Algérie - Annaba


Publié le 29.04.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

R.C

1. Moi, capitaine, du très grand cinéma !
Seydou et Moussa, deux jeunes Sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin, les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité.
Ce récit très fort est rehaussé par une maîtrise photographique incontestable mais aussi et surtout par l'interprétation magistrale de Seydou Sarr et des autres comédiens. C'est une odyssée puissante qui fait traverser le Sahara hostile à un groupe de candidats à l'émigration clandestine. Il y a un souffle épique qui porte cette véritable odyssée signée un Mattei Garrone retrouvant goût à la mythologie qui l'imprègne toujours.

Moi, capitaine est une œuvre marquante du cinéma italien dont le thème s'éloigne de la satyre romaine et des comédies sociales pour planter sa caméra au cœur de cette Afrique des pauvres, toujours attirée par le Nord. L'épopée de ces deux Sénégalais fuyant leur pays natal pour rattraper leurs rêves en Europe, prend des allures de véritable odyssée. Le film a été primé par le Lion d'argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise.

C'est incontestablement du grand cinéma, et même du très grand cinéma. Quant l'art se met à traiter des grandes questions humaines de notre époque, comme le drame de l'émigration clandestine, il s'anoblit et prend toute sa valeur. Et, quand il est servi par la beauté de l'image et la générosité du discours, il atteint presque la perfection.

Pour l'anecdote, Seydou Sarr, le héros du film, âgé de 18 ans, rêvait de devenir footballeur. Mais lorsque Seydou a entendu qu'un réalisateur italien recherchait des comédiens pour son nouveau film, il s'est présenté à l'audition. Et il a bien fait puisque ce coup d'essai fut un coup de maître. Le jeune Sénégalais a obtenu le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir à la Mostra de Venise 2023.
R.C.

2. Bye bye Tiberiade de Lina Soualem
«Hiam Abbass a quitté son village palestinien pour réaliser son rêve de devenir actrice en Europe, laissant derrière elle sa mère, sa grand-mère et ses sept sœurs. Trente ans plus tard, sa fille Lina, réalisatrice, retourne avec elle sur les traces des lieux disparus et des mémoires dispersées de quatre générations de femmes palestiniennes. Véritable tissage d’images du présent et d’archives familiales et historiques, le film devient l’exploration de la transmission de mémoire, de lieux, de féminité, de résistance, dans la vie de femmes qui ont appris à tout quitter et à tout recommencer.» (AlloCiné)
C'est un voyage bouleversant au cœur d'une famille ébranlée par la Nekba. La sensibilité de la réalisatrice traverse tout le film, lui conférant le caractère de confidences familiales (photos et films amateur d'époque), dans une lignée de femmes palestiniennes résistant courageusement à la perte d'identité.
Cette remontée dans le passé symbolise le drame de tout un peuple, exilé dans sa majorité après la perte de la terre de ses aïeuls. Mais la dignité est là, malgré la douleur...
C'est une histoire tissée dans la douleur et le deuil mais aussi portée par un espoir et une lutte pour la survie, dans la dignité et la résistance. On verra ce film poignant en ayant à l'esprit le drame actuel de Ghaza et en pensant à ces gosses qui continuent de mourir sous les bombes et par manque de nourriture.
R. C.



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