Western revisité

Mardi 11. Béchar. A 17h. Le mythe de l'Ouest, du désert, de l'aventure inconsciente sont autant d'éléments qui fondaient le rêve américain des années 1960. Aujourd'hui, le rêve n'est plus, il se transforme très vite en cauchemar.Le western, pilier de la culture américaine, s'en trouve aussi modifié. Trois familles chrétiennes, à tendance puritaine, embarquent pour un voyage vers le grand Ouest, vers cette «frontière» que les Américains n'ont jamais vraiment su limiter eux-mêmes, comme un chemin vers un autre monde. Meek, leur guide, est l'archétype du cow-boy.Sombre, peu bavard, le teint blafard et surtout, fin connaisseur de son désert, son habitat naturel. Son silence est glacial, presque autant que l'eau dont rêvent ces nouveaux aventuriers du Far West. Mais ces gouttes tant attendues n'arrivent pas, Meek laisse ses invités ne faire qu'un avec la sécheresse du désert, celles qui créent des craquelures dans son calcaire semblables à celles qui se dessinent sur leurs lèvres. Paiute, un Indien qui connaît la région, pourrait bien les aider à trouver un point d'eau.A moins qu'il ne soit la pièce du puzzle d'une immense supercherie. Reichardt offre ici un film abouti, un western moderne, dystopique, où tout espoir s'éteint l'un après l'autre. L'atmosphère est lourde, silencieuse, pleine de sueur, la pureté esthétique proche de la perfection. Le western ne prend pas une ride, il subit seulement le rêve américain désenchanté.