Algérie

WikiLeaks met à nu le grand marché de la surveillance



Suspendu en octobre dernier faute de fonds, WikiLeaks revient avec une base de données dévoilant des échanges commerciaux entre des gouvernements et des industriels spécialisés dans la surveillance. Ces derniers ont vendu des systèmes de surveillance des plus sophistiqués sans se soucier du respect des droits humains. Le fondateur de WikiLeaks a annoncé, jeudi dernier, avoir repris ses publications avec des documents traitant de l'espionnage par les gouvernements de leurs propres citoyens. WikiLeaks a publié 287 documents avant-hier. Ces derniers révèlent l'implication dans ce business non régulé de 160 industriels, spécialisés dans la surveillance et l'interception des communications, de 25 pays. Un commerce qui vise à  épier des populations entières. Grâce à  des systèmes de surveillance achetés à  coups de milliards, des gouvernements ont pu surveiller les citoyens à  travers leurs téléphones mobiles, comptes de messagerie et traces laissées sur internet. Le site Owni.fr a dévoilé près de 1100 documents provenant d'industriels, dont une société française, Amesys, qui a conclu des marchés avec le régime de l'ex-dirigeant libyen Mouammar El Gueddafi. Les courriels de sept opposants libyens en exil, résidant au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, ont été espionnés dans ces pays par le système d'interception et de surveillance vendu à  la Libye d'El Gueddafi par Amesys, selon ce site. Des données, mises en ligne par Owni.fr, montrent, selon le site, qu'Amesys ne s'est pas contentée de vendre ce matériel, mais s'est impliquée dans le fonctionnement des logiciels aux côtés des services de sécurité libyens. Les documents publiés jeudi par WikiLeaks comprennent des manuels de surveillance vendus dans le passé à  des régimes autoritaires du Monde arabe comme la Syrie, la Libye, la Tunisie et l'Egypte. Selon Julian Assange, l'industrie de la surveillance et de l'interception des communications est passée d'un cercle restreint de clients dans le renseignement, comme les agences de renseignement américaine et britannique, à  un réseau mondial. Des experts, qui ont travaillé avec WikiLeaks en vue de la publication des documents, ont appelé à  une régulation de ces technologies. «Les gouvernements occidentaux ne peuvent rester inactifs quand ce type de technologie est en vente», a souligné Eric King, de l'ONG Privacy International. Il convient de rappeler que Julian Assange est actuellement en résidence surveillée en Grande-Bretagne, dans l'attente de l'appel formulé contre la décision de l'extrader vers la Suède où il  doit répondre d'accusations de viol et d'agressions sexuelles. La recevabilité de son appel doit àªtre examinée
le 5 décembre.          


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