We are the champions !

Ence troisième millénaire, les méthodes de recrutement des futures grandes starsdu ballon rond ont changé du tout au tout. Aujourd'hui, on les prend au berceauou presque. Disons dans les jardins d'enfants. En détectant leur habilité etleurs talents à cet âge aussi précoce, on leur fait même signer des contratsdans des clubs très prestigieux. Ainsi, ils sont liés à vie, ou presque, auclub. Comme quoi, les valeurs sûres, ça se détecte tôt et ça s'accapare aussitôt:un réservoir de talents pour les années à venir.Celame rappelle l'histoire de la cigale et de la fourmi. Les clubs «fourmi» fontdes stocks de talents pour les années de disette, pour l'hiver du club. Quantaux clubs «cigale», ils gaspillent leurs jeunes talents et les esquintent avantmême leur majorité. A 25 ans, certains joueurs font figure de vétérans. Mais nesoyons pas trop mauvaise langue, nous aussi nous avons notre réservoir detalents, nos réservoirs de talents. Nous avons, par exemple, des futurschampions de natation et de plongée sous-marine, voire d'apnée, quis'entraînent déjà dès l'âge de 5 ans, parfois dans les... jets d'eau de laville. Nous avons également, tout aussi jeunes, des champions de l'équitationqui, debout sur des hippomobiles, s'entraînent à faire avancer un âne trèsrécalcitrant - ce qui est déjà une prouesse -, et ceci nous rappelle la coursedes chars romains, très prestigieuse. Il y a aussi les futurs champions de lamarche. Là aussi, ils s'entraînent très jeunes à faire des dizaines dekilomètres par jour.Etpour joindre l'utile à l'agréable, ils ramassent, en faisant du porte-à-porteet les poubelles, tout le pain rassis de la ville. Tout cela est bien beau,très prometteur même: we are the champions !Saufque ce qui manque le plus, ce sont les détecteurs de talents, qui ont d'autreslièvres à courir.