Algérie

Washington souffle le chaud et le froid



Barack Obama n’a pas mentionné l’Egypte dans son discours, se contentant d’envoyer, quelques heures plus tard, un communiqué de la Maison-Blanche. Le ton y est inhabituellement ferme : «Nous soutenons les droits universels du peuple égyptien, y compris le droit à la liberté d’expression, d’association et de rassemblement», est-il souligné dans le document en question. Et d’ajouter : «Le gouvernement égyptien a une occasion importante d’être sensible aux aspirations du peuple égyptien et de mener des réformes politiques, économiques et sociales qui peuvent améliorer sa vie et aider à la prospérité de l’Egypte.» Le ton monte ainsi d’un cran depuis la déclaration de la secrétaire d’Etat américaine qui soulignait que «le gouvernement égyptien est stable et (est) à la recherche de solutions pour répondre aux besoins et aux intérêts légitimes du peuple égyptien». Une position jugée tiède et décevante par nombre d’observateurs. Le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley, a ensuite appelé mardi soir les autorités égyptiennes à agir «pacifiquement», après l’annonce de victimes dans les manifestations. «Les Etats-Unis soutiennent le droit fondamental de chacun à la libre expression et au rassemblement», a-t-il dit. «Les Etats-Unis sont un partenaire de l’Egypte et du peuple égyptien dans ce processus que nous souhaitons voir se tenir dans une atmosphère calme», poursuit-il.
«Les États-Unis tentent de se positionner du bon côté»
En revanche, le soutien envers la révolution tunisienne ne souffre aucune équivoque. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a affirmé que son pays était solidaire avec les Tunisiens et soutenait les «aspirations démocratiques» des peuples. Evoquant d’abord le référendum pour l’indépendance du Sud-Soudan, Obama a remarqué que «nous avons assisté à la même volonté de liberté en Tunisie, où la volonté du peuple s’est révélée plus puissante que l’étreinte d’un dictateur».  Le sous-secrétaire d’Etat Jeffrey Feltman, arrivé lundi à Tunis, est le premier haut responsable occidental à visiter le pays depuis la chute du président Ben Ali. Dépêché par Washington pour offrir l’aide des Etats-Unis à la transition, il a souligné publiquement que la «crédibilité» du pouvoir naissant dépendrait de «l’issue d’un processus électoral».
«Les défis qui se posent dans de grandes parties du monde, en particulier dans le monde arabe, sont les mêmes, et nous espérons que les gouvernements répondront aux aspirations politiques, sociales et économiques légitimes des peuples, particulièrement si elles s’expriment par des moyens légaux et pacifiques», a-t-il ajouté.
Certaines parties s’inquiètent des «ingérences» américaines en Tunisie et appellent le peuple à la «vigilance».   Mais là encore, la volte-face du département d’Etat américain est évidente.
En 2006 à Tunis, Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense de George W. Bush, avait qualifié – à l’instar d’autres pays – la Tunisie de «pays démocratique». Marina Ottaway, la directrice des études proche-orientales à la fondation Carnegie, fait observer, dans une déclaration à l’AFP, que les Etats-Unis «essaient de se positionner très vite du bon côté, de montrer qu’ils soutiennent vraiment la démocratie». «Il faut se souvenir que l’Administration Obama a été souvent accusée de tiédeur sur les questions démocratiques. Elle saisit une chance de montrer qu’elle est du bon côté», note-t-elle.
Il se dit, aujourd’hui, que l’état-major de l’armée tunisienne s’est concerté avec des responsables américains avant de retirer son soutien à Ben Ali, signant sa disgrâce et son départ précipité du pays. Washington, de son côté, réfute l’idée selon laquelle les Etats-Unis ont pu jouer un rôle dans la fin du régime autoritaire.               
 


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