Algérie

Xavier Rupérez. Directeur du comité du Conseil de sécurité contre le terrorisme (CTC)



« La lutte demande du temps » Des voix s?élèvent pour demander une définition précise du terrorisme par l?ONU. Quel est votre point de vue à ce sujet ? Depuis un certain temps, l?ONU a essayé d?arriver à une définition commune sur le terrorisme, mais jusqu?à maintenant cela n?a pas été possible. Ce n?est pas la faute de l?ONU, mais celle des Etats membres qui n?arrivent pas à se mettre d?accord sur cette question. Le président Bouteflika a tout à fait raison de dire qu?un tel consensus facilitera la lutte contre le terrorisme. Il y a deux facteurs dont il faut tenir compte : le Conseil de sécurité de l?ONU a adopté, hier, la résolution 1566, présentée par la Russie, qui est le résultat de l?attentat terrible contre des enfants à Beslan en Ossétie du Nord. C?est la première résolution du Conseil de sécurité où on a essayé de faire quelque chose qui pourrait devenir une définition du terrorisme, car tous les éléments s?y trouvent. Aussi, elle fait partie de la famille des résolutions sur le terrorisme, des résolutions importantes, claires, qui non seulement définissent les éléments du terrorisme, mais également expriment la condamnation ferme des Nations unies. Au sein du CTC, on demande aux Etats membres de ratifier toutes les conventions sur le terrorisme. Si vous lisez attentivement ces conventions sur la prise d?otages et sur la sécurité du transport aérien et maritime, vous vous rendrez compte que 100% des actes terroristes sont définis. Le conflit israélo-palestinien met en évidence de sérieuses contradictions à ce sujet. On a vu, par exemple l?Union européenne (UE) condamner l?assassinat de Cheïkh Yacine, puis de son successeur Rantissi, mais classer le Hamas comme organisation terroriste, alors que, pour de nombreux autres Etats, les organisations palestiniennes sont des mouvements de libération... Je crois que le terrorisme, peu importe sa justification politique ou religieuse, est toujours à condamner et à rejeter, sans aucune nuance. Le président Bouteflika a évoqué la faiblesse des moyens de l?Afrique pour lutter contre le terrorisme. Comment peut-on aider les Etats de ce continent à venir à bout de ce fléau ? En effet, on se rend compte qu?il existe des pays qui ont des problèmes matériels, qui n?ont ni expertise ni expérience. Nous sommes à 100% disposés à les aider dans leur lutte. Le CTC, qui fournit une assistance technique, mène depuis trois ans d?actives relations avec les Etats membres pour savoir ce qu?ils font et de quoi ils ont besoin. Cette réunion reste une preuve de la volonté de l?Afrique de lutter activement contre le terrorisme. La menace y est bien réelle, quotidienne, pressante. Notre travail consiste à épargner des vies humaines. Pour cela le plus important est de prévenir, ce qui signifie l?échange d?informations entre les polices. Eu égard à la multiplication des attentats, des observateurs estiment que l?ONU a échoué dans sa lutte contre le terrorisme. Que leur répondez-vous ? Non, pas du tout. C?est une lutte dure, terrible, qui demande de la patience, du temps. Vous en savez quelque chose en Algérie. C?est très difficile de crier victoire de façon définitive. Il faut faire attention, car il peut être mauvais de se croire déjà du côté victorieux. Mais, au contraire, il y a maintenant une conscience internationale contre le terrorisme qui, bâtie au cours des dernières années, malheureusement, grâce à des attentats terroristes, particulièrement ceux de New York et de Washington, de Madrid, de Casablanca, la situation en Algérie... Partout dans le monde on se rend compte qu?on doit mener une lutte extrêmement importante dans laquelle tout un système de libertés individuelles et tout un système de démocratie sont mis en péril. Je crois que c?est cette prise de conscience internationale qui nous garantit la victoire finale.


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