Algérie

Vue de l'extérieur : Une économie tâtonnante, lente et instable



Les motivations derrière ce chamboulement sont à  rechercher tant au niveau de la conjoncture économique mondiale qui a prévalu durant cette période qu'au niveau de la volonté du gouvernement de mieux protéger une économie jusque là livrée à  elle-même.
Ces nouvelles orientations ont fait des mécontents parmi la communauté d'affaires étrangère habituée à  plus de largesses, ou nationale habituée à  moins de rigueur, mais ils ont également fait des heureux parmi certaines parties, notamment des chefs d'entreprise. Quelle que soit la réaction qu'elles ont suscitée, elles restent largement assumées par le gouvernement, même si en optant pour cette nouvelle politique, l'Algérie a donné l'impression de se soucier peu du qu'on dira-t-on.
D'ailleurs, la manière dont les lois de finances complémentaires sont promulguées (par ordonnance) ou dont les décisions sur le plan économique sont prises, unilatéralement, sans implication des partenaires sociaux dans la majorité des cas, le suggère fortement. Mais si les décisions prises sont parfois contestées, la manière qu'a le gouvernement de les assumer, malgré le tollé qu'elles peuvent soulever, est quant à  elle, appréciée. Sofiane Saâdi, consultant en management et en intelligence économique, explique qu'il «faut un leadership» et il se reflète dans la position ferme du gouvernement. Mais si «on a commencé à  prendre conscience et à  prendre des décisions de souveraineté, il ne faut pas pour autant faire dans la précipitation, car après tout, ce ne sont pas les lois qui changent les choses, mais ce sont les compétences». Et justement, en matière de changement de lois, l'Algérie a été assez active durant les deux dernières années, la plus important peut-être est celle régissant l'investissement. «On a tout fait pour s'isoler», commente M. Saâdi, en ajoutant «qu'à un certain moment, ça été l'ouverture totale, souhaitons que ça ne sera pas désormais la fermeture totale». Mais pour les observateurs étrangers, ce n'est parfois pas le contenu des lois qui dérange mais davantage «l'instabilité des règles du jeu», selon Gerard Lambret, spécialiste du conseil aux investisseurs étrangers.
«Le gouvernement algérien prend des décisions politiques et économiques qu'il juge bonnes pour le pays et c'est normal. Mais c'est la pratique de la loi sur le terrain qui pose problème. Si on prend la mesure des 51/49% concernant les investissements étrangers, la loi ne prévoit pas la rétroactivité, mais dans la pratique, elle est appliquée même si vous avez crée votre entreprise avant la promulgation de la loi de finances complémentaires 2009. Dés que vous voulez changer l'actionnariat de votre entreprise ou modifier le capital, vous tombez sous le coup de cette loi». Cela «paralyse même des petites opérations d'augmentation de capital», dit-il, en jugeant cet aspect «contraignant et contraire aux pratiques économiques».  Incertitude juridique Dans son discours devant l'APN, le Premier ministre a démontré chiffres à  l'appui qu'en dehors des hydrocarbures, l'apport des investisseurs étrangers reste marginal. Pour autant, ces derniers restent les bienvenus pour peu qu'ils s'accommodent des nouvelles lois. Pour M. Lambret, cela peut se faire à  condition que ça s'inscrive dans le long terme. «Les investisseurs ont besoin d'être rassurés sur la durée, mais en Algérie c'est cette incertitude qui est marquante et c'est elle qui fait hésiter les investisseurs potentiels à  venir.» Au final, la question que renvoie l'Algérie c'est «est-ce que les règles du jeu seront toujours les mêmes d'ici 4, 5 ou 10 ans».                 Seulement, le problème de l'Algérie, ce n'est pas uniquement celui des investisseurs étrangers et même s'«il ne faut pas occulter la réalité et dire que rien n'a été fait, car des choses se font», note M. Saâdi, il faut aussi reconnaître qu'il «y a toujours des problèmes (chômage, mendicité, harraga…) qui persistent et un malaise social perceptible».
Pour cet Algérien vivant à  l'étranger, l'Algérie donne l'impression que «les choses ne bougent pas assez vite dans un monde où la vitesse de l'action est importante, que l'université ne joue pas son rôle, que les compétences internes et externes sont marginalisées». En clair, l'Algérie renvoie l'image d'un pays qui «n'utilise pas tous les moyens et potentiels dont il dispose» et qui devrait de ce fait «être mieux loti», considère-t-il.                    
 


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