Algérie

Walis sans contre-pouvoirs locaux


Le dernier rapport de l?Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) confirme ce que l?opinion savait déjà. La corruption sévit à des seuils ravageurs dans les soubassements institutionnels de l?Etat, livrant une triste image des administrations censées le représenter directement au niveau du citoyen. Walis, chefs de daïra, assemblées communales, tous les circuits seraient gangrenés par le fléau, passé allégrement de l?exception à la règle systématique. Au-delà de ce que révèlent les chroniques sporadiques sur un ou deux walis coincés par l?appareil judiciaire, ou sur des souricières tendues à des directeurs d?exécutif mouillés dans des affaires de prédation foncière, l?on ne pourra que vaguement estimer, encore moins quantifier le préjudice porté au patrimoine public et à la crédibilité, déjà haillonneuse, des appareils de l?Etat. Mais il est clair que la proportion du mal est à apprécier en fonction du contexte financier du pays et de la grande débauche de fonds en matière d?investissements publics. L?argent coulant à flots et les délais impartis aux réalisations soumis à la logique frénétique des bilans politiques, les « fuites » ne peuvent être que prévisibles dans un système qui, en plus de ses grandes failles structurelles avérées, n?est pas spécialement connu pour ses vertus morales ou éthiques. L?effet le plus vérifiable localement en est que des m?urs nouvelles, de plus en plus assumées, régissent le monde des affaires où il s?agit désormais de s?initier au secret des clans et monopoles locaux pour se frayer des marchés quand on est entrepreneur. Le constat renvoie, certes, au mode de désignation des responsables d?exécutif, qu?ils soient walis ou chefs de daïra. Or celui-ci devrait rester un mal irrémédiable tant que la structure de l?Etat demeurera centralisée et la décision réservée aux maîtres du moment. Une fatalité « structurelle » qui se combine depuis peu avec la réduction drastique des prérogatives des élus, notamment au niveau des assemblées de wilaya (APW), condamnées à des palabres sans fin sur les options budgétaires des wilayas et dont le dernier mot reviendra, de toute façon, au quitus du ministère de l?Intérieur et donc des walis. Faut-il dès lors compter sur l?hypothétique émergence d?une société civile, qui plus est se consacrant à la lutte contre la corruption, puisque la toute-puissance des suffrages ne suffit pas à consacrer le contre-pouvoir à l?intérieur même des institutions ? Les statistiques et les classements annuels délivrés par de nombreuses ONG donnent la corruption florissante dans les pays les moins ouverts à la démocratie. Une évidence politique à laquelle on continue de tourner le dos, préférant miser sur des effets d?annonce, type lois contre la corruption adoptée en 2006, pour faire croire en la volonté politique de lutte contre le fléau. Mais on le voit avec le dernier rapport de l?AACC, la corruption peut à ce point courir les circuits de l?Etat qu?il faudra beaucoup plus que des professions de foi pour la dissimuler. Quant à l?endiguer...
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