Algérie

Walis de football...


Le football national continue de manger son pain noir. Les clubs d'élite, parrainés par les entreprises publiques ou par les collectivités locales, souffrent et affichent leur marasme. La mode est désormais à la grève des joueurs et des (fausses) démissions des présidents. Les premiers réclament leurs dus et les seconds lancent des SOS aux autorités pour que celles-ci leur viennent à l'aide.Tous ont raison mais personne n'assume. Les joueurs débrayent et, au pire, vont solliciter la CNRL/FAF pour obtenir une réparation qui viendra dans quelques mois, quelques années ou peut-être jamais. Au mieux, ils vont rechausser leurs crampons en attendant des jours meilleurs.
Les présidents, «bluffards» qu'ils sont, s'en remettent à la merci du maire, chef de daïra ou, comme c'est courant, le wali. Ce sont les (seuls) vrais solutionneurs des problèmes de nos clubs de football. Et seulement de football car, pour les autres disciplines, il faudrait prier Dieu. Pendant ce mois de Ramadhan, effets de jeûne en sus, des fans ont crié leur ras-le-bol devant la situation de leurs équipes malmenées car mal dirigées. Si bien que ces ultras envahissent la rue, volontairement ou «sur instruction», pour provoquer le «déclic», cette réaction épidermique des responsables d'entreprise, des ministres de tutelle et surtout des walis. Ce sont ces derniers qui semblent détenir la «potion magique».
Le MCA et le CSC, clubs doyens dirigés par des sociétés pétrolières bien nanties financièrement, ont eu besoin de l'intervention des walis d'Alger et de Constantine, pour calmer des galeries qui occupaient les placettes historiques de leurs clubs respectifs en ville. Le premier a ordonné que l'on (ré) active les procédures d'attribution du terrain que le Mouloudia d'Alger a récupéré, il y a plus de dix ans, sans qu'il puisse en disposer, faute de paperasses. Et le wali d'Alger, qui a promis de voir l'opportunité de «réserver» le nouveau stade de Douéra au Doyen, n'est qu'un intervenant parmi tant d'autres pour répondre à la révolte du peuple du Mouloudia qui demande le départ de la Sonatrach. Un peu osé quand-même comme revendication quand on connaît la dèche dans laquelle notre football est empêtré. Pour autant, celle-ci (revendication des supporters du MCA de voir l'ogre pétrolier céder ses actions, ndlr) semble faire peur aux décideurs qui ont mobilisé tout l'arsenal juridique, administratif mais surtout les budgets réclamés depuis plusieurs mois, pour tenter l'accalmie. A Constantine, le préfet a une autre mission. L'argent étant ventilé par Abar, filiale de l'ENTP elle-même petite fille de la Sonatrach, le wali de la capitale de l'Est a pour objectif de faire revenir la paix dans la maison du CSC. Comment ' En demandant aux uns et aux autres de faire preuve d'amour et de compassion envers le club et ses milliers de Sanafir. Aussi, il osera réconcilier Bezzaz, démissionnaire depuis plus de dix jours, avec Gasmi, le P-dg de la SSPA, que les fans d'«Elkhdoura» accusent d'être un «déstabilisateur». Et des walis «comme ça», faisant le «bonheur» des clubs de football, ils sont nombreux en Algérie. Tlemcen, Annaba, Sétif, Saïda, Aïn-Témouchent, etc.
Pourtant, des clubs comme le PAC, la JS Kabylie et bien d'autres formations du pays dérogent «un peu» à cette règle. Le Paradou puise dans la caisse des entreprises des frères Zetchi et, grâce à une gestion réaliste, ne crie pas famine sur tous les toits. Pour les Canaris, et d'autres équipes, c'est la «solidarité» des amoureux des couleurs qui est interpellée. Pour aller au Cameroun, la direction de Chérif Mellal a bénéficié d'une «enveloppe» d'associations d'algériens installés à l'étranger (Canada et France) et pour rallier Sidi Bel-Abbès, elle a récupéré un chèque d'une microentreprise spécialisée en produits laitiers.
Comme pour dire qu'un wali du football n'est pas forcément la plus efficace et la plus durable des solutions...
M. B.
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