Algérie

Wilaya de Boumerdès : Une région en quête de développement



Wilaya de Boumerdès : Une région en quête de développement
Les 2 secteurs-clés de la wilaya, l’agriculture et le tourisme, sont délaissés.

Le développement tant promis par l’Etat tarde à se concrétiser dans la wilaya de Boumerdès. Les citoyens continuent de vivre les mêmes problèmes qu’il y a 12 ans alors que les recettes pétrolières ont sensiblement augmenté depuis 1999. La preuve en est que même les «vocations» reconnues, et que la propagande du régime amplifie exagérément sont ignorées, délaissées.

Le tourisme et l’agriculture, martèle-t-on à chaque fois, sont deux secteurs-phares de la wilaya. Et on se hasarde également à rallonger cette liste d’une autre vocation : la recherche scientifique. Jusqu’à décréter «Boumerdès, ville de sciences et de savoir». Un slogan accroché au niveau du rond-point de l’entrée ouest de la ville, réalisé il y a deux ans pour …5 milliards de centimes.

Si le terrain se prête parfaitement bien à l’activité agricole, celle-ci est laminée par les pratiques bureaucratiques et «l’absence de l’Etat aux cotés des fellahs».

Tous les agriculteurs de la wilaya subissent le contrôle imposé sur la vente des engrais à cause de leur «utilisation dans la fabrication d’explosifs». «L’Etat ne s’est jamais soucié de trouver une solution qui arrange l’agriculteur sans exposer le pays à la menace terroriste. On s’est suffi de limiter la vente des fertilisants chimiques au détriment du rendement agricole. La conséquence en est que de nombreux fellahs ont abandonné leurs terres», nous dit un citoyen de Dellys.

La dégradation de la situation sécuritaire a aussi exposé les agriculteurs au diktat des groupes terroristes qui les rackettent sans cesse. Le phénomène a pris une telle ampleur dans l’est de la wilaya qu’il est devenu quasiment banal. Et là encore l’Etat n’a pas trouvé de solutions à un problème qui persiste, de la même manière, depuis près de 20 ans.

«Nous avons besoin d’être sécurisés, mis à l’abri de la menace. Et cela seul l’Etat peut le faire», dit un vigneron de la région.

En outre le fellah fait face à une bureaucratie dissuasive lorsqu’il s’agit de lancer de nouveaux projets ou d’accéder aux crédits bancaires.

Et la surface des terres agricoles se rétrécit de jour en jour sous l’effet de l’invasion du béton.

Des projets sont, aujourd’hui encore, lancés dans la plaine grignotant ainsi le peu qui reste des terres cultivables. Pourtant de nombreux spécialistes recommandent, depuis l’indépendance, d’aller occuper les piémonts pour préserver les terres à haut rendement agricole.

Le tourisme, lui aussi, souffre de l’absence d’une vision futuriste. La côte, qui devrait être préservée, est livrée à un vandalisme multiforme.

Des particuliers qui empiètent sur le domaine public pour en faire des espaces privés, des projets de vente d’espaces au bord de la mer à des «investisseurs» étrangers, venus pour la plupart des pays du Golfe.

«Les pouvoirs publics peuvent-ils garantir la pérennité du caractère public du domaine marin lorsque ces riches achètent des centaines d’hectares au bord de la mer? L’expérience nous montre bien que ces endroits, une fois cédés, deviennent propriété privée. On n’aura plus le droit d’accéder à la plage sur la côte de Boumerdès où une quinzaine de zones d’expansion touristiques (ZET) sont programmées» dénoncent des habitants.

A Boumerdès, le tissu industriel s’effrite. Les rares petites unités publiques qui y existaient ont disparu.

Par conséquent le chômage lamine la population. Le taux d’inactivité dépasserait les 50% dans cette wilaya. Chez la femme, n’en déplaise au gouvernement, le chômage frôle les 90%.La moitié de la population est donc sans emploi. Sur les 50% restant (les hommes), près de la moitié ne travaille pas.

«Ceux qui disent que le taux de chômage chez nous est de 12% ne parlent peut-être pas de l’Algérie. Qu’ils aillent voir ce qui se passe à Bordj Menaiel, Dellys, Khemis EL Khechna, Boudouaou, Naciria, Baghlia et dans nos villages. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes. Si le terrorisme recrute facilement dans notre région, c’est que toutes les conditions s’y prêtent. Ce n’est évidemment pas le seul facteur, mais le chômage est pour beaucoup dans ce qui se passe. C’est par désespoir que beaucoup de jeunes se suicident ainsi», nous dit un jeune de Chabet.

Kamel Omar


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