La loi en cause, adoptée du temps de Abdelaziz Belkhadem, connu pour ses accointances avec les islamistes, aura été contre-productive. Au-delà du fait qu’elle crée une campagne montée de toutes pièces contre ce que le courant salafiste a qualifié “d’évangélisation”, cette loi a gravement porté atteinte à l’image de l’Algérie.L’Algérie a été épinglée dans le rapport sur l’évolution des libertés religieuses établi par le département d’État. Ce rapport, qui dresse un tableau de l’évolution des libertés religieuses dans le monde entre juillet 2007 et juillet 2008, note une détérioration des libertés religieuses en Algérie, mais aussi en Chine, en Jordanie et en Égypte. “Il y a eu des problèmes en Algérie et en Jordanie, qui sont traditionnellement les plus respectueuses des minorités religieuses”, a noté John Hanford, le responsable de ce rapport publié chaque année par le ministère américain des Affaires étrangères.
En Algérie, “la politique du gouvernement, aussi bien de jure que de facto, a provoqué un déclin du statut des libertés religieuses pendant la période étudiée”, souligne le rapport, citant notamment une loi de février dernier qui criminalise le prosélytisme. La loi en cause, adoptée du temps de Abdelaziz Belkhadem, connu pour ses accointances avec les islamistes, aura été contre-productive dans la mesure où tout le tapage médiatico-religieux fait autour d’une campagne d’évangélisation à grande échelle, qui ciblerait l’Algérie, aurait accouché de deux procès où les “coupables” ont été pris en flagrant délit de possession d’une Bible ! Un prêtre d’Oran, arrêté à Maghnia pour avoir voulu prier pour des immigrés clandestins de confession chrétienne et une montée en puissance de partis et d’organisations islamistes en mal d’arguments, pour donner l’impression que l’Algérie se renferme sur elle-même et qu’elle foule aux pieds le principe consacré dans sa Constitution concernant la liberté de culte. Un triste bilan qui ternit davantage l’image du pays sur l’échelle internationale et qui la rapproche de plus en plus des régimes dictatoriaux.
Comme si l’Algérie n’avait pas, jusque-là, assez de problèmes pour gérer la religion de la majorité des citoyens, voilà qu’elle s’est mise à vouloir museler les autres religions. Le pasteur Hugues Johnson, qui a passé une bonne partie de sa vie (45 ans) en Algérie, sans jamais inquiéter ou être inquiété, a fini par payer le prix de la phobie naissante des islamistes, en mal d’ennemis à combattre. Il a été prié de quitter, en toute urgence, le pays comme un malfrat. Au même moment, l’Algérie envoyait une trentaine d’imams officier dans des mosquées françaises et se joignait au concert des dénonciations contre la montée de l’islamophobie de par le monde. À force de vouloir jouer avec les religions, l’Algérie a, en réalité, fait le nid aux intégrismes de tous bords, avec toutes les conséquences dramatiques que l’on supporte depuis 1990.
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Posté Le : 21/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Azzeddine Bensouiah
Source : www.liberte-algerie.com