Algérie

Y a-t-il encore une voie pour la démocratie '



Le problème n'est pas dans la société, mais dans la crise de l'élite politique.L'interrogation peut sembler philosophique. Pourtant, c'est sur cette question que se sont penchés pendant plus de deux heures, lundi soir au siège du MDS à Alger, les animateurs de l'Initiative pour la refondation démocratique (IRD), au cours d'une conférence-débat, dans l'espoir d'esquisser quelques réponses, devant le constat, aujourd'hui largement partagé, des dérives autoritaires du régime, de remise en cause des acquis d'Octobre, de l'incapacité des démocrates à créer un rapport de force, d'absence d'alternative et de l'impasse du pluralisme. "Le constat est accablant, les droits sont bafoués, la corruption s'est généralisée et le pluralisme a atteint ses limites", observe l'ancien député Tarik Mira, un des animateurs de l'IRD. Conçu par un groupe de militants, il y a trois ans, l'IRD est née du constat de la désunion des forces démocratiques et de l'absence d'une alternative au pouvoir et aux islamistes, rappelle Mira.
"L'Algérie est le seul pays à avoir accepté le jeu du pluralisme sans démocratie", dit-il. Même un éventuel départ de Bouteflika, comme le réclament certains, ne risque pas de changer la donne étant donné que le "régime continuera", selon lui.
D'où la suggestion de reconstruire un rapport de force à la base. "Il faut s'engager dans la cité, dépasser ce qui existe déjà", préconise-t-il. Ancien député du FFS, Hamid Ouazar, pour sa part, pointe du doigt ce qui a constitué un des points de désunion des démocrates. "Tantôt, ils sont dans la logique de participation, tantôt dans celle du boycott. On passe de l'opposition programmatique à l'opposition systémique." "Il faut lever l'équivoque sur la nature du régime pour qui la démocratie constitue un danger", assène-t-il.
Il ne manque pas de relever que le régime, notamment sous le règne de Bouteflika, conjugue "les instruments et les procédés démocratiques au service de l'autoritarisme". "Il s'est doté de lois pour sa pérennité."
Selon lui, la tâche des démocrates est de "se remobiliser autour du projet de la transition tout en sensibilisant l'opinion internationale". Même si tous conviennent que le régime constitue un sérieux obstacle à l'avènement de la démocratie, beaucoup, en revanche, parmi les présents, n'hésitent pas à relever les carences des formations politiques et de la société. "La société va dans le sens du soutien au système, le problème est en nous", regrette un participant. "Il faut s'émanciper du système." "Ce n'est pas parce que la société est malade qu'il faut la négliger", répond Tarik Mira.
Pour Hamid Ouazar, le problème se situe plutôt au niveau de l'élite. "Le problème, c'est l'absence d'une élite politique. On ne doit pas attendre la maturité du peuple pour aller au changement. Il y a un besoin d'explications des concepts qui peuvent amener la population à faire des choix", suggère-t-il. Un avis partagé par l'ancien syndicaliste, Ahmed Badaoui, qui rappelle qu'"aujourd'hui, la crise est chez notre élite. Si elle sort de son arriérisme, elle peut être une locomotive. La révolution de 1954 a bien été le fait d'une élite".
Mieux communiquer, cibler chaque secteur ou encore adapter les luttes sont autant d'autres propositions formulées par les présents.
Reste que le chemin est loin d'être une sinécure et la "flamme" en faveur du changement ne doit pas "s'éteindre", a appelé Si Mohamed Baghdadi, qui ne cache pas son souhait d'arriver un jour à constituer un large "mouvement citoyen en faveur de la démocratie".
K. K.


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