Une vedette nommée Yasmina Khadra
Assurément, l’auteur algérien était très attendu ce week-end au pavillon C de la Safex. Des centaines de ses lecteurs se sont rendus en masse à la séance de vente-dédicace organisée au stand des éditions Sedia qui, pour la circonstance, n’a pas désempli.
Le Café littéraire situé non loin s’avèrera aussi trop exigu pour contenir l’immense foule venue écouter son «verbe», boire ses paroles deux heures durant. Comme à son accoutumée, Mohamed Moulesshoul répondra gentiment aux questions soulevées par le public et se rapportant essentiellement à son dernier opus, L’attentat, publié l’année dernière chez Julliard. Pour ceux qui ne l’ont pas lus, ce dernier roman traite du conflit israélo-palestinien, à travers deux personnages centraux, à savoir Amine, un chirurgien israélien «arabe»Â et sa bien aimée épouse Sihem.
 Un jour, Tel-Aviv est secouée par un attentat commis dans un restaurant par un kamikaze, faisant de nombreuses victimes. Affecté au service des urgences, Amine doit alors opérer toute la journée de nombreux blessés. Un soir, en rentrant chez lui, il est épuisé et espère trouver du réconfort auprès de sa jeune épouse. Mais elle n’est pas là. Un coup de fil lui apprend qu’elle est morte sur les lieux de l’attentat et qu’elle est même soupçonnée d’être l’auteur de la tuerie. Il ne peut se résoudre à cette thèse et se lance alors dans une quête de vérité qui le contraint à «écouter sans répit une vérité qu’il ne peut pas entendre».Â
Salué à travers le monde dès sa sortie, ce roman n’aura pas manqué de susciter des réactions hostiles de la part de certains milieux sionistes. Pour Yasmina Khadra, «ce livre a démythifié et désarmé Israël». Il s’est montré, ainsi, fier, jeudi, d’avoir osé écrire: «Sharon est en train de lire la Torah à l’envers.» «A travers mes livres, je prends l’Occidental par la main et je l’amène au commencement du malentendu, au plus proche de cet homme qui, un jour, décide de se faire sauter au milieu d’innocents. Je le sensibilise et lui prouve que ce monde-là n’est pas traversé pas une crise idéologique mais plutôt politique», explique-t-il face à une assistance nombreuse. Se qualifiant résolument d’opportuniste en s’intéressant à des sujets brûlants de l’actualité internationale comme dans cette trilogie (Les Hirondelles de Kaboul, Les sirènes de Bagdad et l’Attentat). Yasmina Khadra veut surtout «casser la gueule à l’Occident qui s’échine à nous donner des leçons alors qu’il est loin d’être le parfait exemple à suivre». Pour lui, «le Salut ne se trouve pas dans l’univers de l’animalité mais dans celui de l’intelligence». Il estime, ainsi, que les Etats-Unis d’Amérique sont un pays belliqueux. Revenant, par ailleurs, sur le concept de l’intégration si cher aux politiciens français, l’auteur algérien traduit en 24 langues estimera «que, pour être accepté en France ou en Israël, on vous demande surtout un reniement de soi, c’est-à-dire renier son identité, sa culture, sa religion…» Chose à laquelle il ne peut se résoudre: «Je veux être respecté pour mes idées et c’est pour cela que j’écris sur des conflits que beaucoup de gens taisent.» Mais après ces longs détours, Yasmina Khadra annonce son intention de revenir au «bled» pour ses prochaines parutions: «L’Algérie c’est mon rêve et mon cauchemar», avoue-t-il. Il fera part alors à son public d’un immense regret: «De nombreux intellectuels algériens m’excluent de leur cercle parce qu’ils se refusent à l’idée de concevoir qu’un écrivain puisse être issu de l’armée». L’auteur de L’imposture des mots fera alors remarquer que l’armée algérienne ne l’a pas empêché d’écrire. De même qu’elle ne l’a pas encouragé non plus. Un aveu qui ne vaut pas moins son pesant de poudre.
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Posté Le : 04/11/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com