Algérie

Workshop sur le gaz de schiste à Oran



Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a éludé la question autour de la nécessité de mener, en Algérie, un large débat public autour de la question du développement et de l'exploitation du gaz non conventionnel, gaz de schiste (Shale Gas), alors qu'il venait assister à l'ouverture des travaux des workshops sur ce thème. En effet, ce débat voulu par nombre de participants et d'associations écologiques poserait la question cruciale du risque environnemental que fait peser la technologie d'extraction du gaz de schiste, à savoir l'utilisation de la fracturation hydraulique pour faire exploser la roche et libérer ainsi le gaz prisonnier des particules. Or, ces fracturations hydrauliques, nécessitant de grandes quantités d'eau, ne peuvent se faire qu'avec l'injection de produits chimiques, d'où l'inquiétude et les remises en cause du développement du gaz de schiste dans nombre de pays occidentaux, y compris au Canada et aux Etats-Unis, pays précurseurs. La mobilisation des opinions publiques ayant même abouti à des décisions politiques de moratoire, nous dit-on sur place.Pour l'Association algérienne de l'industrie et du gaz (AIG) qui organise ce workshop se tenant jusqu'à aujourd'hui au CCO d'Oran, les échanges et la réflexion menés restent dans un cadre regroupant des experts et les principaux acteurs de l'industrie gazière, comme la compagnie Sonatrach, Total, Repsol, Eni, Statoil, ou encore Halliburton et Schlumberger.
En effet, si aujourd'hui le marché mondial gazier connaît de profonds bouleversements avec la baisse des prix du gaz, une demande forte émanant des pays d'Asie et la dépendance de l'Europe vis-à-vis de certains fournisseurs, l'Algérie est appelée à se positionner et va devoir définir sa politique dans ce domaine.
Pour le ministre de l'Energie, interrogé sur la nécessité de ?convaincre les sceptiques? quant aux risques environnementaux qui se poseraient dans le sud du pays, étant donné que c'est là où se trouveraient les gisements les plus importants, celui-ci estimera que ?nous ne sommes pas au stade de convaincre les sceptiques, nous sommes au stade d'évaluation de notre potentiel et de voir les pilotes pour savoir s'il est possible de les exploiter ou non?, ajoutant plus loin. ?il s'avère que l'Algérie a un potentiel considérable en matière d'hydrocarbures non conventionnels. Nous allons sous peu construire des pilotes pour voir les conditions à réunir pour l'exploitation et nous mènerons les études d'évaluation.?
Plus loin, le ministre aura encore cette phrase par rapport au débat que le thème suscite en lâchant : ?ceux qui veulent discuter n'ont qu'à discuter !? Durant les conférences, le potentiel de réserves de gaz de schiste en Algérie à partir de données géologiques fournies en 2010 par Sonatrach fait état de 4 000 TCF (140 milliards de m3 équivalent).
Mais c'est Attar, l'actuel vice-président de l'AIG, non tenu à la réserve comme ses anciens collègues de Sonatrach, qui déclarera lors d'un point de presse sur la nécessité ou non pour l'Algérie de développer la production de gaz de schiste : ?c'est une question de choix politique qui se pose en ces termes : voulez-vous utiliser l'eau pour produire du blé ou pour produire de la lumière '? Durant les conférences, de nombreux aspects ont été évoqués, comme la question du coût, le gaz de schiste revenant de plus en plus cher en raison des moyens technologiques utilisés et la difficulté des forages plus coûteux, ou encore les questions portant sur les outils juridiques et réglementaires à mettre en ?uvre en matière de fiscalité et de protection de l'environnement.
D. L


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