de boulangeries réputées pour leur pain amélioré.«La concurrence acharnée entre les boulangeries, dont le nombre a explosé ces dernières années, oblige les professionnels à redoubler de génie pour perfectionner leurs produits dans le but d?attirer un maximum de clients», explique ce connaisseur. Les boulangers sont aussi obligés d?opter pour les pains dits améliorés pour amortir le prix de revient, d?autant que les charges ont augmenté. D?ailleurs, certaines boulangeries, encouragées par la forte demande, se sont même spécialisées dans la fabrication de pain blanc, de pain noir, de pain d?orge, de pain de son... Cette nouvelle activité est très lucrative puisque les prix oscillent entre 10 et 30 dinars la baguette.


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