Algérie

«Washington est toujours en guerre froide contre la Havane»



«Washington est toujours en guerre froide contre la Havane»
-Aujourd'hui, Cuba célèbre le 44e  anniversaire de la disparition d'Ernesto Che Guevara ; après toutes ces années, que reste-t-il de l'héritage de cette icône révolutionnaire ' Le Che est plus que jamais présent dans l'esprit et dans la vie des Cubains, il est présent par la réalisation d'une grande partie de ses idéaux. Sa présence se manifeste à  travers l'esprit libertaire des Cubains et par la perpétuation des idées de lutte pour un monde meilleur, la justice sociale et la dignité humaine. Il est notre symbole de résistance vis-à-vis de la domination coloniale, néocoloniale, des intentions impérialistes. Il est présent dans chaque individu qui rêve d'un monde meilleur, pas seulement à  Cuba, mais partout dans le monde. Il est partout dans le monde, spécialement chez la jeunesse mondiale qui voit en lui le symbole de la lutte révolutionnaire. On le voit également en Algérie. Quand j'ai reçu sa fille Aleida en Algérie, elle est repartie très impressionnée. C'est en Algérie qu'elle a trouvé plus d'amour et de souvenirs très forts envers son père par la jeunesse de ce pays. Au final, le Che représente une source d'inspiration pour continuer notre lutte. -Cependant, des voix s'élèvent un peu partout dans le monde pour décréter la fin des temps révolutionnaires et la fin du communisme, alors que Cuba maintient son régime communiste. Pensez-vous que ce régime est encore opérant ' C'est vrai que la disparition de l'URSS et la chute du Mur de Berlin ont créé beaucoup de confusion, que les idéologues de l'impérialisme ont manipulée dans la perspective d'inciter les gens à  abandonner la lutte pour un monde plus juste. Ils distillent une théorie qui démobilise les peuples pour renoncer à  leur combat. Ce sont donc des discours qui ont pour but de démobiliser et de pousser les peuples du tiers-monde et les classes ouvrières dans le monde à  renoncer à  la lutte. Tout cela favorise, bien évidemment, les intérêts impérialistes où la droite pourrait agir en toute liberté. Mais, l'existence et la prévalence de la révolution cubaine montrent le contraire. La réalité historique post-URSS montre combien les peuples sont vraiment attachés à  un vrai socialisme qui met un terme à  la confiscation des richesses du tiers-monde par l'impérialisme. Ce rêve reste vif. Ce qui arrive dans beaucoup de pays d'Amérique latine montre cet attachement. Il y a un très fort courant dans cette région qui a favorisé la formation de gouvernements qui défendent les intérêts populaires et qui disent non aux USA et à  sa logique expansionniste. En général, en Amérique latine, il y a un processus de libération nationale qui réponde avec force et met un terme aux visées de l'empire. Cela existe dans beaucoup de pays en Asie et même en Europe. -Cuba subit un blocus économique depuis plus d'un demi-siècle, l'arrivée d'Obama a suscité l'espoir de voir cet «état de siège» levé, qu'en est-il depuis '   Effectivement, l'arrivée d'Obama à  la Maison-Blanche a suscité beaucoup d'espoir chez de nombreux Cubains de voir s'installer un processus de liquidation de cet embargo désastreux. Malheureusement, Obama s'est montré incapable d'appliquer la politique qu'il avait promise pendant sa campagne. Il faut souligner qu'à l'Assemblée générale de l'ONU, tous les pays ont voté la levée de cet embargo, sauf deux pays : les USA et Israël. Ce blocus est une grave violation de la légalité internationale.
Aujourd'hui, nous pouvons dire que le blocus, dans certains de ses aspects, a été renforcé. C'est beaucoup plus difficile qu'il y a quelques années. Si nous, à  Cuba, nous considérons que nous vivons dans une nouvelle phase historique, pour les USA,  la guerre froide continue toujours vis-à-vis de Cuba. Washington maintient son hostilité non seulement concernant le blocus, mais aussi dans d'autres aspects. La situation est insupportable pour les cinq Cubains qui se trouvent dans les prisons américaines depuis plus de treize ans. Ils sont accusés d'actes qu'ils n'ont jamais commis. Ils sont injustement condamnés à  de très lourdes peines. Un des prisonniers a purgé sa peine de trente ans, mais les autorités américaines l'ont obligé à  rester trois ans aux USA, alors qu'il court un risque réel. Nous relançons une campagne internationale pour exiger leur libération. -Dans ce contexte de blocus, est-ce que le contact est maintenu entre les deux gouvernements ' Plusieurs fois, notre gouvernement a exprimé sa volonté d'aller vers une nouvelle situation. Vous savez, au début de la révolution et les nationalisations, nous avons offert à  tous les pays qui avaient des investissements à  Cuba des compensations sur leurs propriétés nationalisées. Tous les pays avaient accepté, sauf les USA. Ils ont refusé de négocier avec nous une compensation des compagnies américaines, et ils avaient mis en place une politique d'hostilité et cela a commencé avec l'agression de la Baie des cochons. Notre disposition à  négocier et trouver des solutions à  nos différends n'a jamais trouvé de répondant à  Washington. Sauf à  l'époque du président Jimmy Carter. Nous avions eu des contacts avancés dans les discussions. Aujourd'hui, nous avons des contacts qui n'ont rien avoir avec le blocus, mais sur des questions très secondaires. Cuba est toujours sur la liste noire américaine. -On vous reproche d'être un pays fermé, qui ne respecte pas les droits de l'homme et la démocratie, que répondez-vous ' C'est un des aspects que manipule le plus la propagande américaine. Avant, nous étions critiqués parce que nous avons aidé les mouvements de libération en Afrique contre le colonialisme, puis accusés d'être un satellite de l'URSS. Le colonialisme est vaincu, l'URSS a disparu, alors il leur faut un autre argument pour nous attaquer. Ils ont trouvé comme sujet les droits de l'homme, la liberté d'expression. C'est curieux de voir le pays qui viole le plus les droits de l'homme accuser Cuba qui est soumis à  un blocus des plus criminels. Je dois dire à  ce sujet que les Cubains participent massivement à  la prise de décisions politiques économiques et sociales. Nous sommes un petit pays qui a ses propres règles démocratiques.   -Comment expliquez-vous justement que malgré cet embargo économique aux conséquences désastreuses, Cuba arrive toujours à  maintenir cet esprit de solidarité internationale avec les peuples comme on le voit avec le peuple sahraoui ' C'est une des valeurs fondamentales créées par la révolution. Nous avons commencé cet entretien en parlant de l'héritage de Che Guevara, c'est cela justement son héritage. Pour nous, la solidarité est quelque chose de naturelle. On ressent une satisfaction, quand nous avons la possibilité de partager avec d'autres peuples frères, comme vous le mentionnez avec les Sahraouis. Quand nous nous rendons dans les camps des réfugiés sahraouis et nous constatons une situation intenable qui est une situation injuste, conséquence d'une occupation étrangère et un déni de leur droit légitime à  l'autodétermination. Concrètement, nous sommes de leurs côtés depuis que leur territoire a été occupé par le Maroc. Nous les avons toujours soutenus aux Nations unies et à  la 4e Commission de décolonisation. Nous avons reçu à  Cuba des milliers d'enfants sahraouis qui viennent étudier dans différentes branches scientifiques. Nous sommes présents avec une mission médicale depuis trente ans dans les camps des réfugiés. Tout récemment, nous venons d'inaugurer une école dont le financement est assuré par le Venezuela, et nous, nous apportons l'assistance technique. Cette école porte le nom de Simone Bolivar. Ce que nous faisons est modeste, mais on le fait avec tout notre cœur. Et dans les moments des plus difficiles, alors que les USA ont intensifié le blocus pensant nous donner le coup de grâce, nous avons toujours maintenu notre solidarité aux peuples africains. Notre philosophie est de partager ce que nous avons. -Le monde arabe est en proie à  de grands soulèvements populaires, les jeunesses européennes et occidentales se soulèvent contre l'ordre établi, comment voyez-vous ce retour de la flamme révolutionnaire ' Je pense qu'il y a des références dans la région du Moyen-Orient. C'est un  fleuve révolutionnaire qui demande un monde meilleur. Mais en même temps, il y a des intérêts extérieurs impérialistes qui tentent de manipuler cette situation. La meilleure preuve, on la voit, dans le cas de la Libye. On sait parfaitement que la présence de l'OTAN n'a rien avoir avec les droits de l'homme. Leur préoccupation centrale n'à rien avoir avec la démocratie et la liberté. Leur motivation est le pétrole libyen. Si la Libye est dans la situation de la Somalie au un autre pays africain, il n'y aurait jamais eu d'intervention.


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