Comme pour apporter sa part au vent de changement qui souffle sur l’Egypte, c’est une série de câbles compromettants que Wikileaks a publiés sur ce pays hier, donnant au passage l’image d’une autocratie où le clan Moubarak dicte ses quatre volontés.
Ainsi et selon des notes obtenues par WikiLeaks et publiées hier par le journal norvégien Aftenposten, les Etats-Unis ont financé à hauteur de plusieurs millions de dollars des organisations de la promotion de la démocratie en Egypte, et ce, au grand dam du président Hosni Moubarak.
Selon une note de l’ambassade des Etats-Unis au Caire du 6 décembre 2007, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international aurait prévu de consacrer 66,5 millions de dollars en 2008 et 75 millions en 2009 à des programmes égyptiens sur la démocratie et la bonne gouvernance. Dans un autre câble, daté du 30 juillet 2009 qui évoque un éventuel changement de pouvoir au Caire, une source du parti de Moubarak, identifiée comme étant l’ancien ministre Ali El Deen Hilal Dessouki, confie que l’armée et les services de sécurité égyptiens assureraient une transition en douceur, même pour un civil (en référence à Gamal Moubarak), si Moubarak venait à quitter le pouvoir. La même source ajoute plus loin que «le vrai centre du pouvoir en Egypte est militaire», en référence à tous les services de sécurité. Le même Dessouki ajoute que des troubles et de la violence étaient attendus lors des élections parlementaires de 2010 et présidentielle de 2011, mais que les militaires étaient en mesure de les contrôler.
«Les menaces de survie quotidienne, et non la politique, est la seule chose qui pourrait jeter les Egyptiens dans la rue en masse», a ajouté Dessouki. Un autre câble, également publié hier, souligne que l’Egypte est sous état d’urgence depuis pratiquement 1967. Cette dernière accorde au gouvernement des pouvoirs étendus, comme par exemple d’arrêter des individus sur lesquels ne pèse aucune charge et de les maintenir en détention indéfiniment. L’état d’urgence permet au président de restreindre la liberté de se réunir. Cela en dehors du code pénal qui criminalise tout rassemblement de plus de 5 individus perçu comme une menace à l’ordre public. Selon le même câble, durant les deux dernières décennies, l’état d’urgence a permis au gouvernement égyptien de prendre pour cibles, principalement, les groupes djihadistes, le mouvement des Frères musulmans, les bloggers ainsi que les syndicalistes. Une autre note également issue de l’ambassade américaine du Caire, en date du 30 mars 2009, souligne le poids des bloggers égyptiens évalués à plus de 160 000. Ces bloggers traitent de tous les sujets liés à la vie sociale, la politique et la littérature. La note souligne qu’«ils ont contribué à créer un esprit d’ouverture qui a touché même les télévisions satellitaires qui s’enhardissent à traiter des sujets tabous ou délicats. Toutefois, le rôle des bloggers comme mouvement actif a diminué en raison d’un climat politique jugé restrictif, de mesures gouvernementales et de tensions entre bloggers», souligne la note.
Une note publiée le 28 septembre 2009 décrit les mesures prises par le gouvernement pour mettre fin à toute opinion critique de la part de journalistes ou de bloggers qui critiquent le gouvernement. La note stipule que le gouvernement travaille à noyer les tribunaux sous une avalanche de dossiers contre ses ennemis politiques en recourant à la fabrication de charges. Dans un autre câble, daté du 15 janvier 2009, les brutalités policières sont décrites comme étant «routinières». L’usage de la force pour obtenir des aveux est quotidien, mais la violence contre les détenus islamistes a sensiblement baissé, mais les forces de sécurité continuent d’user de la torture contre des activistes du mouvement des Frères musulmans considérés comme une menace politique. Durant les 5 dernières années, le gouvernement a cessé de nier l’existence de la torture et, depuis 2007, 15 officiers de police ont été présentés devant un tribunal pour torture ou assassinats. Dans une autre note publiée le 31 janvier 2010, il est également question de brutalités policières et des conditions de détention dans des prisons égyptiennes décrites comme étant surpeuplées avec des prisonniers manquant de soins médicaux, de nourriture, d’eau potable et d’aération.
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Posté Le : 29/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Alilat
Source : www.elwatan.com