Algérie

Windows à l'index ! Marché du logiciel



Cette fois ci, la vague qui a attaqué le navire Microsoft, fin mars dernier, est venue d'Espagne ; une association du logiciel libre vient, en effet, de saisir officiellement l'Union Européenne d'une plainte antitrust contre Microsoft. L'association espagnole Hispalinux, forte de quelques 8000 utilisateurs de l'OS libre, s'en prend au « mécanisme » du micrologiciel UEFI (Unified Extensible Firmware Interface), l'interface d'amorçage sécurisé du système d'exploitation Windows 8, destiné à remplacer le traditionnel BIOS (Basic Input Output System) et qui empêcherait tout PC de démarrer avec un autre système d'exploitation. Au lancement de ce nouveau système d'exploitation, la presse spécialisée avait fait état de remous au sein de la communauté du logiciel libre. La communauté du libre s'agite de nouveau, écrivait en janvier de l'année écoulée le site www.01.net après la publication par Microsoft des exigences matérielles pour que les fabricants puissent obtenir le fameux sticker « conçu pour Windows 8 ». Le site faisait alors référence à des « documents extrêmement longs qui précisent toutes les spécifications indispensables pour que les ordinateurs sous Windows 8 soient adoubés par Microsoft. » D'après les investigations faites alors, « les machines sous architectures X86 et ARM (notamment les tablettes) ne seront pas logées à la même enseigne » soulignait le journaliste du site d'information en ligne pour qui « il sera impossible d'installer un autre système d'exploitation (OS) que Windows 8 sur une tablette utilisant l'architecture ARM. Cela à cause d'une technologie que nous avions déjà évoquée il y a quelques mois : le démarrage sécurisé (Secure Boot) sur le nouveau gestionnaire de boot UEFI, qui avait pas mal agité la communauté open source à l'époque ». Microsoft répondait alors : « Nous sommes heureux de répondre aux questions additionnelles mais nous sommes confiants dans le fait que notre approche respecte la loi et aide à garder les clients en sécurité », tandis que ses avocats se répandaient un peu partout pour vendre l'idée que « cette fonction était là pour le bon fonctionnement de leur système d'exploitation et non pour empêcher un autre système de fonctionner. » Il apparaît néanmoins, qu'à l'époque, la réponse de Microsoft fut perçue comme « un remède pire que le mal » Elle avait, en effet, réagi avec célérité pour étouffer le mécontentement en avançant que « le boot sécurisé est un protocole de l'UEFI et non une fonction de Windows 8 et que les fabricants de PC auraient le choix de le désactiver, pour permettre aux clients d'installer l'OS de leur choix sur leur ordinateur. » Au même moment, le site www.01.net relevant justement qu'à bien lire les explications techniques de Microsoft, il est indiqué précisément dans son document que « sur un système ARM, il est interdit d'activer le mode « customisé ». Seul le mode standard peut être activé. [...] Désactiver Secure Boot NE DOIT PAS être possible sur les systèmes ARM ». Le site avait alors fait état de la vague de mécontents qui se sont élevés contre cette pratique discriminatoire, notamment le Software Freedom Law Center, organisme qui conseille Richard Stallman, le père du logiciel libre, qui ont tenu à souligner, sur le pages du site : « Alors que la fonction Secure Boot a été conçue pour garantir la sécurité des utilisateurs, ces restrictions-là n'ont rien à voir avec la sécurité. » L'auteur de ces propos, cité par 01.net, indique par ailleurs que « cette décision trahit le cynisme de Microsoft face aux inquiétudes initiales liées à l'emploi de Secure Boot...si Microsoft ne change pas ses plans, ce seront les premiers PC jamais produits qui ne pourront jamais faire tourner autre chose que Windows ». Selon l'agence Reuters, l'association espagnole qui revisite ce conflit, pour les mêmes motifs, « estimant la combinaison anticoncurrentielle... a déposé plainte contre Microsoft auprès de la Commission européenne ». Hispalinux a rendu public un communiqué largement repris par la presse dans lequel elle indique que « La nouveauté essentielle de Windows 8 est qu'elle impose un partenariat [entre Microsoft] et les fabricants de matériel pour que l'ordinateur puisse démarrer, et passe de facto sous le contrôle de Microsoft. Cela crée un nouveau mécanisme d'entrave à la concurrence, qui empêche d'installer un autre système d'exploitation que Windows 8 ». La presse spécialisée, qui s'est fait l'écho de cette affaire, explique en effet, à l'image du site www.sillicon.fr que « l'UEFI améliore la sécurité de PC au démarrage en autorisant uniquement le lancement d'OS dotés d'une signature numérique certifiée. L'écosystème Linux a donc été dans l'obligation de s'adapter... » De l'autre côté, expliquent certains spécialistes, beaucoup d'amateurs se seraient mis à installer Linux sur des PC équipés par défaut de Windows 8 et/ou de l'interface UEFI, sachant que « l'interface UEFI peut être désactivée. Il est également possible d'utiliser Linux avec UEFI en s'appuyant sur les recommandations de la Linux Foundation ou d'autres organisations. » En dépit de toutes les explications et des compléments publiés à ce sujet par la firme de Redmond, Hispalinux maintient, dans sa plainte déposée mardi 26 mars à Bruxelles, que ce verrouillage par Microsoft au démarrage de son système d'expmloitatioWindows8 est « une prison technologique » qui rend « Windows moins neutre que jamais ». Il s'agit d'une pratique « absolument anticoncurrentielle » qui se fait au détriment de « l'utilisateur et de l'industrie européenne du logiciel », a indiqué à Reuters José María Lancho, avocat et responsable de l'association, dans des propos repris par le site sillicon.fr Déjà objet, début mars dernier, d'une condamnation à payer une amende de 56 millions d'Euros pour non-respect de ses engagements en matière de choix de navigateurs web, Microsoft n'en estime pas moins « son approche conforme à la législation ». De son côté, la Commission européenne n'a pas donné d'avis officiel sur cette nouvelle plainte, même si le site 01.net prête à Joaquín Almunia, vice-président de la Commission en charge de la concurrence, des propos tenus le 4 mars dernier selon lesquels la Commission examinait « les exigences de sécurité de Windows 8. » « La Commission ne possède pas actuellement de preuves permettant d'affirmer que ces exigences se traduisent par des pratiques en violation avec les règles de concurrence de l'UE », avait-il, par ailleurs indiqué en réponse à une requête d'un eurodéputé. Pour tempérer le jugement, le site rappelle que « Microsoft est loin d'être le seul à verrouiller ses tablettes. Apple interdit évidemment l'installation d'un autre système d'exploitation qu'iOS sur les iPad ou les iPhone, tout comme RIM sur sa PlayBook... et la plupart des fabricants de matériels Android. » Une attitude que combattent les militants du logiciel libre dont beaucoup d'associations se sont réunies la semaine dernière à Cognac, dans le sud ouest de la France pour notamment, rappeler ce crédo que l'on peut liresur le site www.sudouest.fr : « ne pas se plier à la loi des systèmes d'exploitation dont une poignée de multinationales garde jalousement la recette, ce qui leur permet de faire passer les clients à la caisse à chaque fois qu'ils font évoluer leur format, c'est-à-dire souvent » Il ne faut cependant pas confondre liberté et gratuité, explique au site Loïc Corneaud, président de l'association de Cognac, qui ajoute que les associations du logiciel libre « se proposent d'intervenir à la source auprès des usagers qui font l'acquisition d'un nouvel ordinateur, pour savoir comment contourner les logiciels sous licence installés par défaut dans le commerce. » Par ailleurs, relève le journal, parmi les chevaux de bataille de ces militants « lutter contre l'obsolescence programmée des ordinateurs. » Non, les ordinateurs ne sont pas condamnés au bout de 10 ou 15 ans. « Souvent, ils fonctionnent encore très bien, mais ils n'ont plus la capacité physique de suivre l'évolution des logiciels traditionnels. Nous, on propose un système qui permet de les exploiter plus longtemps. On peut par exemple, via un disque, utiliser Linux. Il suffit pour cela de 100 megaoctets sur le disque dur, et 128 megaoctets de Ram, contre au moins 1 gigaoctet pour un logiciel sous licence », relève Loïc Corneaud sur le même site. R. M.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)